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La honte : cette émotion que nous cachons tous
Episode 94th November 2025 • LA MINUTE HUMAINE • Xavier ELOY
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Shownotes

🎧 La honte : cette émotion que nous cachons tous

Et si la honte n’était pas une faiblesse… mais une trace d’humanité ?

Dans cet épisode, inspiré des travaux de Fanita English, nous explorons comment la honte se forme très tôt, comment elle façonne nos comportements d’adultes, et surtout comment elle influence la vie des équipes et des organisations.

Vous découvrirez pourquoi on n’a honte que dans les domaines où l’on est sensible, comment nos “conclusions de survie” maintiennent cette émotion vivante, et comment commencer à s’en libérer.

Un épisode à écouter le cœur ouvert — pour mieux se comprendre, mieux comprendre les autres, et ramener de la bienveillance là où la honte a pris racine.

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Le podcast La Minute Humaine est un produit HawwaH créé par Xavier ELOY, coach, consultant, formateur, conférencier et maintenant podcasteur.

Copyright 2025 Xavier ELOY

Transcripts

Il y a des émotions qu’on n’aime pas regarder.
Des émotions qu’on cache, qu’on évite, qu’on maquille derrière un sourire ou un excès d’assurance et parmi elles, il y a la honte.

La honte, c’est ce pincement intérieur, cette contraction du corps et du regard, ce besoin de se cacher, de disparaître.

Et Fanita English, grande figure de l’analyse transactionnelle, écrit dans son excellent livre S’épanouir tout au long de sa vie :
“On n’a honte que dans les domaines où l’on est sensible.”

Autrement dit : la honte parle de ce qui est vivant en nous. C’est vrai certaines personnes vont développer de la honte sur certains sujets que d’autres ne développent pas!

Donc la honte indique des zones de vulnérabilité, mais aussi des zones d’humanité.

Presque tous les humains connaissent la honte. Je vous expliquerai dans le prochain épisode ce que vivent les gens qui ne connaissent pas la honte, et je vous expliquerai le sens, la raison de ces émotions.

Fanita English explique que la honte prend racine dans nos conclusions de survie.

Les conclusions de survie sont des décisions inconscientes que l’enfant prend très tôt, entre 2 et 5 ans, pour se protéger d’un danger émotionnel.

Quand un enfant vit une situation où il se sent jugé, rejeté, ridiculisé, il en déduit une règle de survie.

Et c’est pernicieux, car cette règle n’a pas de mots, ce n’est pas une phrase bien faite, bien construite, facile à trouver et à répéter. C’est presque conceptuel et qui vient se coller à l’identité. L’enfant fini par croire qu’il est cette règle.

Et malheureusement, il n’y en a pas qu’une, mais des centaines de règles. Certaines sont prédominantes, et beaucoup se ressemblent. Souvent elles se renforcent entre elles.

Ces conclusions de survie ressemble à des phrases du style :

“Je ne dois plus faire ça.”
“Je ne dois pas être comme ça.”
“Si je montre ça de moi, je ne serai plus aimé.”

Ces conclusions deviennent des commandements intérieurs, parfois “pire que la mort”, parce qu’elles sont associées à la peur d’être exclu du lien.
Et c’est là que la honte s’installe.

À chaque fois que tu vis une situation où tu désobéis à ta conclusion de survie, tu ressens de la honte.

Le problème de la honte, c’est qu’elle est très lente, très diffuse, très envahissante contrairement à la colère qui arrive très vite et dure environ 30 secondes. Chez certaines personnes elle est permanente. C’est un sentiment qui se voit sur le corps, par des symptômes physiologiques comme des rougeurs sur le visage, par des comportements comme baisser les yeux, marcher courbé, laisser tomber les épaules, et aussi qui se ressentent comme avoir des palpitations.

La honte est encore de nos jours utilisée comme outil de pouvoir et de contrôle

social et il est extrêmement puissant.

Un parent qui dit à son enfant “tu devrais avoir honte” l’amène à se conformer à une norme, souvent sans explication.

Et c’est malheureusement encore vrai dans nos institutions, nos écoles, nos organisations.

Dans les organisations, on ne fait plus honte à un enfant — mais on fait honte à un collaborateur.

Tu pourrais te dire : non non, pas dans mon organisation. Malheureusement, c’est encore très courant, et très souvent c’est inconscient.

Exemples de choses que je vois dans mes interventions :

Reprendre quelqu’un devant tout le monde,

Ironiser sur une erreur d’un collaborateur

Valoriser uniquement ceux qui “réussissent du premier coup”.

Faire remarquer qu’un collaborateur part trop tôt alors qu’il a fait toutes ses heures

La honte devient alors un régulateur collectif, un moyen de faire tenir les gens dans un cadre.

C’est efficace à court terme.
Mais à long terme, c’est destructeur pour la créativité, la confiance et la coopération.

Je vous présente un exemple dans une équipe que j’ai accompagnée, un manager — appelons-le Philippe — disait :
“Je ne comprends pas pourquoi mes collaborateurs ne prennent pas plus d’initiatives.”

En creusant, il s’est souvenu qu’enfant, il détestait se tromper.
On se moquait de lui à l’école dès qu’il levait la main et se trompait de réponse.

Il a développé cette conclusion de survie : “Mieux vaut ne rien tenter que d’échouer devant les autres.”

Et sans s’en rendre compte, il transmettait exactement ce message à son équipe :
il valorisait les résultats, mais pas les essais.

Ses collaborateurs ressentaient de la honte à l’idée d’échouer,
et donc ils n’osaient plus proposer.

Le climat relationnel reproduisait sa propre histoire.

Quand il a pris conscience de ce miroir, tout a changé.
Il a commencé à partager ses propres erreurs, à montrer que la honte pouvait devenir un lieu de compréhension et non de jugement.
L’équipe a repris confiance, et Philippe aussi.

Et puis, il y a ces petites hontes de l’enfance.

Ce moment où l’on tombe, où l’on pleure,
et où un adulte dit : “Ne fais pas ton bébé.”

Ce moment où l’on dessine avec fierté,
et où on entend : “Ce n’est pas comme ça qu’on fait un soleil.”

Des phrases banales… mais qui laissent une trace.

À force d’entendre “tu devrais avoir honte”, ou de sous-entendre « tu devrais avoir honte »
on finit par croire que celui qui dit cela a raison et que ce qu’on ressent n’est pas acceptable, ne devrait pas être, n’est pas normal et donc j’apparais comme quelqu’un d’incompétent aux yeux de cet autre. Je parle de cette peur dans l’épisode 3.

Et à l’âge adulte, cette honte silencieuse devient un filtre :
on se retient de parler, de se montrer, de créer, de demander.

On porte la honte comme une armure, pour ne plus être blessé.

Je suis très très souvent confronté dans les équipes que j’accompagne à la différence qu’ils font entre la vie privée et la vie professionnelle. Pour moi il y a une vie, la mienne ! Et quand je viens au travail, je viens avec mon histoire, mon enfance, mes expériences, mon génie, mes points d’amélioration. Et tout ça n’est pas dans le CV, ça se découvre en vivant ensemble.

Tu ne peux pas laisser ton histoire et les sujets qui provoquent la honte dans le porte-parapluie qui se trouve près de la porte d’entrée comme tu y laisserais ton parapluie que tu reprendras en sortant.

Alors comment pallier à cette honte ? Tu pourrais me dire en développant l’opposé de la honte ! La fierté, l’honneur ou l’orgueil.

Non, l’antidote de la honte c’est la bienveillance lucide.

C’est un mouvement intérieur qui consiste à se dire :
“Oui, j’ai eu honte… mais cette honte me montre une part de moi qui demande à être reconnue, et pas jugée.”

C’est aussi un travail thérapeutique — avec un spécialiste de la psychologie —
qui permet de revisiter ces conclusions de survie,
de les mettre à jour,
et de retrouver la liberté d’être soi, sans craindre le rejet.

Parce qu’en réalité, la honte n’est pas un défaut : c’est une trace d’humanité.

Elle montre que nous tu as voulu être aimé, reconnu, accepté.

Et lorsque tu la transformes, elle devient une force tranquille, une humilité profonde.

Alors, la prochaine fois que tu ressens de la honte,
arrêtes-toi un instant.

Ne cherches pas à la fuir.

Écoutes-la et demandes-toi :
“De quoi ai-je peur d’être exclu ? Quelle norme invisible est en train de me dicter ma valeur ?”

Parce que c’est là, souvent, que commence le vrai travail de liberté intérieure.

Et peut-être qu’au fond, la honte n’est pas là pour te punir…
mais pour te rappeler à quel point tu as besoin de lien, de regard et d’amour même avec tes collaborateurs.

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