Artwork for podcast Perspectives –  la voix juridique de la communauté d'affaires
Utilisation des réseaux sociaux au travail
Episode 415th December 2022 • Perspectives – la voix juridique de la communauté d'affaires • Fasken
00:00:00 00:28:46

Share Episode

Transcripts

Jean-François Cloutier:

:

Bienvenue à ce nouvel épisode de Perspectives, la voix juridique de la

Jean-François Cloutier:

:

communauté d'affaires propulsé par Fasken.

Jean-François Cloutier:

:

Je suis Jean-François Cloutier, associé en droit du travail, de l'emploi et droit de la

Jean-François Cloutier:

:

personne. Et aujourd'hui, je suis accompagné de ma collègue Déborah Furtado.

Jean-François Cloutier:

:

Et au cours de cet épisode, nous allons aborder la question de l'utilisation des

Jean-François Cloutier:

:

réseaux sociaux par les employés.

Jean-François Cloutier:

:

Donc, nos clients nous consultent régulièrement sur la façon d'agir face à des

Jean-François Cloutier:

:

employés qui utilisent les médias sociaux pour émettre des commentaires contre

Jean-François Cloutier:

:

l'organisation pour laquelle ils travaillent.

Jean-François Cloutier:

:

Et si par ces commentaires là, un employé peut être amené à diffamer l'entreprise, à

Jean-François Cloutier:

:

porter atteinte à sa réputation, donc Déborah.

Jean-François Cloutier:

:

Peut être nous dire de quelle façon, justement, lorsqu'un employeur est confronté

Jean-François Cloutier:

:

à cette situation, ils peuvent agir.

Déborah Furtado:

:

Oui, donc c'est effectivement des questions qui reviennent très souvent de la part de nos

Déborah Furtado:

:

clients. Qu'est ce que je fais avec un employé qui fait un mauvais usage des réseaux

Déborah Furtado:

:

sociaux de manière à atteindre la réputation de l'employeur?

Déborah Furtado:

:

Est ce que je peux intervenir ou non?

Déborah Furtado:

:

Comme ce ne sont pas des gestes qui sont posés au travail?

Déborah Furtado:

:

Puis, comme tu le sais, Jean-François, on est connecté plus que jamais en ligne.

Déborah Furtado:

:

Donc juste pour te donner des statistiques qui datent de 2019, 84 % des utilisateurs de

Déborah Furtado:

:

Facebook au Canada vont sur Facebook au moins une fois par jour.

Déborah Furtado:

:

Pour Instagram, on parle de 64 %.

Déborah Furtado:

:

C'est des statistiques, comme je disais, qui datent de 2019, donc ça m'étonnerait pas que

Déborah Furtado:

:

ce soit encore plus élevé.

Jean-François Cloutier:

:

Mais disons qu'il est arrivé quelque chose en 2020 qui a fait qu'effectivement on est plus

Jean-François Cloutier:

:

connectés et peut être plus susceptibles d'y aller.

Déborah Furtado:

:

Exact. Donc ça, c'est des statistiques qui viennent de l'observateur des technologies

Déborah Furtado:

:

médias, et ça peut évidemment représenter des défis pour les employeurs.

Déborah Furtado:

:

Parce qu'on le sait, les employés ne font pas toujours un bon usage des réseaux

Déborah Furtado:

:

sociaux. Et la problématique en fait, l'avantage et le désavantage des réseaux

Déborah Furtado:

:

sociaux, c'est que les communications se propagent à une vitesse éclair.

Déborah Furtado:

:

Donc on est loin de la presse traditionnelle écrite où il faut faire des photocopies pour

Déborah Furtado:

:

acheminer un message à quelqu'un d'autre.

Déborah Furtado:

:

Là, on peut juste faire une capture d'écran, l'envoyer par texto, puis ça se répand à une

Déborah Furtado:

:

vitesse vraiment très rapide.

Jean-François Cloutier:

:

C'est effectivement incroyable, mais peut être au départ.

Jean-François Cloutier:

:

Commençons par pour nos auditeurs, par définir justement qu'est ce que la

Jean-François Cloutier:

:

diffamation pour savoir de quelle façon par la suite, le les employeurs vont pouvoir

Jean-François Cloutier:

:

intervenir.

Déborah Furtado:

:

Oui, Donc il n'y a pas de définition qui est prévue par la loi, par le Code civil du

Déborah Furtado:

:

Québec. Mais la Cour suprême a rendu une décision dans laquelle elle a défini le

Déborah Furtado:

:

concept de diffamation.

Déborah Furtado:

:

Je vais la citer. Donc, c'est la communication de propos ou d'écrits qui font

Déborah Furtado:

:

perdre l'estime ou la considération de quelqu'un ou qui encore vont susciter à son

Déborah Furtado:

:

égard des sentiments qui sont défavorables ou désagréables.

Déborah Furtado:

:

Donc ça implique une atteinte injuste à la réputation d'une personne par le mal qu'on va

Déborah Furtado:

:

dire d'elle, ou la haine, le mépris ou le ridicule auquel on l'expose.

Jean-François Cloutier:

:

L'expérimente dans notre cas, l'entreprise va être une personne morale.

Jean-François Cloutier:

:

Donc cette définition là est tout à fait adaptable pour les pour une personne morale

Jean-François Cloutier:

:

qui est l'employeur, Donc ça doit porter atteinte à sa réputation, donc nuire à sa

Jean-François Cloutier:

:

réputation auprès de soit ses clients, soit ses propres employés.

Déborah Furtado:

:

Tout à fait. Puis quand on transpose ça dans les relations de travail, ce que nous on voit

Déborah Furtado:

:

souvent, c'est des employés qui vont être mécontents.

Déborah Furtado:

:

Par exemple, suite à l'imposition d'une mesure disciplinaire, ils vont aller sur les

Déborah Furtado:

:

réseaux sociaux, ils vont publier un statut dans lequel ils vont diffamer leur

Déborah Furtado:

:

gestionnaire, reprocher à leur employeur de leur avoir donné une mesure.

Déborah Furtado:

:

Et souvent aussi, ça peut être la critique des conditions de travail pendant des

Déborah Furtado:

:

négociations de conventions collectives.

Déborah Furtado:

:

Critiquer la mauvaise gestion d'une certaine situation avec des clients, par exemple.

Déborah Furtado:

:

Puis ce genre de propos peut évidemment porter atteinte à la réputation de

Déborah Furtado:

:

l'entreprise.

Jean-François Cloutier:

:

Est ce que dans tous les cas, les propos doivent être faux?

Jean-François Cloutier:

:

Donc, est ce que quelqu'un qui dit la vérité peut tout de même être reconnu responsable de

Jean-François Cloutier:

:

diffamation?

Déborah Furtado:

:

Il y a trois situations qui peuvent constituer de la diffamation.

Déborah Furtado:

:

La première situation, c'est quand quelqu'un va tenir des propos désagréables à l'égard

Déborah Furtado:

:

d'un tiers tout en les sachant faux avec l'intention de nuire à cette personne.

Déborah Furtado:

:

La deuxième situation, c'est quand on tient des propos désagréables sur quelqu'un alors

Déborah Furtado:

:

qu'on devrait les savoir faux.

Déborah Furtado:

:

Donc on n'est pas certain nécessairement s'ils sont faux.

Déborah Furtado:

:

Mais la personne raisonnable devrait en fait savoir que ces propos là sont faux.

Déborah Furtado:

:

Puis, évidemment, la personne raisonnable s'abstient généralement de donner des

Déborah Furtado:

:

renseignements défavorables sur autrui si elle n'est pas certaine de leur véracité.

Déborah Furtado:

:

Et la troisième situation, c'est quelqu'un qui va tenir des propos défavorables sur

Déborah Furtado:

:

quelqu'un d'autre, mais qui sont vrais.

Déborah Furtado:

:

Par contre, ces propos là ne sont pas d'intérêt public, donc il y a rien qui

Déborah Furtado:

:

justifie la tenue de ces propos là, malgré qu'ils soient véridiques.

Jean-François Cloutier:

:

Donc maintenant qu'on a mieux défini le concept de diffamation, dans quelles

Jean-François Cloutier:

:

circonstances là un employeur pour estimer est diffamé et donc qu'on pourrait porter

Jean-François Cloutier:

:

atteinte à sa réputation.

Jean-François Cloutier:

:

Donc qu'est ce que pratiquement un employeur qui qui est un employé qui publie un un

Jean-François Cloutier:

:

statut avec des commentaires diffamatoires, qui porte atteinte à sa réputation?

Jean-François Cloutier:

:

Donc quelles actions il devrait prendre à partir de ce moment là?

Déborah Furtado:

:

La première des choses qu'il faut faire attention, Jean-François, c'est la liberté

Déborah Furtado:

:

d'expression. Donc il faut se rappeler que chaque personne a le droit de s'exprimer.

Déborah Furtado:

:

C'est une composante essentielle des relations de travail.

Déborah Furtado:

:

C'est normal pour un employé de chercher l'amélioration de ses conditions de travail

Déborah Furtado:

:

puis de s'exprimer en ce sens.

Déborah Furtado:

:

Par contre, comme on le sait, tous les droits doivent être exercés avec une prudence

Déborah Furtado:

:

et dans le respect des droits des autres.

Déborah Furtado:

:

Donc la liberté d'expression a évidemment des limites.

Déborah Furtado:

:

Et quand on atteint cette limite là, l'employeur peut sévir et imposer des mesures

Déborah Furtado:

:

disciplinaires.

Jean-François Cloutier:

:

Puis il y a des lieux aussi d'expression, je pense, dans le sens où tu peux contester, par

Jean-François Cloutier:

:

exemple l'exemple que tu donnais tantôt une mesure disciplinaire, tu peux la contester

Jean-François Cloutier:

:

par un recours ou par des représentations que tu fais de façon privée à l'employeur,

Jean-François Cloutier:

:

mais de la contester publiquement, aussi peu en lien avec ce que tu as déjà dit, de

Jean-François Cloutier:

:

constituer une problématique dans l'exercice de cette liberté d'expression.

Déborah Furtado:

:

Tout à fait. Puis on va le voir si on critique justement publiquement l'employeur

Déborah Furtado:

:

et on va regarder combien de personnes ont eu accès à ce message là, parce que plus de

Déborah Furtado:

:

gens ont eu accès au message, bien plus on va pouvoir sévir sévèrement parce que

Déborah Furtado:

:

justement, il y a eu un public en fait plus important qui ont pris connaissance de la

Déborah Furtado:

:

diffamation.

Jean-François Cloutier:

:

Mais quelle est la portée de l'atteinte et auprès de quelles personnes?

Jean-François Cloutier:

:

En fait, on a porté atteinte à la réputation de l'employeur.

Déborah Furtado:

:

Tout à fait.

Jean-François Cloutier:

:

Déborah, tu viens de faire référence là à la question ou à la possibilité pour l'employeur

Jean-François Cloutier:

:

d'imposer une mesure du à un employé qui le difamerait sur les médias sociaux.

Jean-François Cloutier:

:

Donc est ce que l'employeur peut imposer une mesure disciplinaire même s'il n'a pas mis en

Jean-François Cloutier:

:

place une politique sur l'utilisation justement des médias sociaux?

Déborah Furtado:

:

Oui, Donc l'employeur peut imposer une mesure disciplinaire, même s'il n'y a pas de

Déborah Furtado:

:

politique sur l'utilisation des réseaux sociaux au sein de son entreprise.

Déborah Furtado:

:

Pourquoi? Parce que tous les employés ont une obligation de loyauté envers leur

Déborah Furtado:

:

employeur qui découle du Code civil du Québec.

Déborah Furtado:

:

Donc que ce soit spécifié dans le contrat de travail ou pas, qu'il y ait une politique ou

Déborah Furtado:

:

pas au sein de l'entreprise.

Déborah Furtado:

:

Cette obligation de loyauté là existe pour tous les employés au Québec.

Déborah Furtado:

:

Alors, l'employeur pourra se reposer là dessus pour imposer une mesure disciplinaire.

Déborah Furtado:

:

Mais c'est certain que d'avoir une politique sur l'utilisation des réseaux sociaux, ça

Déborah Furtado:

:

aide grandement un employeur qui veut imposer une mesure disciplinaire qui serait

Déborah Furtado:

:

par exemple plus sévère dans un cas donné.

Jean-François Cloutier:

:

Pourquoi justement?

Jean-François Cloutier:

:

Déborah On conseille à nos clients de mettre de telles politiques en place.

Déborah Furtado:

:

Parce que ça va ajouter à la gravité de l'acte si l'employeur a clairement établi ce

Déborah Furtado:

:

à quoi il s'attend de ses employés lorsqu'ils utilisent les réseaux sociaux, et

Déborah Furtado:

:

si l'employé a pris connaissance de cette politique là, et bien il l'a agi en toute

Déborah Furtado:

:

connaissance de cause en la violant.

Déborah Furtado:

:

Donc, non seulement l'employeur a violé son obligation de loyauté, qui est une obligation

Déborah Furtado:

:

générale, comme je le disais, pour tous les employés au Québec, mais il va aussi avoir

Déborah Furtado:

:

violé une politique interne qui était claire par rapport à c'est quoi les attentes de

Déborah Furtado:

:

l'employeur également fait d'un point de vue préventif.

Déborah Furtado:

:

C'est juste à l'avantage de l'employeur d'avoir une politique qui établit c'est quoi

Déborah Furtado:

:

les limites en fait, que l'employé ne peut pas dépasser quand il utilise les réseaux

Déborah Furtado:

:

sociaux. Donc ça peut prévenir des situations plutôt que réagir, on va peut être

Déborah Furtado:

:

devoir réagir quand même parce qu'on sait, les politiques ne sont pas toujours

Déborah Furtado:

:

respectées, mais ça va quand même diminuer probablement les interventions que

Déborah Furtado:

:

l'employeur va devoir faire.

Jean-François Cloutier:

:

Au niveau de cette politique là justement.

Jean-François Cloutier:

:

Puis là tu l'a évoqué au début, on est vraiment dans une situation où on utilise

Jean-François Cloutier:

:

probablement ou on est plus proche d'utiliser des médias sociaux parce qu'on

Jean-François Cloutier:

:

travaille plus à la maison, etc.

Jean-François Cloutier:

:

Donc qu'est ce qu'elle devrait contenir justement, cette politique là, ou comment on

Jean-François Cloutier:

:

devrait la dépoussiérer comme employeur?

Déborah Furtado:

:

Il va toujours avoir les informations générales que toutes les politiques

Déborah Furtado:

:

contiennent, comme par exemple à qui elle s'applique.

Déborah Furtado:

:

Donc son champ d'application, c'est quoi les rôles et les responsabilités des

Déborah Furtado:

:

gestionnaires dans l'entreprise en lien avec l'application de la politique?

Déborah Furtado:

:

Donc ça c'est c'est ce qu'on retrouve dans toutes les politiques.

Déborah Furtado:

:

Mais mises à part ça, ce qu'on voit beaucoup chez nos clients, c'est des entreprises qui

Déborah Furtado:

:

vont demander à leurs employés de ne pas s'identifier comme étant un employé de

Déborah Furtado:

:

l'employeur Quand ils émettent des opinions sur les réseaux sociaux.

Déborah Furtado:

:

Pourquoi? Bien pour éviter que l'employeur soit lié à ces propos là.

Déborah Furtado:

:

Ce qu'on va voir aussi beaucoup chez nos clients, c'est des employeurs qui demandent

Déborah Furtado:

:

aux employés que dans leur utilisation des médias sociaux, ils n'émettent pas des

Déborah Furtado:

:

commentaires désobligeants évidemment, envers leurs collègues de travail, envers des

Déborah Furtado:

:

clients, envers des fournisseurs ou envers toute autre personne.

Déborah Furtado:

:

En fait, qui a un lien avec l'employeur.

Déborah Furtado:

:

On va demander aux employés de ne pas s'associer publiquement à des personnes ou

Déborah Furtado:

:

des groupes qui véhiculent des valeurs contradictoires avec la mission de

Déborah Furtado:

:

l'organisation. Je vous donne un exemple un employeur qui met beaucoup d'efforts sur

Déborah Furtado:

:

l'inclusion de ses employés.

Déborah Furtado:

:

La diversité en milieu de travail met en place des programmes, des formations pour

Déborah Furtado:

:

promouvoir la diversité en milieu de travail.

Déborah Furtado:

:

Et là tu as un employé sur Facebook qui est clairement identifié comme étant un employé

Déborah Furtado:

:

de cette organisation qui suit des groupes extrémistes, racistes, xénophobes.

Déborah Furtado:

:

Et bien c'est sûr que ça, là, clairement, ça lance un message contradictoire avec les

Déborah Furtado:

:

valeurs de l'entreprise.

Jean-François Cloutier:

:

Justement, qu'on ait ou pas une politique, mais qu'on a une situation là, comme

Jean-François Cloutier:

:

employeur où effectivement il y a eu diffamation sur de l'employeur par.

Jean-François Cloutier:

:

Le biais des médias sociaux.

Jean-François Cloutier:

:

Donc comment décider quelles mesures devraient être imposées à cet employé là qui

Jean-François Cloutier:

:

a publié de tels propos diffamatoires?

Déborah Furtado:

:

Dans Comme toute mesure disciplinaire, la mesure qu'on va imposer doit être

Déborah Furtado:

:

proportionnelle à la faute qui est commise par l'employé.

Déborah Furtado:

:

Donc elle doit prendre en considération la durée pendant laquelle les propos ont été

Déborah Furtado:

:

publiés, parce que ça va nécessairement affecter la la portée que ces propos là ont

Déborah Furtado:

:

eu. On va aussi se demander Est ce que le salarié a présenté des excuses, des remords

Déborah Furtado:

:

sincères suite à la publication de ces propos là?

Déborah Furtado:

:

Est ce que les propos sont graves ou plus ou moins?

Déborah Furtado:

:

Puis on va regarder les antécédents en matière de publication sur les réseaux

Déborah Furtado:

:

sociaux. Donc est ce que c'est la première faute ou est ce que ça fait plusieurs fois,

Déborah Furtado:

:

là, que l'employé commet des gestes similaires?

Jean-François Cloutier:

:

On sait qu'en jurisprudence, il y a eu plusieurs cas qui sont toujours intéressant

Jean-François Cloutier:

:

de de revoir justement pour peut être imager ou expliquer ce que tu viens de nous donner

Jean-François Cloutier:

:

comme critère. Le tu peut être quelques exemples qui mènent de la jurisprudence au

Jean-François Cloutier:

:

niveau de l'utilisation des médias sociaux.

Déborah Furtado:

:

Connais-tu la décision Société de transport de Lévis, Jean-François.

Jean-François Cloutier:

:

Oui, vaguement un vague souvenir.

Jean-François Cloutier:

:

Mais je te laisse aller.

Déborah Furtado:

:

Vais te la rappeler. Donc c'est une décision qui date de 2018 et c'est un chauffeur qui

Déborah Furtado:

:

travaillait pour la Société de transport de Lévis.

Déborah Furtado:

:

Il est allé sur Facebook sur la page Spotted Lévis.

Déborah Furtado:

:

Il a publié des commentaires disgracieux envers les usagers de l'autobus, donc

Déborah Furtado:

:

principalement les cyclistes, les femmes.

Déborah Furtado:

:

Et je vais vous citer en fait ce qu'il a publié sur Spotted.

Déborah Furtado:

:

Je cite "Je suis le pire chauffeur de la STL Lévis Aucune courtoisie, j'écrase des

Déborah Furtado:

:

animaux, les vieux et les vélos.

Déborah Furtado:

:

Si je vois une femme avec une poussette gros lot, j'accélère et je vise les genoux à mort

Déborah Furtado:

:

les vélos". Donc suite à cette publication là.

Jean-François Cloutier:

:

On ne sait pas si il se diffame lui même ou il diffame l'employeur dans ce cas ci c'est

Jean-François Cloutier:

:

ça.

Déborah Furtado:

:

Il se diffame plus lui même mais en même temps, et ça porte atteinte à la réputation,

Déborah Furtado:

:

si la société de transport garde cet employé là à l'emploi, c'est sûr qu'il y a des gens

Déborah Furtado:

:

qui vont, qui vont réagir en raison des propos assez haineux qu'il a publiés.

Déborah Furtado:

:

Donc, la société Transport a décidé de le congédier.

Déborah Furtado:

:

Le congédiement a été contesté par le syndicat.

Déborah Furtado:

:

C'est allé devant un arbitre en 2018 et l'arbitre a maintenu le congédiement.

Déborah Furtado:

:

Donc, on voit ici qu'il y avait évidemment lieu d'intervenir.

Déborah Furtado:

:

Sinon, je peux vous parler d'une autre affaire et qui impliquait un mécanicien

Déborah Furtado:

:

industriel dans une entreprise où l'employeur avait mis en place une directive

Déborah Furtado:

:

qui interdisait d'apporter des sacs à dos et des boîtes à lunch dans la cafétéria parce

Déborah Furtado:

:

qu'il y avait eu beaucoup de vols de nourriture.

Déborah Furtado:

:

Donc les gens prenaient la nourriture, la mettait dans leur sac à dos ou dans leur

Déborah Furtado:

:

boîte à lunch. Donc, il y a eu une directive qui interdisait des sacs dans ce lieu là sur

Déborah Furtado:

:

un groupe nommé Groupe Solidarité qui regroupait 80 employés syndiqués.

Déborah Furtado:

:

Quelqu'un a publié un message critiquant la supérieure qui avait mis en place ces

Déborah Furtado:

:

directives. Et encore une fois, je vais citer les propos "On est traités comme des

Déborah Furtado:

:

cr*** de voleurs. Quand on est à bout sans se plaindre, on vous enlève peu à peu nos

Déborah Furtado:

:

acquis. On a parlé avec les gérants de dumpco sur notre shift et les directives

Déborah Furtado:

:

viennent de la grosse vache de Vicky Jones.

Déborah Furtado:

:

J'ai déjà eu du respect pour elle, mais c'est une cr*** d'hypocrites qui est supposée

Déborah Furtado:

:

nous représenter.

Jean-François Cloutier:

:

Je présume que c'est une gestionnaire.

Déborah Furtado:

:

Oui, exactement.

Déborah Furtado:

:

Et le congédiement a été annulé par l'arbitre, Jean-François?

Déborah Furtado:

:

Oui, Donc ça a été remplacé par une suspension sans solde jusqu'à la

Déborah Furtado:

:

réintégration. Donc, on parle environ d'un an et demi ou deux ans.

Déborah Furtado:

:

Et la raison pour laquelle, en fait le congédiement a été renversé, c'est parce que

Déborah Furtado:

:

il y avait plusieurs facteurs atténuantes qui étaient présents.

Déborah Furtado:

:

Donc premièrement, le plaignant a toujours reconnu sa faute, il a jamais cherché à

Déborah Furtado:

:

minimiser la gravité de son geste, il a renoncé à ses fonctions syndicales, donc

Déborah Furtado:

:

exerçait des fonctions syndicales, et il y a renoncé parce qu'il reconnaissait qu'il était

Déborah Furtado:

:

un peu trop émotif et impulsif pour.

Jean-François Cloutier:

:

Taper une fois ou si c'était qu'une seule publication.

Déborah Furtado:

:

Oui, c'était une seule publication.

Déborah Furtado:

:

Mais cet employé là était connu pour avoir un comportement un peu colérique, émotif,

Déborah Furtado:

:

impulsif, et l'employeur avait jamais agi auparavant, malgré justement que c'était

Déborah Furtado:

:

quelqu'un qui avait tendance à exploser.

Déborah Furtado:

:

Donc l'arbitre a vu là une forme de laxisme qui faisait en sorte qu'il ne pouvait pas

Déborah Furtado:

:

intervenir en imposant directement un congédiement.

Déborah Furtado:

:

Faut aussi savoir que l'employé a proposé des excuses publiques à Vicky Jones, donc la

Déborah Furtado:

:

gestionnaire, qu'il s'est excusé directement à elle également.

Déborah Furtado:

:

Donc tous ces facteurs là ont fait en sorte que le congédiement a été annulé.

Déborah Furtado:

:

Donc tout ça pour dire que chaque cas est vraiment un cas d'espèce, comme c'est

Déborah Furtado:

:

toujours le cas quand un employé commet une faute.

Déborah Furtado:

:

Il n'y a pas de recette magique qui nous permet de savoir quelles mesures

Déborah Furtado:

:

disciplinaires imposer sans aucun risque qu'elle soit renversée, il faut vraiment

Déborah Furtado:

:

analyser le tout puis.

Jean-François Cloutier:

:

Mais en général on voit que c'est quand même vu comme des fautes graves.

Jean-François Cloutier:

:

Puis je pense qu'on peut retenir de la dernière décision qu'on doit agir le plus

Jean-François Cloutier:

:

rapidement possible sur chaque situation.

Jean-François Cloutier:

:

Probablement chaque situation mène pas à un congédiement.

Jean-François Cloutier:

:

Mais si, comme dans ce cas ci, on laisse disons, perdurer des propos inadéquats, mais

Jean-François Cloutier:

:

ça pourrait.

Déborah Furtado:

:

Se revirer contre nous.

Déborah Furtado:

:

Exactement. Oui.

Jean-François Cloutier:

:

Deborah ce qu'il y a des cas où l'employé peut effectivement le porter atteinte à la

Jean-François Cloutier:

:

réputation, mais qui aurait aucune conséquence sur lui?

Jean-François Cloutier:

:

Par exemple, un employé qui est victime d'une réelle grave injustice et qui, s'il

Jean-François Cloutier:

:

s'en plaint sur les réseaux sociaux ou dans un autre média.

Jean-François Cloutier:

:

Donc qu'est ce qu'il peut faire cet employé là pour dénoncer cette injustice là?

Déborah Furtado:

:

L'obligation de salarié de ne pas porter atteinte à la réputation de l'employeur n'est

Déborah Furtado:

:

pas absolue.

Déborah Furtado:

:

Donc la jurisprudence reconnaît effectivement qu'un salarié peut faire

Déborah Furtado:

:

exception à son obligation de loyauté envers son employeur et recourir à une dénonciation

Déborah Furtado:

:

publique qui peut porter atteinte à la réputation de l'employeur, mais sous

Déborah Furtado:

:

certaines conditions seulement.

Déborah Furtado:

:

Si on revient à mes trois catégories de propos qui peuvent constituer de la

Déborah Furtado:

:

diffamation, on se souviendra que la troisième catégorie, c'était la tenue de

Déborah Furtado:

:

propos défavorables mais véridiques à l'égard d'un tiers sans intérêt public.

Déborah Furtado:

:

Alors là, tu comprendras que s'il y a un intérêt public, ce n'est pas de la

Déborah Furtado:

:

diffamation, ou du moins c'est justifié.

Déborah Furtado:

:

Et ça, ça s'inscrit dans ce qu'on appelle la défense du whistleblower.

Déborah Furtado:

:

Alors, cette défense là peut pas toujours être invoquée, elle doit répondre à certains

Déborah Furtado:

:

critères et je vais te de te les donner.

Déborah Furtado:

:

Donc, premièrement, le premier critère, c'est que la défense doit être exercée de

Déborah Furtado:

:

manière exceptionnelle et à titre de dernier recours, après que l'employé est épuisé, tous

Déborah Furtado:

:

les autres moyens qui étaient à sa disposition.

Jean-François Cloutier:

:

Donc on parle de moyens internes, souvent des processus pour pouvoir porter plainte à

Jean-François Cloutier:

:

l'interne, puis qu'il y ait une enquête qui est faite à l'interne, qui mènerait ou pas à

Jean-François Cloutier:

:

des actions de l'entreprise.

Déborah Furtado:

:

Dire à son supérieur c'est quoi le problème.

Déborah Furtado:

:

Potentiellement l'escalade aux ressources humaines, donc à l'interne, le problème doit

Déborah Furtado:

:

être exposé et discuté.

Déborah Furtado:

:

On ne peut pas directement aller, par exemple au Journal de Montréal, à La Presse,

Déborah Furtado:

:

dénoncer la problématique si à l'interne, les gens ne sont pas au courant.

Déborah Furtado:

:

Le deuxième critère, c'est qu'on doit agir avec bonne foi et on doit pouvoir justifier

Déborah Furtado:

:

notre comportement par des motifs sérieux et défendables.

Déborah Furtado:

:

Le troisième critère, c'est que l'ampleur de l'intervention publique ne doit pas être

Déborah Furtado:

:

disproportionnée avec l'objectif qu'on poursuit.

Déborah Furtado:

:

Donc, si on s'adresse par exemple à 100 médias, là, pour dénoncer la situation, ça,

Déborah Furtado:

:

ça risque d'être vu comme étant un peu disproportionné.

Déborah Furtado:

:

Et le dernier des critères, c'est qu'on doit juste dénoncer les faits qui sont pertinents

Déborah Furtado:

:

et nécessaires après en avoir vérifié l'exactitude au meilleur des moyens qu'on a à

Déborah Furtado:

:

notre disposition.

Jean-François Cloutier:

:

Et donc justement sur l'intérêt public, le quelles circonstances généralement sont

Jean-François Cloutier:

:

reconnues comme étant d'intérêt public et permettre à un employé de dénoncer

Jean-François Cloutier:

:

publiquement. Encore une fois, comme tu l'as dit après avoir épuisé ses recours internes.

Déborah Furtado:

:

Je vais te donner un exemple issu de la jurisprudence qui implique un enseignant qui

Déborah Furtado:

:

travaillait dans le Grand Nord et qui était en fait souvent l'objet d'agressions

Déborah Furtado:

:

physiques par les étudiants de la commission scolaire.

Déborah Furtado:

:

Et ce n'était pas le seul. Donc plusieurs de ses collègues enseignants étaient souvent

Déborah Furtado:

:

l'objet d'agressions physiques.

Déborah Furtado:

:

Certains enseignants avaient des bleus, il y avait avait vraiment des confrontations

Déborah Furtado:

:

physiques entre les étudiants et les enseignants.

Déborah Furtado:

:

Et malgré le fait que la situation a été dénoncée à l'interne, que la direction

Déborah Furtado:

:

générale a été mise au courant, il y a absolument aucune mesure qui a été mise en

Déborah Furtado:

:

place pour rectifier la situation.

Déborah Furtado:

:

Donc ce qu'un enseignant a fait, c'est qu'il est allé voir le Journal de Montréal.

Déborah Furtado:

:

Il a fait un peu un appel SOS pour dénoncer le tout et ça s'est rendu en arbitrage.

Déborah Furtado:

:

L'arbitre a considéré que justement, dans ce cas ci, tous les critères étaient remplis.

Déborah Furtado:

:

C'est quand même d'intérêt public de savoir que dans le Grand Nord, il y a des

Déborah Furtado:

:

enseignants là, qui se font agresser physiquement par des étudiants et qu'il y a

Déborah Furtado:

:

une commission scolaire qui n'agit pas.

Déborah Furtado:

:

Donc, c'est un exemple parmi tant d'autres de des situations qui pouvaient être dénoncée

Déborah Furtado:

:

publiquement sans qu'il y ait de conséquences pour l'employé.

Jean-François Cloutier:

:

Donc, on parle surtout d'enjeux, je comprends de santé et sécurité au travail comme dans ce

Jean-François Cloutier:

:

cas ci, ou parfois aussi des enjeux de santé publique que l'employé voudrait dénoncer mais

Jean-François Cloutier:

:

que et qu'il y a à dénoncer à l'interne, mais que pour lesquels l'entreprise ne serait

Jean-François Cloutier:

:

pas intervenu pour justement agir sur cette situation là de soins de santé, de sécurité

Jean-François Cloutier:

:

au travail ou de santé publique?

Déborah Furtado:

:

Tout à fait.

Jean-François Cloutier:

:

On a beaucoup abordé là, depuis le début de cet épisode là, la question de la diffamation

Jean-François Cloutier:

:

d'un employé contre son employeur.

Jean-François Cloutier:

:

Mais il y aussi des situations où les employés se diffament entre eux.

Jean-François Cloutier:

:

Donc de quelle façon un employeur devrait intervenir dans de telles situations?

Déborah Furtado:

:

Ça, c'est une question qui revient très souvent.

Déborah Furtado:

:

Jean-françois Dans les deux derniers mois, j'ai eu deux situations où des clients,

Déborah Furtado:

:

justement, se demandaient quel est mon obligation légale quand j'ai un employé qui

Déborah Furtado:

:

diffame un autre employé ou des employés qui se diffame mutuellement.

Déborah Furtado:

:

Est ce que j'ai l'obligation d'intervenir, de requérir à cet employé là de de retirer la

Déborah Furtado:

:

publication?

Jean-François Cloutier:

:

Oui, parce qu'ils font souvent à l'extérieur du travail, donc à l'extérieur des heures de

Jean-François Cloutier:

:

travail sur des plateformes sur lesquelles l'employeur pas de contrôle.

Déborah Furtado:

:

Exact. C'est super difficile de requérir à quelqu'un de supprimer la publication si la

Déborah Furtado:

:

personne refuse.

Déborah Furtado:

:

Donc la réponse, en fait, c'est qu'il faut faire attention à est ce que ça constitue du

Déborah Furtado:

:

harcèlement psychologique ou non?

Déborah Furtado:

:

Donc si on est en présence d'une situation qui peut s'apparenter à du harcèlement

Déborah Furtado:

:

psychologique, c'est sûr que l'employeur a l'obligation légale d'enquêter la situation,

Déborah Furtado:

:

puis de prendre les mesures qui vont s'imposer.

Déborah Furtado:

:

Mais autrement, si ce n'est pas du harcèlement psychologique, l'employeur ne va

Déborah Furtado:

:

pas avoir l'obligation de requérir le le retrait de la publication en ligne, c'est sûr

Déborah Furtado:

:

qu'il y a matière à intervention.

Déborah Furtado:

:

Il va pouvoir justement probablement imposer des mesures disciplinaires dépendant de ce

Déborah Furtado:

:

qui est publié.

Déborah Furtado:

:

Mais on n'a pas une obligation à type d'employeur, c'est de contacter Facebook,

Déborah Furtado:

:

puis d'aller chercher le retrait de cette publication là, parce que de toute façon, ça

Déborah Furtado:

:

serait quasiment impossible.

Jean-François Cloutier:

:

Le fond, c'est de le test, c'est celui de l'impact sur le milieu de travail.

Jean-François Cloutier:

:

Donc si, si, la confrontation peut avoir un certain impact qui évidemment constitue du

Jean-François Cloutier:

:

harcèlement psychologique, dans ces circonstances là, évidemment, l'employeur

Jean-François Cloutier:

:

devrait réagir. Mais jusqu'où agir effectivement?

Jean-François Cloutier:

:

Ça, ça ne va pas jusqu'à prendre des recours particuliers contre une plateforme ou pour le

Jean-François Cloutier:

:

retrait de ces commentaires là.

Déborah Furtado:

:

D'ailleurs, notre collègue Cynthia Bachalani a fait un podcast sur la gestion du

Déborah Furtado:

:

harcèlement psychologique.

Déborah Furtado:

:

Donc je vous réfère à ce podcast si vous voulez savoir premièrement qu'est ce qui

Déborah Furtado:

:

constitue du harcèlement et comment agir dans une situation qui s'apparente à du

Déborah Furtado:

:

harcèlement psychologique.

Jean-François Cloutier:

:

Donc Déborah.

Jean-François Cloutier:

:

Évidemment, si l'employé est toujours à l'emploi, on le vu, on peut les rencontrer,

Jean-François Cloutier:

:

leur imposer des mesures disciplinaires.

Jean-François Cloutier:

:

Là, s'il diffame contre l'entreprise.

Jean-François Cloutier:

:

Mais qu'est ce qui arrive lorsque la diffamation est après l'emploi, donc soit

Jean-François Cloutier:

:

après une démission, un congédiement?

Jean-François Cloutier:

:

Dans quel? De quelle façon le les employeurs peuvent intervenir à ce moment là?

Déborah Furtado:

:

On a parlé beaucoup de Facebook jusqu'à présent, mais il ne faut pas oublier les

Déborah Furtado:

:

Glassdoor de ce monde, les Rate my Employers ou effectivement les employés qui ne sont

Déborah Furtado:

:

plus à l'emploi de leur employeur peuuvent utiliser ces plateformes pour diffamer une

Déborah Furtado:

:

entreprise. Donc l'employeur peut également agir.

Déborah Furtado:

:

Évidemment, on ne va pas imposer des mesures disciplinaires à un employé qui n'est plus à

Déborah Furtado:

:

l'emploi, mais on peut exercer des recours en diffamation à la Cour de Québec ou à la

Déborah Furtado:

:

Cour supérieure, dépendant là, du montant qui est réclamé.

Jean-François Cloutier:

:

Justement, l'autre évoqué les recours qui peuvent être pris, dans ces circonstances là

Jean-François Cloutier:

:

par les employeurs. Peut être nous donner un exemple issu de la jurisprudence d'un recours

Jean-François Cloutier:

:

de ce type là?

Déborah Furtado:

:

Oui. Alors, en 2018, il y a une décision qui a été rendue où un employé avait été

Déborah Furtado:

:

congédié. Il y a eu un règlement à l'amiable avec son employeur dans lequel l'employé a

Déborah Furtado:

:

signé une quittance. Et dans cette quittance là, il y avait une clause de non dénigrement

Déborah Furtado:

:

qui était mutuelle. Donc l'employeur s'engageait en bonne famille, l'employé suite

Déborah Furtado:

:

à son congédiement et l'employé également s'engageait à ne pas diffamer l'employeur.

Déborah Furtado:

:

Suite à cette entente là et ce que l'employé est allé faire, il n'a pas respecté sa

Déborah Furtado:

:

quittance. Il est allé Sorry Mind plus C.A.

Déborah Furtado:

:

Il a publié une série de commentaires désobligeants envers l'entreprise qui pour la

Déborah Furtado:

:

plupart étaient faux. Donc je peux vous citer quelques exemples.

Déborah Furtado:

:

Il a écrit "Je travaille actuellement pour cette entreprise et je ne la recommande à

Déborah Furtado:

:

personne. Le moral du bureau est très bas, la socialisation est mal vue.

Déborah Furtado:

:

L'entreprise a même embauché des détectives privés pour interroger chaque employé sur ses

Déborah Furtado:

:

activités après le travail".

Déborah Furtado:

:

Et ça, c'était faux. "Je recommande à personne de travailler ici.

Déborah Furtado:

:

Rends toi service, ne travaille pas ici", et cetera.

Déborah Furtado:

:

Alors, l'employeur a poursuivi cet employé là en diffamation, et surtout aussi parce que

Déborah Furtado:

:

la clause de non dénigrement n'avait pas été respectée et il a pu aller chercher 10 000 $

Déborah Furtado:

:

à titre de dommages moraux et 1 000 $ à titre de dommages exemplaires.

Déborah Furtado:

:

Évidemment, ce n'est pas une somme énorme.

Déborah Furtado:

:

On peut se demander c'est quoi le profit net après avoir engagé des honoraires judiciaires

Déborah Furtado:

:

que l'employeur a fait. Mais c'était une question de principe pour cet employeur là.

Jean-François Cloutier:

:

Il y a peut être aussi pour pour les autres employés.

Déborah Furtado:

:

Pour montrer, parce qu'on s'entend que 10 000 $, ça peut faire mal à un employé.

Déborah Furtado:

:

C'est peut être pas la plus grande des sommes pour l'employeur, mais pour un employé

Déborah Furtado:

:

qui doit payer, ça, ça fait réfléchir.

Déborah Furtado:

:

Donc c'est effectivement une décision qui peut avoir un effet dissuasif sur les autres

Déborah Furtado:

:

employés.

Jean-François Cloutier:

:

Parfois, la poursuite est une confirmation ou la décision est une confirmation

Jean-François Cloutier:

:

qu'effectivement c'était des propos qui étaient faux et diffamatoires.

Jean-François Cloutier:

:

Donc ça permet d'une certaine façon de rétablir également la réputation de

Jean-François Cloutier:

:

l'employeur qui était visé dans ce cas ci.

Déborah Furtado:

:

Juste une petite précision sur ces sites là, en fait, les commentaires sont toujours

Déborah Furtado:

:

anonymes. Donc la raison pour laquelle l'employeur a été en mesure d'identifier

Déborah Furtado:

:

l'auteur des propos, c'est qu'il a fait affaire avec un expert linguistique.

Déborah Furtado:

:

Donc c'est des coûts aussi.

Déborah Furtado:

:

Mais il y a des façons en fait de.

Déborah Furtado:

:

Dans certains cas d'aller chercher l'identité de l'auteur de ces propos là.

Jean-François Cloutier:

:

Donc, en terminant, Déborah peut être de nous donner des conseils pratiques pour les

Jean-François Cloutier:

:

employeurs qui nous écoutent.

Déborah Furtado:

:

Premièrement, avoir une politique interne sur l'utilisation des réseaux sociaux.

Déborah Furtado:

:

Je pense que c'est quelque chose que tous les employeurs devraient évaluer.

Déborah Furtado:

:

C'est facile à mettre en place et ça vient justement dire à nos employés ce à quoi on

Déborah Furtado:

:

s'attend d'eux. Et ça vient aussi nous permettre d'agir peut être plus sévèrement

Déborah Furtado:

:

dans certains cas, parce que l'employé a violé cette politique là en toute

Déborah Furtado:

:

connaissance de cause.

Jean-François Cloutier:

:

Et peut être présentement, justement, vu qu'il y a peut être une plus grande

Jean-François Cloutier:

:

utilisation des médias sociaux, revoir les politiques si vous en avez une, donc la

Jean-François Cloutier:

:

sortir des tiroirs, redonner des formations, réinformer, la mettre à jour, ce serait

Jean-François Cloutier:

:

également une bonne, un bon conseil à donner aux employeurs qui nous écoutent.

Déborah Furtado:

:

L'autre conseils pratiques qu'on peut donner pour les employeurs, c'est de toujours

Déborah Furtado:

:

inclure une clause de non dénigrement dans les quittances lors d'une fin d'emploi.

Déborah Furtado:

:

Et si l'employeur en a déjà une qui l'utilise dans ses quittances, s'assurer

Déborah Furtado:

:

qu'elle est mise à jour et qu'elle prend en considération la réalité des réseaux sociaux

Déborah Furtado:

:

aujourd'hui?

Jean-François Cloutier:

:

Tout à fait. Puis on a vu tantôt tu te référer à la cause où l'employeur a dû

Jean-François Cloutier:

:

poursuivre pour atteinte à la réputation.

Jean-François Cloutier:

:

Peut aussi à ceci ce qu'on appelle une clause pénale.

Jean-François Cloutier:

:

Cette clause de non dénigrement, c'est à dire qu'on prévoit à l'avance s'il y a

Jean-François Cloutier:

:

contravention à cette clause là, le montant qui devrait être versé par l'employé en cas

Jean-François Cloutier:

:

de contravention.

Déborah Furtado:

:

Tout à fait. On peut également toujours rappeler l'obligation de loyauté aux employés

Déborah Furtado:

:

qui perdurent à la fin d'emploi.

Déborah Furtado:

:

Je sais que beaucoup d'employeurs le font déjà, mais si certains employeurs nous

Déborah Furtado:

:

écoutent et ne le font pas, c'est toujours une bonne idée d'avoir une phrase clé qu'on

Déborah Furtado:

:

peut copier coller dans toutes les lettres de congédiement, laquelle va rappeler à

Déborah Furtado:

:

l'employé qu'il a une obligation de loyauté qui perdure, même s'il n'est plus un employé

Déborah Furtado:

:

de l'entreprise.

Déborah Furtado:

:

Sinon, lorsqu'un employeur est informé d'un cas de diffamation, c'est sûr qu'il doit

Déborah Furtado:

:

agir, sinon ça peut lui être reproché, comme on l'a vu dans la décision qui impliquait les

Déborah Furtado:

:

boîtes à lunch, le vol de nourriture.

Déborah Furtado:

:

Le fait de faire preuve de laxisme peut faire en sorte qu'on va se le faire reprocher

Déborah Furtado:

:

par un arbitre, sinon prendre les mesures requises de conservation de la preuve.

Déborah Furtado:

:

Donc si jamais on a eu une publication qui est sur Facebook, c'est super facile à

Déborah Furtado:

:

supprimer une fois que l'employé sent l'eau chaude, donc on prend une capture d'écran, on

Déborah Furtado:

:

la garde comme ça, si jamais on doit débattre de la question devant un arbitre ou

Déborah Furtado:

:

devant un juge administratif, on a la preuve du message qui a été publié, même s'il a été

Déborah Furtado:

:

supprimé. Pour finir, on recommande aussi aux employeurs de faire une vigie des réseaux

Déborah Furtado:

:

sociaux après la fin d'emploi d'une personne ou après l'imposition d'une mesure

Déborah Furtado:

:

disciplinaire. Parce que, comme je le disais, c'est souvent dans ces moments là où

Déborah Furtado:

:

les employés sont le plus irrités, les plus conflits.

Jean-François Cloutier:

:

Excuse moi peut être, mais ou lorsqu'il y a un conflit particulier qui survient au

Jean-François Cloutier:

:

travail, soit de la négociation de conventions collectives ou autres?

Déborah Furtado:

:

Tout à fait. Donc ces situations là sont les situations où les employés sont les plus

Déborah Furtado:

:

susceptibles de publier des commentaires qui peuvent porter atteinte à l'entreprise.

Déborah Furtado:

:

Donc, nécessairement, on peut faire une vigie des réseaux sociaux en regardant ce qui

Déborah Furtado:

:

a été publié.

Jean-François Cloutier:

:

Déborah Merci infiniment pour ces explications là, très claires pour cet

Jean-François Cloutier:

:

épisode sur la gestion par les employeurs des médias sociaux ou du moins les

Jean-François Cloutier:

:

interventions de leurs employés sur les médias sociaux.

Déborah Furtado:

:

Merci à toi Jean-François.

Jean-François Cloutier:

:

Donc merci à vous également d'avoir écouté cet épisode de Perspectives et on vous invite

Jean-François Cloutier:

:

évidemment à écouter nos autres épisodes qui portent sur des enjeux liés au droit du

Chapters

Video

More from YouTube