🎧 L'humain : une machine à interpréter.
Nous ne voyons pas la réalité telle qu’elle est, mais telle que nous l’interprétons.
👉 Dans cet épisode de La Minute Humaine, découvrez comment nos interprétations influencent nos décisions, nos relations et toute l’ambiance d’une organisation.
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Le podcast La Minute Humaine est un produit HawwaH créé par Xavier ELOY, coach, consultant, formateur, conférencier et maintenant podcasteur.
Copyright 2025 Xavier ELOY
Mentioned in this episode:
POST ROLL
L’être humain ne peut s’empêcher d’interpréter les faits qu’il observe.
En fait c’est carrément une machine à interprétation. Et elle en débite des quantités importantes en très peu de temps.
Dans cet épisode, je t’explique ce phénomène, son utilité, et l’impact négatif pour toi-même et pour ton organisation.
On dit souvent que l’être humain est rationnel. Mais en réalité… nous sommes avant tout des machines à interprétations. À chaque instant, notre cerveau ne capte pas seulement des faits : il fabrique une histoire autour de ces faits. Et cette histoire influence non seulement ce que nous pensons de nous-mêmes… mais aussi ce que nous pensons des autres, de nos collègues, de nos inter-relations, de nos équipes, bref modifie carrément la réalité des choses.
Et si tu y regardes de plus près, cette histoire te procure des émotions, et très souvent cette histoire est répétitive.
J’ai pris conscience de ce phénomène d’une nouvelle manière en accompagnant une jeune dame. Elle me fait part d’une situation problématique récurrente qui l’empêche d’être complètement exprimée. Son problème : elle n’ose pas danser en public. Danser devant les autres est un problème, elle se bloque, aucun mouvement n’est possible, et elle a beau se raisonner, c’est plus fort qu’elle. C’est un blocage complet.
Dans ce qu’elle m’a raconté de son histoire, lorsqu’elle était enfant, alors qu’elle dansait seule dans sa chambre, sur sa musique préférée, devant son miroir, elle surprend ses parents cachés derrière la porte en train de l’observer. Et au moment où elle s’en rend compte ses parents partent discrètement en laissant entendre des rires.
Le travail que nous avons fait ensemble a permis de déterminer qu’à ce moment clé de sa vie, elle interprète qu’ils se moquent d’elle. Et si ce moment est clé, c’est bien parce qu’elle interprète qu’ils se moquent. Elle en déduit une affirmation qui est « je suis ridicule ». Elle a trouvé l’explication parfaite à son interprétation. Elle a créé de toute pièce la preuve que son interprétation est vraie. Une émotion désagréable vient se fixer à ce moment là et le cocktail est complet pour que cela détermine sa vie. Le cocktail c’est un fait, une interprétation, une décision sur soi qui explique l’interprétation, un sentiment désagréable. Et voilà, un morceau de son cadre de référence est créé.
Trente ans après, danser en public est impossible. Ce qu’elle a interprété petite est toujours d’actualité. Parce que la décision qu’elle a prise à ce moment là, elle l’a oubliée. Mais la décision ne l’a pas oubliée elle. Quand elle se retrouve sur une piste de danse, elle revit tout avec les mêmes ingrédients. Elle pense qu’elle est ridicule, son corps se fige, se rigidifie, l’empêchant de faire des mouvements harmonieux qui prouvent bien qu’elle n’est pas capable de danser. Elle revit cette même émotion désagréable etc, etc… sauf que une chose a changé !
Ce ne sont pas ses parents qui sont face à elle, ce sont des gens qu’elle ne connaît pas. Et comme aujourd’hui elle est adulte, elle voit bien que ces personnes ne la jugent pas. Et là, elle trouve un stratagème pour continuer à faire exister son interprétation : elle s’observe elle-même et elle se juge elle-même. Elle se dit qu’elle est ridicule. Le stratagème consiste à remplacer le rôle qu’ont joués ses parents quand elle était petite et la maintient dans ce qu’elle connaît. Elle a trouvé la solution pour maintenir son cadre de référence intact, même si cela la fait souffrir.
Dans l’épisode précédent, je vous disais que les gens prennent beaucoup d’énergie pour rendre leur vie prévisible. En voici un exemple parfait.
Cette dame a déterminé sa vie sur base d’une interprétation. Parce que les faits réels sont simples. Elle danse dans sa chambre sur sa musique préférée. Ses parents qui passent à ce moment là regardent discrètement et restent derrière la porte pour ne pas l’interrompre dans son bonheur de l’instant, cela les rend heureux et rient de la situation, et s’en vont tout simplement vaquer à leurs occupations.
L’enfant interprète tout autre chose, et détermine sa vie, sa personne, les autres personnes, les relations avec ces personnes, etc.
Avec les années elle a accumulé toutes les preuves qu’elle est ridicule, que les gens se moquent d’elle, qu’elle n’est pas capable de danser, etc etc.
Voilà une histoire singulière d’une cliente qui souhaite transformer sa situation.
Cette histoire, ce peut être la tienne. Tu as sans aucun doute un sujet qui t’es familier, et qui se rejoue régulièrement, partout où tu es, qui se réinvite dans ton activité professionnelle, dans ton rôle au sein de ton organisation.
Mais pourquoi faisons-nous des interprétations tout le temps, alors que cela a un impact négatif dans notre vie, dans notre environnement professionnel ?
Comme je le disais précédemment, c’est pour maintenir son cadre de référence, qui même si il n’est pas confortable, il est rassurant. Je peux continuer à dire « je suis comme ça, je ne peux rien y changer ». Il y a de multiples raisons pour lesquelles nous maintenons ce qui nous fait souffrir, ou ce qui est désagréable. Ici il s’agit d’un facteur existentiel. Je continue d’exister comme j’ai appris. C’est connu. Ma vie est prévisible. Je ne dois pas m’inquiéter à faire face à nouvelle situation.
Si j’ai pris cet exemple de la danse, c’est pour aller progressivement vers des enjeux plus importants qui se passent dans les organisations, avec des rôles importants.
Prenons l’exemple de Benoît maintenant. Benoît a 42 ans, il dirige une petite entreprise avec 7 salariés. On va dire une entreprise de taille familiale. Ce mot est important pour le contexte, car ce qu’il arrive à mettre en place, c’est réellement un esprit de famille. Benoit est très apprécié, on dit de lui que c’est un patron chaleureux, proche, compréhensif, toujours disponible. Pour Benoit, il est impensable de laisser quelqu’un au bord de la route. Il se préoccupe de chacun d’eux.
Ce que ses collaborateurs ne savent pas, c’est que Benoit a grandi dans une famille où il n’était pas possible de dire non. Il n’y avait pas de place pour dire NON.
À table, c’était « mange et tais-toi ». Son père lui disait « ne discute pas avec tes profs, fais ce qu’on te dit ». Et quand il osait dire ce qui était important pour lui, ne fut-ce que de dire « je n’ai pas envie », « je ne suis pas d’accord », etc la réponse tombait : au mieux un silence glacial, voire des reproches, des remarques, ou pire la punition.
Alors Benoit a interprété très tôt que le fait de refuser, de dire NON, n’est pas un droit. Il n’a pas la légitimité d’être là, de vivre ce qu’il souhaite comme il le souhaite. Il en déduit qu’il n’est pas aimable, et dire NON peut l’amener à être rejeté. Il a alors trouvé la parade pour survivre à cette situation en acceptant tout, et il développe la croyance qu’en disant OUI, il sera accepté, aimé.
Je vous parle de Benoît que j’ai accompagné, parce qu’il souffrait de cette situation dans son rôle de patron. Il n’arrivait pas à dire non à toute demande de ses collaborateurs alors que pour les intérêts de l’entreprise, il me disait que parfois il aurait fallu dire non. Il se surpassait pour compenser certaines décisions. Il a attribué des jours de congés à des moments où il avait besoin de ses collaborateurs. Il a accepté une rupture conventionnelle à un moment où la trésorerie n’était pas la plus favorable. Il n’arrive pas à dire NON. Quand il a envie de dire non, c’est comme si son ventre se nouait, il ressent de l’angoisse. Car lui aussi a oublié ces événements de son enfance qui se sont répétés, mais son corps et sa psyché n’ont rien oublié. Dès qu’il se retrouve dans une situation similaire, celle-ci déclenche le programme où il se sent obligé de dire oui.
Je vous raconte les impacts de l’interprétation de BENOIT.
Tout d’abord sur lui, il se plaignait quand on s’est rencontré d’un épuisement mental, de manquer de temps car il faisait trop de choses que ses collaborateurs auraient dû faire, perte d’autorité intérieure (j’explique : pour ses collaborateurs il n’y avait aucun problème de reconnaissance qu’il est le patron, mais pour Benoit c’était autre chose à l’intérieur de lui. Il se posait des questions sur sa légitimité d’être un patron, d’autant quand il dit non ! Il y avait donc un écart important entre sa perception personnelle et celle de ses collaborateurs).
L’impact sur ses salariés : un manque d’audace de prendre des initiatives car le cadre n’est pas suffisamment clair. Un cadre clair apporterait une structure, une connaissance des limites et donc une autonomie. Le paradoxe de cette situation c’est que Benoit attend de ses collaborateurs cet esprit d’initiative, il laisse donc faire. Et c’est justement en mettant des limites claires et précises que les collaborateurs peuvent prendre des initiatives sans se mettre en danger. Le cadre est porteur, structurant et rassurant. Et puis dans ces situations il y a toujours bien une personnalité un peu plus forte qui a tendance à prendre plus de place, et qui dirige alors que ce n’est pas son rôle. Ça provoque parfois des conflits entre les collaborateurs.
L’impact sur le climat est, vous le devinez, moyennement agréable. Le dirigeant est sympathique, il évite le conflit, la confrontation, la structure, et donc il y a des clans qui se forment entre ceux qui profitent de la situation que j’appelle laxiste, et ceux qui en souffrent. Certains pensent d’abord à eux, d’autres pensent d’abord au collectif et à l’entreprise.
Enfin il y a un impact économique, parce que le taux de turnover est élevé, et ça demande de prendre du temps pour former les nouvelles personnes. Il y a un manque d’assertivité des commerciaux.
La solution fut d’apporter un accompagnement auprès de Benoit pour travailler sa posture managériale. Et depuis qu’il dit non, il trouve qu’il est mieux respecté par ses collaborateurs, sa vie est plus facile car il retrouve du temps, il y a davantage d’initiatives, certains collaborateurs l’ont remercié et disent maintenant vouloir rester.
Je voudrais avec cet épisode de LA MINUTE HUMAINE, que vous compreniez l’importance de nos interprétations. Là je vous ai parlé des interprétations de votre enfance qui ont encore un impact aujourd’hui sur vous et la manière dont vous gérez votre vie. Mais nous continuons encore et encore d’interpréter tout ce qui se passe. Et si vous y regardez attentivement, la manière dont vous interprétez aujourd’hui ressemble aux premières interprétations que vous avez faites dans votre enfance. Cette interprétation est puissante, elle traverse les années, parfois même les générations, venant s’immiscer immanquablement dans votre organisation.
Et si la clé, c’était… de se dire la vérité ? D’oser l’authenticité ? Ce sera le sujet d’un prochain épisode.