Bienvenue sur le podcast "Fukushima Flyjin", le podcast qui vous raconte l'histoire d'expatrié·e·s francophones au Japon au moment du 11 mars 2011, jour terrible de la triple catastrophe de Fukushima où a eu lieu en quelques heures un tremblement de terre, un tsunami et un accident nucléaire - faisant plus de 20 000 victimes.
Vous trouverez dans ce podcast des interviews, des histoires réelles de personnes expatriées qui étaient au Japon ce jour-là et qui ont vécu de près cet événement tragique et qui répondent à la question : "Comment concevoir l'inconcevable ?".
Mon envie concernant le podcast "Fukushima Flyjin" est double :
=> Premièrement, ce podcast c'est un cri d'amour pour le Japon et pour les japonaises et les japonais. J'avais envie de raconter ce pays au travers des histoires de vie d'amoureux, d'expatriés qui y vivaient en 2011 et qui ont vécu comme moi ce basculement dans leur vie.
J'avais besoin de faire entendre les voix de ces personnes qui ont dû choisir entre leur pays de coeur et leur pays de naissance.
Je voulais aussi recueillir la parole de ceux et de celles qu'on a appelé "Flyjin". Comment ces personnes ont vécu le 11 mars 2011, la sidération, la peur, l'impuissance, la fuite, le fait de quitter du jour au lendemain leur pays de coeur, leurs amis, leur quotidien ?
Parenthèse importante :
Qu'est-ce que cela veut dire "flyjin" ? C'est un néologisme, un mot composé du terme anglais "fly" qui veut dire voler et du mot japonais "jin" qui veut dire personne. En traduction littérale, cela veut dire "personne volante". Il est dérivé du mot "gaijin" (étranger en français).
Le mot "flyjin" a été créé pour décrire les étrangers, les expatrié·e·s qui ont fui le Japon après la triple catastrophe de Fukushima. On peut dire que ce terme n'est pas flatteur. Et il semble qu'il a été surtout utilisé dans la communauté des expatrié·e·s, pour désigner ceux qui partaient (les nuls, les faibles) par rapport à ceux qui restaient (les vrais, les forts).
=> L'autre raison pour laquelle j'avais envie d'interviewer ceux et celles qu'on a décrit comme "flyjin" c'est aussi pour moi, une manière de mieux comprendre ce qui s'est passé dans ma tête et dans mon coeur à cette époque là.
J'avais envie de détricoter les leviers émotionnels d'autres personnes qui ont vécu la même chose que moi : la même situation, au même moment. Et son impact 10 ans après.
Pourquoi ? Déformation professionnelle oblige. En outre, ce qui s'est passé le 11 mars 2011 pour moi a été fondateur, extrêmement déterminant sur la suite de mon parcours et ma vision de la vie.
Etre pour la toute première fois de ma vie aussi proche de la puissance de la Nature, de la détresse humaine et de la fragilité de la vie m'a fait toucher à une forme d'impuissance déchirante.
D'une certaine manière, ce qui s'est passé le 11 mars 2011 a été pour moi mon premier pas vers l'accompagnement. J'avais envie de savoir si, dans la communauté des anciens expatriés du Japon de cette époque là, j'étais la seule à être marquée au fer rouge du 11 mars 2011.
Je tiens à préciser que le présent podcast n'est pas du tout là pour comparer, hiérarchiser, minimiser les souffrances des uns et des autres. Cependant, j'ai bien conscience - et c'est du bon sens mais je pense que c'est important de le rappeler - que les morceaux de vie qui vont vous être présentés ici sont ceux de personnes n'ayant pas vécu directement la triple catastrophe de Fukushima mais ayant été les témoins impuissants de la puissance de la Nature et de la souffrance des japonais et des japonaises.
Dans Fukushima Flyjin, nous ne sommes pas du tout là pour nous plaindre mais plus pour témoigner d'un jalon historique humain, environnemental mondial sous le prisme de notre propre vie.
Toutes mes pensées les plus douces vont aux victimes et aux familles des victimes de la triple catastrophe de Fukushima. Avec tout mon amour.
Dôzo Yoroshiku Oneigaishimasu -どうぞよろしくお願いします
Elsa