J'ai découvert le travail d'Alex Baladi au BookClub de bandes dessinées du Grenier à Bulles (#25 avec Claire) à Berlin 🍀 Auteur de 77 ouvrages, plusieurs centaines de fanzines et autres créations plastiques, Alex Baladi est une figure incontournable de la bande dessinée indépendante, où il trace une trajectoire singulière depuis plus de trente ans 🛸
Dans cet épisode, il revient sur ses débuts, sa passion pour les genres (du western à la science-fiction en passant par le space opera) et son attachement à un format libre, engagé, artisanal ✍️
Bourses de création, vente d’originaux ou encore de son travail de dessinateur de presse, plongée dans les coulisses du quotidien d'auteur de bandes dessinées, d’un storyboard à l’élaboration d’un livre 🎯💭
Alex partage aussi sa vision du rôle de l’éditeur, entre prises de risques éditoriales, relectures exigeantes et complicité artistique ainsi que la place de la BD dans le monde aujourd’hui 👀
Bonne écoute :)
✍️ Notes de l’épisode sur https://berlindetoi.com/alex-baladi
💌 Souscrire à la newsletter du podcast https://berlindetoi.substack.com
⭐️ 5 étoiles et un gentil commentaire pour soutenir et promouvoir le podcast ⭐️
🎼 https://pixabay.com/fr/users/mondayhopes-22948862/
Chapitrage :
Chapitrage :
00:00:00 Origines personnelles et parcours géographique
00:03:00 Fanzines, éditions indépendantes et pratiques collectives
00:10:39 Références artistiques et influences marquantes
00:41:10 Bande dessinée indépendante : économie, engagement, formats
00:49:49 Méthodes de collaboration et travail en duo
00:52:08 Exploration des genres et diversité narrative
01:27:42 Création, transmission et temporalité de l’œuvre
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue chez Berlin De Toit, le podcast qui tire le portrait
Speaker:en français, en anglais ou en allemand des personnes engagées, inspirées et inspirantes
Speaker:qui habitent à Berlin. Je m'appelle Gabrielle et depuis plusieurs années, j'accompagne des
Speaker:artistes et entrepreneurs dans l'éclosion et la floraison de leurs personnalités et projets.
Speaker:Excellente écoute et à tout de suite.
Speaker:Il faut que j'allume. Tes parents t'ont donné quatre lettres, on était en train de dire Alex
Speaker:Beledi et tu étais la seule personne que tu as rencontrée dans ta vie qui avait juste Alex avec
Speaker:quatre lettres. Oui, je sais qu'il y en a d'autres qui existent mais simplement je ne les ai pas
Speaker:rencontrées. Mais c'est vrai que souvent on pense que c'est un diminutif que je m'appelle Alexandre
Speaker:mais non en fait je m'appelle juste Alex. Mes parents voulaient m'appeler Alec et puis il y a
Speaker:une amie anglaise qui leur a dit que ça faisait trop écossais et donc ils se sont dit ok Alex.
Speaker:L'écossais c'est quel nom ? Je ne sais pas, ils trouvaient que c'était cette amie anglaise,
Speaker:je ne sais pas. C'est vrai que ça aurait peut-être été un peu bizarre d'avoir un nom très écossais
Speaker:alors que je ne le suis pas du tout. Et puis Beledi c'est vrai que ça ne sonne pas écossais pour le
Speaker:coup. Non alors c'est bizarre parce que souvent les gens pensent que c'est italien mais en fait
Speaker:c'est vraiment un nom de famille arabe et donc Beladi c'est le pays, Beladi mon pays ou du
Speaker:pays aussi. Et c'est parce que mon père était libanais d'Egypte, c'est à dire qu'il est d'origine
Speaker:libanaise et syrienne. Au départ la famille Beladi elle vient d'Alep en Syrie. Mais d'Egypte c'est à
Speaker:dire qu'il est né, il a grandi en Egypte. Et toi tu es suisse ? Et moi je suis suisse, je suis né et j'ai
Speaker:grandi en Suisse. Alors je suis né dans le canton de Vaud, à Corsier-sur-Vevay. Et puis à partir de
Speaker:quatre ans j'ai grandi à Genève où j'ai fait toute ma scolarité. Et maintenant t'es aussi à Berlin.
Speaker:Je suis aussi à Berlin, ouais si on veut. Alors moi j'ai passé quatre ans à Paris, j'allais souvent à
Speaker:Paris aussi parce que j'avais de la famille là-bas. Mon père est le seul qui a été en Suisse et puis
Speaker:ses frères, ses cousins ont été en France. Ce qui fait que j'avais une grosse partie de ma famille
Speaker:qui était à Paris. Et donc j'y allais depuis mon enfance et puis à un moment donné j'ai
Speaker:carrément vécu là-bas en deux ans et puis ensuite quelques années plus tard de nouveau deux ans.
Speaker:Donc quatre ans en deux parties quoi. Et sinon bon ben j'ai vécu trois ans à Bruxelles, voilà.
Speaker:T'avais un sacré tour quand même. Alors Alex Beledi, tu m'as donné du fil à retordre pour
Speaker:préparer cette interview parce que tu me regardes avec un air circonspect. Mais est-ce que c'est
Speaker:correct si je dis que tu es auteur-dessinateur de bande dessinée ? Alors on peut dire auteur
Speaker:de bande dessinée tout simplement. C'est ce qu'on dit généralement. Même si tu l'écris avec
Speaker:quelqu'un d'autre ? Alors quand je le fais avec quelqu'un d'autre, je suis juste dessinateur. Mais je suis
Speaker:quand même auteur. Enfin bon, je suis auteur de manière générale je dirais. Après si je fais un
Speaker:bouquin spécifique avec un scénariste, ben lui il est scénariste, moi je suis dessinateur et on est
Speaker:tous les deux auteurs. Est-ce que c'est clair ? C'est très clair. Et du coup comment tu te présentes ?
Speaker:Je dis que je suis auteur de bande dessinée. Et pas de 1, 2, 3, 10 ou 20 bandes dessinées, mais plus de 70 ?
Speaker:77 si j'ai bien compté. 77 à compte d'éditeur, c'est-à-dire édité dans des maisons d'édition.
Speaker:C'est en différence ? En différence de l'auto-publication que j'ai fait aussi. J'ai fait une vingtaine de fanzines
Speaker:auto-éditées. Et puis dans le cadre de la fabrique de fanzines, qui est un groupe dans lequel j'étais
Speaker:pendant 20 ans. On était cinq et puis on faisait des petits fanzines à différents événements.
Speaker:On demandait à chaque fois d'avoir une photocopieuse. Et puis on faisait des petits livres comme ça et
Speaker:n'importe qui pouvait venir et en faire avec nous. Donc c'était à la fois une performance, parce
Speaker:que nous on en faisait plein, et puis ça fonctionnait avec l'émulation. C'est-à-dire qu'on donnait
Speaker:envie aux gens d'en faire. Ce qui fait que ça devenait aussi un atelier. Atelier performance.
Speaker:Et on l'a fait plus d'une centaine de fois maintenant. Et dans ce cadre-là, j'ai dû faire
Speaker:entre 800 et 900 fanzines, quelque chose comme ça. C'était des petits livres souvent de
Speaker:huit pages à six. Une photocopie à cinq exemplaires. C'est vraiment quelque chose de très rapide à
Speaker:faire. Et puis assez cheap dans la fabrication. On photocopie, on plie, on découpe et on agrafe
Speaker:nos cinq exemplaires. Et voilà, très vite fait. Et très rare aussi. Pour les collectionneurs,
Speaker:c'est vraiment quelque chose d'intéressant. Tu les as encore ? Tout ce que tu as produit ? Non,
Speaker:non, non. Je n'ai pas tout ce que j'ai produit. Il y a plein. Alors chacun, chaque membre de la
Speaker:fabrique a une partie de ce qu'on a fait. On a fait tellement de fanzines. Quand je dis que
Speaker:j'en ai fait plus d'800, je pense plutôt que ça s'approche des mille. Mais je ne pourrais pas
Speaker:exactement calculer. C'est des fanzines que j'ai fait tout seul. Donc il faut s'imaginer le nombre
Speaker:de fanzines qui a été fait par non seulement tous les membres de la fabrique, mais en plus tous ceux
Speaker:qui sont venus à la fabrique. Parce qu'il y avait toutes sortes de gens. Ça allait d'enfants.
Speaker:Quand on était dans un salon du livre, ça ressemblait plutôt à une garderie parce qu'il
Speaker:y avait beaucoup de gens qui nous laissaient leurs enfants. D'autres fois, il y avait des
Speaker:dessinateurs professionnels qui trouvaient ça super de faire des petits livres qui venaient.
Speaker:C'était ouvert à tout le monde, de toute manière. Selon là où on était, la fabrique était assez
Speaker:différente. Les fanzines qu'on faisait pouvaient être très différentes.
Speaker:Donc t'es vraiment merveilleux. Vrai de vrai. Pur et dur de ce monde de la bande dessinée que moi
Speaker:je ne connais pas du tout.
Speaker:Je m'appartiens au monde de la bande dessinée. Je ne peux pas le nier.
Speaker:Que ça te plaise ou non. Mais en plus, tu as eu la possibilité au travers de ça aussi de rencontrer
Speaker:beaucoup de monde. J'ai écouté beaucoup de tes interventions. Je les mettrai d'ailleurs dans les
Speaker:notes de l'épisode où on parle de tes dernières parutions. On en parle d'ailleurs très bien,
Speaker:je trouve. Vous avez des chouettes discussions à propos et tout. Et du coup, je me suis dit,
Speaker:bon, moi qui vraiment suis une amatrice niveau débutant, niveau bande dessinée,
Speaker:je ne vais pas commencer à te poser des questions complexes et précises, parce que je vais te
Speaker:larguer. Donc ma proposition, c'est à la fois pour les gens qui, comme moi, ont peut-être un petit
Speaker:pied dedans, de découvrir ce qu'il y a derrière la bande dessinée et pourquoi c'est encore
Speaker:pertinent aujourd'hui et qu'est-ce qu'on a à découvrir dedans. Et pour les gens qui sont hyper
Speaker:pro, ça serait l'occasion de te découvrir sur un nouvel angle, si ça te va. Très bien, allons-y.
Speaker:Et alors, pour commencer sur comment j'en suis arrivée à ton art, toutes tes créations,
Speaker:c'est qu'en début d'année, je me suis retrouvée à un book club de bande dessinée qui est tenu par
Speaker:Clave Grenier à Berlin, au Grenier à Bulles. Et vraiment, je me suis inscrite en me disant,
Speaker:tu sais quoi, trouve un book club et en plus bande dessinée, ça va être la découverte. Et en fait,
Speaker:c'est très rigolo, parce que dans ce book club, il y a autant des gens amateurs que des gens qui
Speaker:sont vraiment des passionnés de bande dessinée. Et on a lu Un monde en pleine mutation, qui est
Speaker:aussi un hommage à la bande dessinée indépendante, à la librairie, au libraire, à la figure du
Speaker:libraire, à la jeunesse. Vraiment, ça touche à plein de domaines différents. Et en fait,
Speaker:ce qui est intéressant, c'est que moi, de ma première lecture de personnes extérieures,
Speaker:j'étais là, bon, le dessin un peu particulier, il y a des choses que je vois qui sont cool. Et les
Speaker:passionnés, ils ont tout capté. Et ça m'a fait rentrer dans un niveau de compréhension de plein
Speaker:de codes et de plein de strates qui étaient monstrueux. Et voilà, je trouvais ça trop bien.
Speaker:Et par exemple, qu'est-ce qu'ils ont capté, qu'ils n'avaient pas capté ?
Speaker:Bah, t'as les références. Donc, que ce soit Moebius, par exemple. Qu'est-ce qu'on aurait
Speaker:entendu parler de Moebius, qui est un dessinateur ? Qu'est-ce qu'il avait de particulier, Moebius ?
Speaker:Déjà, il avait de particulier que sous son vrai nom, qui était Jean Giraud. Enfin, il signait Gir,
Speaker:c'était une abréviation. Il faisait une série qui s'appelait Blueberry, un western qui était
Speaker:assez classique, western réaliste, avec un style assez réaliste. Et qu'il a pris un autre nom,
Speaker:un pseudonyme. Et sous ce pseudonyme, il a fait des bandes dessinées, de science-fiction,
Speaker:mais qui étaient aussi très expérimentales, parfois. Il partait dans des improvisations,
Speaker:il a fait une bande dessinée qui a marqué beaucoup de gens, qui s'appelle le Garage Hermétique de
Speaker:Jerry Cornelius. Il improvisait, en fait, des pages, deux, trois pages, ou parfois un peu plus,
Speaker:chaque mois dans Metal Hurlant, qui était le magazine où il travaillait. Et ça, pendant
Speaker:à peu près deux ans, je crois. Et à la fin, ça a été réuni dans un album. Mais parfois,
Speaker:il oubliait ce qu'il avait envoyé le mois précédent. Et en fait, à la fin, ça a fait
Speaker:une histoire très cohérente. Il retombe sur ses pieds, à la fin de l'histoire. Et voilà,
Speaker:c'est vraiment... Moi, j'ai reçu ça en cadeau quand j'avais douze ans, parce que j'avais entendu
Speaker:parler de Moebius dans un livre sur la bande dessinée, qui s'appelait La bande dessinée en
Speaker:dix leçons, que ma mère m'avait offert. Et dans ce livre, en fait, il raconte comment faire de la
Speaker:bande dessinée. Mais il y a aussi des portraits d'auteurs célèbres. Et il y avait un portrait de
Speaker:ce Jir Moebius. Moi, je croyais qu'on disait Jir Moebius, d'ailleurs, je croyais qu'on disait les
Speaker:deux. Et surtout, il y avait un dessin de lui qui s'appelait Un monde... Et ce dessin, où il y
Speaker:avait des personnages vraiment incroyables, il me fascinait. Et j'avais vu que tout en bas du
Speaker:dessin, c'était marqué Un monde en pleine mutation. Et je me suis dit que c'était un bon point de
Speaker:départ pour une histoire. Donc à douze ans, tu t'es dit ça ? Non, je ne me suis pas dit ça à douze
Speaker:ans. Je me suis surtout dit que je voulais lire des bandes dessinées de ce type-là. Et il y a ma
Speaker:marraine qui avait demandé à ma mère qu'est-ce qu'il veut, Alex, pour son anniversaire ? Et moi,
Speaker:j'ai dit j'aimerais une bande dessinée de Jir Moebius. Et c'est là que j'ai reçu le
Speaker:Garage Hermétique de Jerry Cornelius, qui est en fait une des histoires qui est dans Major Fatale,
Speaker:où il y a plusieurs histoires avec un personnage qui s'appelle le Major Gruber et qui est le
Speaker:personnage principal du Garage Hermétique. Et je me suis dit tiens, c'est marrant. Quand
Speaker:j'ai fait ma bande dessinée à mon temps plein de mutation, je me suis dit je vais prêter ce
Speaker:souvenir à un des personnages, un des personnages principaux, parce qu'apparemment le personnage
Speaker:principal serait plutôt le libraire peut-être, pour expliquer comment il s'est retrouvé dans
Speaker:cette librairie. Donc j'ai changé un peu ce souvenir. En fait, c'est sa grand-mère. Et puis
Speaker:il trouve le livre La bande dessinée en dix leçons, il le trouve dans un vide-grenier. Parce que c'est
Speaker:un livre qui est déjà un peu vieux, puisqu'il n'a pas mon âge, ce personnage. Moi j'ai l'âge du
Speaker:libraire. Et lui, il a à peu près 12-13 ans de moins que moi, disons, ce personnage. Mais il
Speaker:trouve ce livre dans un vide-grenier. Et puis après, il est aussi fasciné par... Enfin, tout pareil,
Speaker:je lui ai vraiment prêté mon souvenir. Donc j'ai un peu, d'ailleurs dans ce livre,
Speaker:j'ai un peu utilisé à la fois des souvenirs personnels, mais qu'on retrouve dans chaque
Speaker:personnage. À la fois, j'ai utilisé des choses qu'on m'a racontées. Parfois, il y a des libraires
Speaker:qui m'ont raconté un peu des anecdotes, et puis j'en ai profité pour les mettre dans mon histoire,
Speaker:toujours en changeant des choses. Il y a un libraire, par exemple, il avait beaucoup aimé
Speaker:le livre. Et je lui ai dit, ah mais t'as reconnu l'anecdote que tu m'as racontée ? Et en fait,
Speaker:il ne voyait pas du tout de quoi je parlais. Puis après, je lui ai dit, ah mais c'est cette
Speaker:anecdote du type, c'est ce client un peu déprimé qui venait souvent dans ta librairie, puis à ton
Speaker:employé, il a carrément arrêté de travailler dans ta librairie parce qu'il ne pouvait plus
Speaker:supporter d'entendre la vie de ce client déprimé qui racontait sa vie tout le temps. Et il a dit,
Speaker:ah d'accord, ok. Et en fait, il n'avait pas du tout fait le lien parce que dans mon histoire,
Speaker:j'ai un peu transformé les choses. Déjà, je donne des détails sur le client. Enfin,
Speaker:je donne très peu de détails, mais je dis quand même que c'est un vieil Argentin qui raconte sa
Speaker:vie. Et puis en fait, ce n'est pas l'employé qui arrête de travailler dans la librairie,
Speaker:c'est carrément le libraire. Il décide de laisser la librairie à son employé. Et puis bon,
Speaker:c'est aussi parce qu'il a une autre opportunité de travail dans une autre ville. Je crois qu'il
Speaker:va à Marseille. Donc, tout ça, j'ai inventé. Mais l'anecdote de base, c'est quand même celle
Speaker:que ce libraire m'avait racontée. D'ailleurs, après, il m'a dit, il m'a envoyé un email. Il
Speaker:m'a dit le fameux client ultra déprimé qui a fait que mon employé est parti. Il a lu Un monde en
Speaker:pleine mutation. Et puis il m'a dit qu'il avait beaucoup aimé. Evidemment qu'il n'a pas reconnu
Speaker:son histoire parce qu'il ne sait même pas que l'employé est parti parce qu'il racontait sa
Speaker:vie et que c'était déprimant. Oui, donc voilà, il y a tellement de choses. Et alors attends,
Speaker:t'en as fait plus de 70, 77 tu disais de bande dessinée. Donc, soit t'as une capacité de
Speaker:production extraordinaire, soit t'as commencé très jeune, soit les deux. Soit certains livres
Speaker:sont très petits. C'est le cas. C'est le cas. Il y a des bandes dessinées qui font une vingtaine
Speaker:de pages dans des formats minuscules. Notamment, j'ai fait quatre pâtes de mouche. Pâtes de mouche,
Speaker:c'est une collection chez l'association où c'est des bandes dessinées de 22 pages et c'est des
Speaker:tout petits livres. Donc ça, c'est relativement vite fait, je dirais. Et puis, il y a d'autres
Speaker:projets qui prennent plusieurs années. Il y a des projets que je porte pendant des années. Il y en
Speaker:a un qui est Renégas. Non, revanche, je pense que j'ai mis 15 ans entre le moment où j'ai eu l'idée
Speaker:de le faire et puis que j'ai commencé à faire un storyboard. Et le moment où la bande dessinée
Speaker:est sortie, il s'est écoulé 15 ans. Et comment ça s'articule tout ça ? A quel moment est-ce que
Speaker:tu deviens auteur de bande dessinée ? A quel moment on devient auteur de bande dessinée ? C'est
Speaker:difficile à dire parce que pour moi, c'est quelque chose qui ne s'est jamais... Il y a une continuité,
Speaker:disons. Ça ne s'est jamais arrêté depuis le moment où j'ai commencé à faire des bandes dessinées
Speaker:et quand j'étais enfant. Simplement, il y a un moment qui est peut-être très important, c'est le
Speaker:moment où on est publié pour la première fois. Parce que là, tout d'un coup, il y a d'autres gens
Speaker:qui découvrent ce qu'on fait depuis des années tout seul chez soi. D'abord, j'étais tout seul
Speaker:chez moi, il y avait ma famille qui me voyait dessiner. Ensuite, je me suis retrouvé à l'école,
Speaker:il y a mes amis à l'école qui m'ont vu dessiner. Et puis petit à petit, il y a de plus en plus de
Speaker:gens qui voient mes dessins parce que tout d'un coup, je me retrouve publié dans un magazine où
Speaker:il n'y a que des jeunes. En fait, c'est un adulte qui s'occupe de ce magazine, mais c'est un magazine
Speaker:d'un centre culturel où il n'y a que des jeunes qui participent. Donc là, je suis encore un enfant.
Speaker:Et puis ensuite, il y a la première histoire que j'ai illustrée dans un livre qui était un
Speaker:compte pour enfants où il y avait un illustrateur professionnel qui avait fait la couverture et qui
Speaker:avait illustré deux comptes. Et moi, j'avais illustré le troisième, j'avais 12 ans. Ça,
Speaker:c'est ma première publication professionnelle pour laquelle j'ai été payé. Et c'était le père d'un
Speaker:ami qui avait écrit les histoires. En fait, c'était des comptes valaisans qu'il a réécrit.
Speaker:Et il voulait qu'un des comptes soit illustré par un enfant. Il y a cette amie,
Speaker:qui disait, mais toi qui dessines, tu ne voudrais pas illustrer ce compte pour mon père.
Speaker:Et puis bon. Et ensuite, j'ai participé à un magazine qui s'appelait Sauf qui peut. Alors ça,
Speaker:c'était bien après parce qu'il y avait souvent des concours de BD, des trucs, mais j'arrivais
Speaker:jamais à finir. Bizarrement, je n'arrivais jamais à finir mes planches aux dates qu'il fallait.
Speaker:Il y avait, je ne sais pas, je devais avoir une espèce de blocage, un truc où je n'arrivais pas,
Speaker:je n'étais jamais content de ce que je faisais. C'était l'adolescence, l'adolescence. Et puis
Speaker:ensuite, quand j'étais jeune adulte, j'avais 22 ans. 21 ans, je pense que ça a commencé. Il y a
Speaker:ce magazine qui a été lancé à Genève, qui était un mensuel de bande dessinée. Et là,
Speaker:ils cherchaient des jeunes talents. Et j'ai proposé mes planches et j'ai été accepté,
Speaker:publié. Donc tous les mois, tout d'un coup, il y avait une échéance. Il y avait des dates pour
Speaker:lesquelles rendre des planches. Il y avait une espèce de truc où je me suis devenu. C'est là
Speaker:que je suis vraiment devenu prolifique. Et puis que je me suis vraiment mis à la bande dessinée.
Speaker:Parce qu'avant, je faisais beaucoup de dessin. Je commençais des projets que je finissais jamais.
Speaker:Il y avait un côté parce que c'était un peu dans le vide. À part ces quelques concours de
Speaker:bande dessinée, mais finalement, auxquels je n'ai jamais participé au final. Et puis là,
Speaker:il y avait vraiment quelque chose. On était publié. C'était vraiment intéressant. Et puis,
Speaker:ça sortait tous les mois. Et c'est là que j'ai commencé à faire beaucoup de planches et à sortir
Speaker:mon premier album aux éditions de ce magazine. J'en ai même sorti deux. Que tu avais écrit
Speaker:toi-même. Que j'ai fait tout seul pour ce qui est de la bande dessinée. Mais il ne faut pas
Speaker:oublier le travail de l'éditeur. Et à partir de là, j'ai fait que ça. Parce que j'étais dans
Speaker:une école à Paris. J'avais vivé à Paris. J'étais dans une école de cinéma, d'audiovisuel. Et quand
Speaker:j'ai sorti la première bande dessinée. Et à partir de là, quand je suis sorti de cette école,
Speaker:je me suis dit que je ne fais que de la bande dessinée. Et j'ai fait que ça. J'ai fait des
Speaker:petits boulots à côté pour vivre. Mais j'ai commencé à faire pas mal d'illustrations aussi.
Speaker:De vivre d'illustrations, de dessins de presse. Des choses comme ça. Des choses de commande.
Speaker:Et ensuite, petit à petit, j'ai envoyé des bandes dessinées à des éditeurs qui m'ont publié. Et
Speaker:j'ai continué là-dedans. Au départ, pendant des années, j'avais des petits boulots à côté. J'ai
Speaker:travaillé dans une librairie de bande dessinée aussi pendant longtemps. J'ai donné des cours de
Speaker:bande dessinée. C'était quand même lié au dessin. C'était ce que je continue de faire. Parce qu'un
Speaker:auteur de bande dessinée, il vit avec des travaux de commande. Des travaux, des ateliers qu'il donne
Speaker:dans les écoles. Ou alors carrément, ils sont profs à temps plein. Ou à temps partiel, mais de
Speaker:manière régulière. Je vends des originaux aussi. C'est vraiment une espèce du dessin, mais pas
Speaker:uniquement des ventes de livres. Il y a aussi des bourses de création pour faire des livres. C'est
Speaker:un ensemble de choses. Et puis au final, je m'y retrouve. Après des années. Donc je n'ai pas
Speaker:besoin de travailler dans des cafés à côté, ou de faire d'autres choses, des remplacements à
Speaker:l'école, des choses comme ça que je faisais avant. Donc ça s'est tout organisé au bout d'un moment.
Speaker:Est-ce qu'Internet, ça a changé quelque chose à un moment ? Pour moi, pas tellement. Ça a changé
Speaker:quelque chose, oui quand même. Parce que je poste ce que je fais, je fais de la publicité sur les
Speaker:réseaux. Pour moi, c'est surtout Facebook, Instagram, pas beaucoup plus. Après Internet,
Speaker:c'est bien pour envoyer ses planches une fois qu'on les a scannées, les envoyer à l'éditeur. Ça a
Speaker:quand même changé pas mal de trucs. Mais fondamentalement, je ne trouve pas que ça a
Speaker:changé ce que je fais. Je fais surtout des bouquins. C'est ça qui m'intéresse, de faire des bandes
Speaker:dessinées en livre. Et en fait, je n'ai pas tellement envie de faire des bandes dessinées sur
Speaker:Internet uniquement. Je ne me suis pas tellement lancé là-dedans. Quand je poste des choses,
Speaker:c'est généralement des choses qu'on peut retrouver ensuite dans un livre, ou avant. Ou alors c'est
Speaker:quelque chose que j'ai publié dans un journal et puis j'en fais profiter aussi des gens sur des
Speaker:réseaux sociaux. Mais je ne vais pas faire des choses uniquement pour Internet. Et les bandes
Speaker:dessinées que tu crées, tu les fais entièrement à la main ? Entièrement à la main, oui. Et
Speaker:entièrement à la main, c'est-à-dire jusqu'au texte, si je ne m'abuse. Tu écris le texte
Speaker:complètement à la main, non ? Tu n'as pas une police ? Ah non, non, je déteste. En plus,
Speaker:ça se voit. Quand je lis des bandes dessinées et que je vois que la police a été faite par
Speaker:ordinateur, c'est-à-dire que souvent, justement, les gens font des alphabets, donc ils écrivent à
Speaker:la main un alphabet en faisant souvent plusieurs E, plusieurs A, plusieurs fois une lettre pour
Speaker:qu'on puisse jouer avec ça et ne pas utiliser toujours les mêmes lettres, pour qu'on voit
Speaker:quand même que ça ne soit pas fait par ordinateur. Puis en fait, ça se voit quand même parce que
Speaker:c'est tellement parfait. Il y a une espèce de truc, c'est vraiment sur une ligne. Bon alors,
Speaker:peut-être que c'est moi aussi qui exagère. Mais en fait, non, parce qu'en fait je fais une série
Speaker:qui s'appelle « Décret et Ravage » avec Adeline Rosenstein. C'est adapté de sa pièce
Speaker:documentaire sur l'histoire de la Palestine. Et il se trouve qu'au dernier moment, elle a fait
Speaker:pas mal de changements de texte. Et comme on avait déjà tout donné à l'éditeur, c'est l'éditeur
Speaker:qui a changé les fautes, enfin qui a changé les phrases. Ce n'était pas vraiment des fautes,
Speaker:mais bon. Et donc, moi après, j'ai vu qu'il y avait un changement. C'est-à-dire que j'arrivais
Speaker:à voir que ce n'était pas mon écriture, c'était bien mes lettres à moi que j'avais écrites. Mais
Speaker:je voyais en fait les endroits où ça avait été changé à l'ordinateur. Et je trouvais que ça se
Speaker:voyait. Et en fait, c'est marrant parce que je faisais des présentations dans des lycées. Et à
Speaker:un moment donné, je parle de ça à des étudiants. Et c'était dans un lycée technique où ils
Speaker:apprennent à construire des voitures, etc. Dans le lycée, c'est impressionnant, il y a une espèce
Speaker:de carcasse de voiture. Et il y a la classe des élèves, ils regardaient les trucs, puis eux,
Speaker:ils arrivaient à voir aussi les différences. Parce que c'était un peu des nerds comme moi. Et leur
Speaker:prof, c'était une prof de français, elle n'arrivait pas à voir la différence. Mais c'était marrant de
Speaker:voir à quel point ils étaient assez forts. J'ai bien vu qu'ils voyaient. Parce que moi, j'avais l'impression
Speaker:que c'était que moi qui arrivais à voir ça, parce que c'est mon écriture.
Speaker:Tu développes peut-être une différente sensibilité à ça aussi, quand tu commences à y faire attention.
Speaker:Oui. Après, c'est vraiment quelque chose que j'arrive à le voir, mais ça ne me dérange pas
Speaker:plus que ça. C'est simplement que je me dis que quand même, moi, je vois les différences.
Speaker:Ça aurait pu être parfait. Mais du coup, ça représente... Comment ça se passe ? Tu reçois
Speaker:tout le storyboard et le texte fini. Et après, tu fais des journées, des semaines de travail pour
Speaker:réaliser la bande dessinée en une seule fois ou tu fais de la fragmentation ? Comment s'organise
Speaker:ta journée ? Je reçois le storyboard ? Une fois que tout est fini, que tu as le texte, que tu sais
Speaker:quel dessin tu dois faire. Je ne sais pas comment ça marche. Est-ce que tu envoies des planches et ça
Speaker:se fait au fur et à mesure ? Est-ce que c'est des batchs que tu fais en une seule fois ?
Speaker:Ça dépend si je travaille avec quelqu'un comme le dernier livre que j'ai fait qui s'appelle
Speaker:Chakal Hebdo, qui était en fait une pièce de théâtre qui avait été écrite par Dominique
Speaker:Ziegler sur toute l'histoire de Charlie Hebdo, la manière dont Charlie Hebdo a été transformée par
Speaker:quelqu'un qui s'appelle Philippe Val. Il avait fait une pièce de théâtre, donc il y avait tout
Speaker:le texte de la pièce. Et moi, j'en ai fait un storyboard. Ensuite, je lui ai montré le storyboard
Speaker:que j'avais fait. Il m'a dit qu'il pouvait ajouter quelques trucs. Il a accepté le storyboard,
Speaker:pratiquement à partir de quelques petits détails à changer. Et puis ensuite, j'ai fait la BD. Mais
Speaker:sinon, quand je travaille tout seul, c'est très différent parce que je fais juste un storyboard.
Speaker:Déjà, je n'écris pas le texte, je ne fais pas des dessins séparément. Je fais d'abord un
Speaker:storyboard. Mais parfois, je vais directement. Je fais la bande dessinée directement, mais ça
Speaker:dépend des projets. La plupart du temps, je fais quand même un storyboard. Pour un monde en pleine
Speaker:mutation, pendant trois ans, je pensais à la bande dessinée pratiquement tous les jours. Donc, j'avais
Speaker:des scènes très précises dans ma tête. Elles étaient dans ma tête très précises, mais avec des
Speaker:gens réels. Ce n'était pas des dessins. C'était très précis, mais je ne voyais pas des pages
Speaker:avec des casques. Et donc, j'ai fait les 30 premières pages directement parce que vraiment,
Speaker:le début, je savais comment j'allais faire. Même si je n'avais pas la vision des pages exactes,
Speaker:j'avais quand même tout le déroulé. J'avais plus ou moins quand même les images. Et puis,
Speaker:au bout de 30 pages, je me suis dit, il faut que je fasse un storyboard parce qu'il se trouve que
Speaker:si je continue comme ça... En fait, j'avais les scènes précises, mais je n'avais pas le lien
Speaker:entre les scènes. Et puis, je n'avais pas vraiment le rythme. J'avais le rythme à l'intérieur des
Speaker:différentes scènes, mais peut-être pas... J'avais des dialogues qui étaient très très longs. Et je
Speaker:me suis dit, si je continue comme ça, en faisant page par page, en improvisant... Enfin, ce n'est
Speaker:pas d'improvisation puisque j'ai un peu tout dans la tête, mais disons, en y allant comme ça,
Speaker:je risque de faire un livre de 500 pages. Et je veux quand même élaguer. Je veux aller à
Speaker:l'essentiel et je veux que ça ait un certain rythme. Et donc, pour ça, je vais faire un
Speaker:storyboard avec un dessin extrêmement rapide pour vraiment élaguer, pour enlever la graisse,
Speaker:la couenne, le surplus. On se comprend, non ? Et voilà. D'ailleurs, je me souviens d'une critique
Speaker:de bande dessinée que j'ai entendue récemment. Et il y a une des critiques qui parlait d'une
Speaker:bande dessinée où elle disait que la personne avait un peu tout mis dedans et que c'était...
Speaker:qu'il y avait trop, quoi. Et elle rappelait que Pascal, le philosophe Pascal, il paraît que
Speaker:dans une lettre qu'il a envoyée à un ami, au début de la lettre, il avait écrit « je vous
Speaker:écris une longue lettre parce que j'ai pas le temps d'en écrire une courte ».
Speaker:C'est beau, c'est une lettre.
Speaker:Ouais, mais c'est exactement... Alors moi, ça me parle beaucoup parce que c'est exactement ça,
Speaker:quoi. Et je sens que parfois, on sent ça en fait dans des livres, dans des bandes dessinées qui
Speaker:paraissent, ou dans d'autres choses, dans des livres, dans des films, ou même en ce moment
Speaker:sur Youtube, parfois il y a... Je vois qu'il y a des Youtubers qui font des choses sur certains
Speaker:sujets, des vidéos qui durent quatre heures. Et pour moi, c'est comme si... C'est qu'il y a un
Speaker:travail qui n'a pas été fait, quelque part. Le travail délagué, le travail... Voilà,
Speaker:on a directement fait ça comme ça, et ça aurait pu être bien de travailler un peu plus et puis
Speaker:d'enlever le surplus, parce que ça donne plus de force aussi à ce qu'on dit.
Speaker:Alors, j'ai plusieurs remarques, mais j'avais une question que je voulais te poser, c'est que
Speaker:pour Chaka Lebdo, tu as fait une intervention, et à la fin, tu parles, il y a un moment,
Speaker:vous parlez de la représentation du prophète, et tu racontes que très jeune, tu as vu un
Speaker:documentaire qui t'avait d'ailleurs beaucoup touché, parce que dedans, il n'y avait pas de
Speaker:représentation, enfin du coup, le prophète n'est pas représenté, ni on n'en entend parler, ni rien,
Speaker:mais tu avais été très marqué tout de même, et tu avais une représentation très très précise
Speaker:en te disant, c'est... Ouais, c'est ça. Tu me le montres ?
Speaker:Ouais, alors je te le montre, parce qu'en fait, je l'ai publié cette histoire,
Speaker:enfin je l'ai raconté en bande dessinée, cette histoire, dans un livre qui s'appelle
Speaker:Encore un effort, publié à l'association, en 2006 ou 2007, je crois, je ne sais plus,
Speaker:2008, je ne sais plus, enfin bref, et où je raconte en fait, en différents chapitres,
Speaker:mon rapport à la bande dessinée et au dessin, parce que c'est paru dans la collection,
Speaker:combien ? 2009. Ah, 2009. C'est paru dans la collection Éprouvette,
Speaker:qui était une collection, à l'association, où il y avait des essais sur la bande dessinée,
Speaker:ou des bandes dessinées qui parlent de bande dessinée, et donc je savais vraiment,
Speaker:il y avait des sujets qui me travaillaient, et j'ai fait ce livre avec différents chapitres,
Speaker:avec ces différents sujets, et je les raconte dans un chapitre qui s'appelle
Speaker:Découverte déterminante, je crois. C'est ça. Je raconte les faits qu'a eu ce film,
Speaker:qui s'appelle Le message, donc qui raconte la vie du prophète de l'islam, et où le personnage
Speaker:principal du film, c'est quand même un long métrage, le personnage principal du film n'apparaît
Speaker:pas à l'écran, et on n'entend pas sa voix. Et donc en voyant ça, je me suis aperçu que c'était
Speaker:possible en fait, et que le personnage principal, la chose, ou même la chose la plus importante de
Speaker:l'histoire peut ne pas être présente dans l'image. Et ça, en tant qu'artiste, a été vraiment très
Speaker:important pour moi. J'ai un autre exemple, c'est Le petit prince. Le petit prince, ça m'a aussi
Speaker:marqué, parce qu'en plus, là, c'est carrément du dessin, mais c'était moins impressionnant quand
Speaker:même que Le message, parce que Le message, c'est un long métrage, c'est vraiment... alors que Le
Speaker:petit prince, c'est un petit exemple, mais qui est quand même très parlant, parce qu'il lui dit
Speaker:dessine-moi un mouton, il n'est jamais content du dessin que Saint-Exupéry fait, et puis une fois
Speaker:qu'il dit bon, il est dans la caisse, une fois qu'il laisse la place pour l'imagination de la
Speaker:personne qui regarde, et bien là, tout d'un coup, l'enfant est content. Et voilà, c'est vraiment
Speaker:deux exemples qui ont été déterminants pour toute ma pratique de la bande dessinée. Je pense que les
Speaker:gens qui connaissent mes bandes dessinées voient un peu quels liens on peut faire.
Speaker:Et c'est ce que je voulais te demander, parce que souvent on dit ça de la musique, que la musique,
Speaker:c'est le silence entre deux notes, et je me demandais si l'histoire dans une bande dessinée,
Speaker:c'est tout ce qui n'était pas dessiné, du coup, ou comment est-ce que toi tu le voyais ?
Speaker:Ouais, alors le silence entre deux notes, ouais, c'est important, parce que c'est... comme on dit,
Speaker:il n'y a pas d'ombre sans lumière, c'est la manière de gérer les espaces vides, etc. Donc tout ça,
Speaker:dans le dessin, c'est très important. Et donc tu as tout bâti là-dessus, ça a été l'initial.
Speaker:Mais quand je parlais d'élaguer aussi les histoires, c'est aussi ça, c'est-à-dire enlever... c'est
Speaker:aussi enlever une partie qui va brouiller, qui va... pas en mettre trop, c'est-à-dire qu'il faut
Speaker:vraiment enlever les choses plutôt que tout mettre dans la casque. Il faut vraiment suggérer
Speaker:les choses, c'est très important. Alors je suis d'accord, et en même temps, tu vois, moi je fais
Speaker:des interviews longues, et en fait j'ai remarqué que souvent les gens, c'était les personnes en
Speaker:face de moi, elles ont aussi besoin d'un moment pour rentrer dans la conversation. Et au bout d'un
Speaker:moment, souvent tu le vois, c'est 30-45 minutes, à ce moment-là, c'est comme si on passait un
Speaker:niveau. Alors je pourrais te dire, je peux les enlever ces 40-50 premières minutes, mais souvent les
Speaker:gens qui écoutent et qui écoutent jusqu'au bout, ça fait partie aussi de la conversation. Donc je
Speaker:comprends, et je me suis d'ailleurs beaucoup... alors moi quand je vois une œuvre d'art, j'ai ma première
Speaker:réaction par exemple, mais je trouve que c'est quand même autre chose d'avoir la vision de
Speaker:l'artiste ou qu'on te mette dans un certain cadre pour que tu puisses apprécier quand même
Speaker:complètement différemment. Et je me suis toujours étonnée que dans les livres ou dans les bandes
Speaker:dessinées, il n'y ait pas un truc avant qui t'explique qu'est-ce que c'est, pourquoi, dans quel
Speaker:cas on peut lire. Alors je ne sais pas ce que toi tu en penses, parce que tu as fait des bandes dessinées aussi très
Speaker:expérimentales. Est-ce que tu pars du principe que la personne ou le public doit s'avertir lui-même,
Speaker:ou est-ce que tu ferais un petit manuel d'explication de la BD que vous allez lire ?
Speaker:Alors moi j'ai fait deux bandes dessinées, il y en a une qui s'appelle Robinson Suisse et l'autre qui
Speaker:s'appelle Saturnine. Et là il va y en avoir une troisième, parce qu'il y a une trilogie qui se
Speaker:passe sur une île, et à chaque fois il y a une introduction qui raconte pourquoi est-ce que j'ai
Speaker:fait ces bandes dessinées. Pourquoi est-ce qu'il y a cette introduction ? C'est parce que je pensais
Speaker:que c'était important pour ces bandes dessinées de raconter comment j'en suis venu à
Speaker:faire ces histoires. Mais il se trouve que pour ce projet précis, je trouvais
Speaker:que c'était intéressant et important de le faire. Après il y a d'autres livres où ce n'est pas du
Speaker:tout le cas, où je pense exactement le contraire. Il ne faut mettre aucune explication, même j'ai
Speaker:fait des livres aussi où il n'y avait aucun texte, etc. J'avais fait une exposition par exemple de
Speaker:drapeaux de pirates cousus à la main, et c'était des drapeaux de pirates qui s'inspiraient des
Speaker:drapeaux de pirates historiques. Je reprenais la même iconographie, mais pour raconter une
Speaker:histoire d'amour en dix cases. C'était comme une bande dessinée en dix cases sur les murs,
Speaker:avec des grands drapeaux. On pouvait suivre l'histoire, sans texte, comme des drapeaux,
Speaker:mais simplement des squelettes. Il y avait des cœurs, parce qu'il y a des cœurs qui saignent
Speaker:sur les drapeaux de pirates. Je me suis dit que je pouvais raconter une histoire d'amour en utilisant
Speaker:tous les éléments qu'il y a dans les drapeaux historiques, mais en les modifiant dans leur
Speaker:place, la place qu'ils occupent. J'avais fait des expositions, mais je n'avais pas raconté tout ce
Speaker:que je raconte maintenant. Je me suis dit que le mieux c'est de simplement les mettre comme ça,
Speaker:de bien faire en sorte qu'on les voit dans le bon ordre, et puis on va voir ce que ça donne du
Speaker:point de vue des lecteurs. La plupart des gens arrivaient à voir que c'était une histoire,
Speaker:mais à un moment donné, il y a un père de famille qui vient me voir et qui me dit « Ah ouais, avec
Speaker:notre famille, on a vu votre expo, c'était vraiment bien, etc. » Enfin, avec ma famille,
Speaker:ma femme, mes enfants. Puis je lui dis « Ah oui, vous avez vu que c'était une histoire ? » Puis là,
Speaker:en fait, il y a une espèce de silence. Il me regarde comme ça, puis il me dit « Non, mais notre petite
Speaker:fille a vu que c'était une histoire. » Et là, je me suis dit « Tiens, c'est marrant, parce que la
Speaker:petite fille, en fait, elle a vu directement que c'était une histoire, et eux, apparemment,
Speaker:ils n'ont pas vu ça. Ils se sont dit « Bon, c'est un enfant qui voit des histoires partout,
Speaker:je ne sais pas comment ils ont interprété ça, mais apparemment, j'ai bien senti qu'ils ne l'avaient
Speaker:pas cru. » Parce que quand j'ai dit que c'était une histoire, il y a eu une espèce de temps d'arrêt,
Speaker:où il s'est rendu compte qu'il avait raison, sa fille. Et là aussi, c'est parce que sa fille,
Speaker:elle n'a pas appris qu'une bande dessinée, c'est dans un livre. Il n'y a pas cette espèce de truc,
Speaker:je n'arrive pas à trouver le mot, mais elle est désinhibée. Et donc, elle voit directement ce
Speaker:que j'ai proposé. Eux, ils se disent « C'est des drapeaux pirates, donc ce n'est pas des cases
Speaker:des BD. » Donc, ils ne vont pas voir la BD, ils ne vont pas se dire que c'est une histoire,
Speaker:parce que les drapeaux de pirates ne racontent pas d'histoire. Donc là, en l'occurrence,
Speaker:je n'avais vraiment pas envie d'expliquer ça avant, je voulais vraiment que les gens
Speaker:y découvrent par eux-mêmes. Et après avoir lu « Un monde en pleine mutation », on commence
Speaker:à voir des histoires, des bandes dessinées sous plein de formats différents, en regardant
Speaker:des différentes choses. J'hésite, est-ce qu'on laisse la surprise aux gens, ils iront le feuilleter
Speaker:aussi. Oui, mais c'est vrai qu'on peut, si on regarde bien, on peut voir des bandes dessinées
Speaker:dans la vie de tous les jours. Là, par exemple, je vois un strip en trois cases avec ces trois
Speaker:fenêtres. Avec le ciel pas très bien dessiné d'ailleurs. Donc, ça ne raconte pas grand-chose,
Speaker:avec le ciel qui a l'air d'être peint et pas hyper bien peint. C'est ça qui est bizarre,
Speaker:parce que parfois la réalité, ça ressemble à un dessin un peu raté.
Speaker:C'est à quel moment qu'intervient l'éditeur ? Tu parlais de la place importante qu'il avait,
Speaker:tu parlais du fait délagué. Est-ce que c'est son rôle à lui ou est-ce que c'est la relation
Speaker:que tu vois ? Tu as travaillé en plus avec beaucoup d'éditeurs différents. Est-ce que
Speaker:tu peux m'expliquer ? La seule référence que j'ai d'éditeur, c'est un film dont je ne me
Speaker:souviens plus le titre malheureusement, mais qui était avec Leonardo DiCaprio et qui racontait la
Speaker:relation entre un éditeur et un auteur qui essayait de sortir un livre. C'est un film
Speaker:incroyable que je mettrai d'ailleurs. C'est vraiment l'histoire de comment est-ce que
Speaker:l'éditeur va accompagner son auteur à pouvoir vraiment raconter l'histoire qu'il a en lui.
Speaker:Du coup, j'ai vraiment cette image de c'est ça un éditeur. Est-ce que tu peux m'expliquer peut-être,
Speaker:est-ce qu'il y a différents types ? Comment ça fonctionne ? Est-ce qu'ils ont une vision ? Est-ce
Speaker:que tu vas avec un éditeur précis ? Est-ce que tu as un projet particulier ? Est-ce que c'est
Speaker:dans l'autre sens ? Comment ça fonctionne ? C'est assez compliqué d'en parler parce que
Speaker:justement, ils sont tous un peu différents et que j'ai des projets qui sont assez différents les
Speaker:uns des autres. Donc souvent, l'éditeur fait un gros travail de relecture, il fait un gros
Speaker:travail, il parle avec moi. J'ai jamais eu affaire à des censures. Par contre, ce n'est pas parce
Speaker:que peut-être dans la tête des gens, ils se disent ah ouais mais l'éditeur a dit qu'il fallait
Speaker:enlever ça parce que c'est pas comme ça que ça se passe. C'est une histoire de lisibilité. Ils disent
Speaker:ouais, on comprend pas bien. Ou alors, je me souviens pour le Western Revenge que j'ai fait
Speaker:avec de Houchi Kouchi, je me souviens qu'à un moment donné, ils avaient dit ah il y a un personnage,
Speaker:c'est dommage qu'il ne soit pas un peu plus développé ce personnage. Je me suis dit ok,
Speaker:je rajoute quelques pages sur ce personnage. On ne comprend pas bien. Ce n'était même pas une
Speaker:histoire de compréhension. Là, je me souviens que pour ce personnage, ils disaient ouais,
Speaker:ce serait bien qui soit un petit peu plus étoffé. Et donc, j'ai rajouté quelques pages. Mais bon,
Speaker:ça peut être des commentaires ou des choses très différentes selon le projet. Mais c'est un gros
Speaker:travail. Et l'éditeur, il fait vraiment un très, très gros travail. Souvent, on ne se rend pas
Speaker:compte quand on ne fait pas vraiment de livres. Je ne sais pas comment c'est vu justement par les gens
Speaker:qui ne font pas de livres, mais c'est vraiment des prises de risques, un travail de relecture,
Speaker:de fabrication du livre. Il y a beaucoup de choix à faire aussi. Puis ça, c'est un dialogue constant
Speaker:qu'on a entre auteur et éditeur. Tu fais partie de la bande dessinée indépendante.
Speaker:Ça veut dire quoi exactement ? C'est indépendante par rapport à quoi ? Est-ce que ça se joue aussi
Speaker:au niveau des éditeurs ? Alors, oui, tout à fait. En fait, c'est surtout la bande dessinée
Speaker:indépendante, c'est surtout les éditeurs qui sont indépendants au départ. C'est plutôt le fait que
Speaker:ce soit des éditeurs indépendantes qui fait qu'on parle de bande dessinée indépendante. C'est à
Speaker:dire que ce n'est pas des gros groupes, ce n'est pas des gros éditeurs. C'est des petits éditeurs
Speaker:qui sont souvent au départ des passionnés. Parfois, il y a beaucoup de maisons indépendantes qui sont
Speaker:en fait des auteurs de bande dessinée qui n'arrivaient pas à trouver une maison d'édition
Speaker:qui correspondait à ce qu'ils faisaient ou qui faisait des choses qui n'étaient peut-être pas
Speaker:assez commerciales, etc. Ils se sont dit qu'ils allaient s'éditer, qu'ils allaient se regrouper
Speaker:et puis qu'ils allaient monter une maison d'édition à notre image, à l'image du travail qu'on fait,
Speaker:qui correspond vraiment à ce qu'on veut faire. Et ça, ça a débuté, enfin il y a une espèce de
Speaker:mouvement qui a fait que maintenant on a beaucoup d'éditeurs indépendants en France, ou en langue
Speaker:française plutôt, parce qu'il y en a en Belgique et en Suisse aussi, même dans d'autres pays.
Speaker:Et en fait, ça a vraiment commencé dans les années 90. La maison d'édition qui
Speaker:est la plus représentative de ça, c'était pas les premiers, il y a eu d'autres choses avant,
Speaker:mais celle qui s'est vraiment démarquée, parce qu'elle a eu pas mal de succès, on a vraiment
Speaker:beaucoup parlé de ces bouquins, on en a fait beaucoup, c'est l'Association. D'ailleurs ça
Speaker:s'appelle l'Association parce que c'est une association d'auteurs justement. Et voilà,
Speaker:donc indépendante des choix commerciaux aussi, c'est-à-dire c'est des maisons d'édition qui font
Speaker:sont faites par des passionnés, donc qui veulent vraiment faire des beaux livres avec des choses
Speaker:intéressantes dedans, une bande dessinée qui leur plaît. C'est ça qui les intéresse le plus. Et
Speaker:donc ils vont publier des choses qui ne sont pas forcément commerciales. Il y a aussi ce qu'on
Speaker:appelle des locomotives, c'est-à-dire des livres qui se vendent bien, même si la bande dessinée est
Speaker:de très bonne qualité, qui se vend bien aussi, et qui permettent à l'éditeur de tenir. Et puis
Speaker:il y a d'autres choses qui peuvent être expérimentales, où ils savent qu'ils vont perdre de
Speaker:l'argent même parfois. Alors il faut vraiment bien calculer tout ça. Mais ils veulent le faire
Speaker:parce qu'ils trouvent que c'est un livre qui doit exister. Et c'est en ça qu'ils sont indépendants,
Speaker:des choix qui sont liés au commerce. Et alors les auteurs de bandes dessinées indépendantes,
Speaker:c'est souvent aussi des auteurs qui sont là aussi par choix artistique, par envie artistique,
Speaker:plus que pour gagner de l'argent au départ. Et donc c'est pour ça que je disais qu'il y a
Speaker:beaucoup d'auteurs et d'autrices qui font d'autres travaux à côté, qui gagnent leur vie avec d'autres
Speaker:choses. Parfois aussi dans le dessin, parfois pas. Mais qui ne gagnent pas forcément leur vie avec
Speaker:ce qu'elles font, parce que c'est des livres qui ne vont pas se vendre à beaucoup d'exemplaires,
Speaker:à suffisamment d'exemplaires pour vraiment en vivre. Mais c'est des gens qui veulent vraiment
Speaker:faire ces projets et y avoir le livre dans les mains de leurs bandes dessinées. Vraiment
Speaker:concrètement faire les projets qu'ils ont dans la tête. Donc si je comprends bien, c'est que tu
Speaker:fais le choix d'aller au bout de ton projet comme t'en as envie, plutôt que de t'arrêter sur non,
Speaker:ça n'a pas marché ou ça n'a pas fonctionné ou ce genre de choses. L'idée c'est d'aller jusqu'au
Speaker:bout et que ça existe dans le monde. Quand tu écris une bande dessinée, est-ce que toi aussi tu te dis
Speaker:c'est une histoire qui doit exister dehors ? Parce que si je comprends bien, tu crées d'abord l'histoire
Speaker:et ensuite tu vas avoir un éditeur pour la présenter. Ou est-ce que ça marche dans l'autre sens ?
Speaker:Depuis le temps que je fais ça, j'ai un peu des éditeurs avec qui je travaille régulièrement.
Speaker:Donc je ne me pose plus trop la question à quel éditeur je vais présenter ça,
Speaker:parce que souvent je le sais au départ. Je travaille avec plusieurs éditeurs donc je peux me poser la
Speaker:question, mais ça serait plutôt pour lui, ça m'est déjà arrivé. Mais très vite j'ai des réponses.
Speaker:Quoique, ça m'est arrivé aussi qu'il y ait un éditeur qui refuse. Ça m'est arrivé une seule fois
Speaker:qu'il y ait un refus pour des raisons politiques. C'était la bande dessinée sur l'histoire de la
Speaker:Palestine. Au départ j'avais pensé à l'association parce qu'en fait on avait déjà fait des pages avec
Speaker:Adeline Rosenstein, qui a fait cette pièce de théâtre, qui est une pièce de théâtre documentaire.
Speaker:Et donc on a décidé de l'adapter en bande dessinée. Et puis comme on avait fait déjà des pages
Speaker:ensemble dans un deux, en plus d'une scène qu'elle n'avait pas pu mettre dans la pièce, elle s'est dit
Speaker:tiens ça pourrait être bien en bande dessinée. Dans un recueil où j'étais rédacteur en chef, puis j'ai
Speaker:demandé à différentes personnes qui n'étaient pas forcément dans le monde de la bande dessinée
Speaker:de participer. Je me suis dit Adeline ce serait intéressant. Et donc elle avait fait un scénario,
Speaker:puis c'est moi qui avais fait le dessin. Je me suis dit comme je la connais, c'est mieux que ce
Speaker:soit... Au départ je me suis dit tiens je pourrais la faire travailler avec quelqu'un. Puis je me suis
Speaker:dit je la connais bien, elle n'a jamais fait de BD, je vais faire ça avec elle. Et donc dans ce
Speaker:magazine qui est sorti chez l'association, pendant une dizaine de mois, il y avait chaque mois un
Speaker:numéro qui sortait avec chaque fois un rédacteur en chef différent. Et le rédacteur en chef c'était
Speaker:quelqu'un, c'était une autrice ou un auteur qui faisait partie du comité éditorial à l'époque de
Speaker:l'association. Et ça s'appelait Mon Lapin. Et moi j'avais fait le numéro d'octobre. Octobre de
Speaker:quelle année ? 2013 je pense. Je me suis peut-être encore gouré niveau de l'année. Et donc j'avais
Speaker:fait participer des gens qui n'étaient pas du monde de la BD. Et après ces cinq pages sur un
Speaker:épisode de l'expédition d'Egypte avec Napoléon, qu'elle n'avait pas pu mettre dans sa pièce. Je
Speaker:lui ai dit mais pourquoi on ne ferait pas carrément une adaptation de toute la pièce. Parce que c'est
Speaker:une pièce qui est très longue, parce que c'est en six épisodes. Six épisodes de 30 minutes. Et
Speaker:elle a dit ok etc. Donc on a commencé à travailler là dessus. Et puis à un moment donné, comme on
Speaker:avait fait ces pages à l'association, j'ai proposé ça à l'association. Et elles ont été refusées avec
Speaker:des commentaires politiques, style comme quoi on avait trop critiqué la France, des choses comme
Speaker:ça. Bon je pense c'était surtout que, comme il y avait aussi une grosse critique de l'état d'Israël,
Speaker:peut-être qu'ils trouvaient ça trop partisan, je ne sais pas exactement. Je crois que c'est
Speaker:surtout un des auteurs, une des personnes de la comité, qui était contre d'après ce qu'on a
Speaker:dit. Mais bon, toujours est-il que ça a été refusé. Donc après je me suis dit mais je vais voir avec
Speaker:Attrabil. Et en fait je suis tellement content d'avoir fait ça avec Attrabil. Parce que justement, on parlait du
Speaker:trade éditeur, là Daniel Pellegrino des éditions Attrabil, il a eu, en tant qu'éditeur, il a
Speaker:vraiment fait des remarques. Il y a carrément des pages qui ont été faites parce
Speaker:qu'il a posé une question simplement en disant... En fait dans la pièce il y avait
Speaker:une scène où ils expliquaient ce que c'était qu'un événement en histoire et en
Speaker:théâtre contemporain. Et Daniel il a dit mais comme c'est une bande dessinée, pourquoi est-ce qu'il n'y aurait
Speaker:pas aussi un événement en bande dessinée ? Et là on a fait les pages peut-être les plus marquantes de
Speaker:la BD d'ailleurs, de cette BD, parce que c'était des pages assez spéciales. Bon je vais pas tout
Speaker:révéler, mais allez voir Décry Ravage. Donc il y a trois épisodes pour l'instant.
Speaker:On est en train de faire le quatrième, alors j'espère qu'on va pouvoir bien travailler parce que
Speaker:comme Madeline elle est très prise en ce moment, il faut qu'on trouve un moyen de travailler ensemble.
Speaker:On a déjà travaillé ensemble au mois de décembre, il faudrait qu'on s'y remette.
Speaker:Mais alors ça par exemple, comment on s'organise le travail ensemble ? Vous faites au téléphone, vous vous voyez en face, vous avez un
Speaker:agenda de ce qui a été discuté ? C'est assez différent selon nos disponibilités, selon le
Speaker:projet. Alors souvent elle me file des textes et moi je fais des planches et je lui présente les planches
Speaker:puis elle me dit ce qu'il faut changer, ce qu'il faut pas changer, ce qui est bien et tout. Mais il y a
Speaker:plusieurs, dans ce projet en fait, il y a plusieurs chapitres assez différents les uns des autres.
Speaker:Il y a un chapitre historique qui est décidé d'une certaine manière, il y a des témoignages qui sont
Speaker:dessinés d'une autre manière, enfin qui a un système de case d'une autre manière, un dessin aussi
Speaker:assez différent. Il y a aussi des extraits de pièces en arabe qui n'ont jamais été traduites
Speaker:dans une autre langue. Il y a aussi ce qu'elle appelle les crapules, ça c'est les
Speaker:différents états, les différentes puissances européennes de l'époque qui sont dessinées,
Speaker:qui sont incarnées en personnages grotesques, un peu comme dans les caricatures, enfin totalement,
Speaker:c'est totalement inspiré des caricatures du 19e siècle et du début du 20e siècle. Et je crois que j'ai tout dit.
Speaker:Et donc vous faites des allers-retours entre les textes qu'elle t'envoie, tes propositions ?
Speaker:Et parfois on discute, on revoit, il faut faire relire aussi, parce que comme c'est un projet aussi historique,
Speaker:il faut faire relire par des historiens, faire relire par d'autres, des gens qui ne connaissent pas forcément le sujet,
Speaker:mais pour voir s'il y a une compréhension. Et puis on change plein de trucs jusqu'au dernier moment.
Speaker:C'est pour ça que j'avais dit qu'elle avait changé aussi les phrases, et puis que c'était l'éditeur qui avait utilisé mes lettres
Speaker:et que j'avais vu la différence. Voilà, c'est un gros travail.
Speaker:C'est toi qui t'occupes de faire relire à toutes ces différentes personnes ou c'est le travail de l'éditeur ?
Speaker:Là, en l'occurrence, pour ce projet, c'était surtout Adeline. Comme elle avait fait sa pièce, elle était déjà en contact avec
Speaker:les historiennes, les historiens avec qui elle a travaillé pour la pièce et qui ont relu.
Speaker:Et aussi, elle a trouvé les gens qui ont écrit les préfaces.
Speaker:On l'a mentionné un peu avant, ton expérience dans la création touche à beaucoup de sujets différents, à beaucoup de mondes différents aussi.
Speaker:Comment tu vois ça ? C'est des explorations, de passer du western, passer sur une histoire qui se passe sur une île,
Speaker:ensuite on apparaît de la librairie, Chakal Hebdo qui est encore une complètement autre thématique.
Speaker:Comment est-ce que tu vois ça ? C'est l'envie du moment, c'est l'opportunité, c'est l'idée qui te vient ?
Speaker:Ouais, en fait, c'est des envies. Alors moi, j'aime bien les genres. C'est pour ça que j'ai fait un livre de pirate, un western.
Speaker:Là, c'est une trilogie que j'ai, c'est Houchi Kouchi. C'est-à-dire, il y a l'histoire de pirate, il y a un western,
Speaker:et ensuite il y aura une histoire de science-fiction, enfin un space opéra.
Speaker:Je voulais te demander ce que ça voulait dire.
Speaker:Un space opéra, c'est par exemple la guerre des étoiles au Star Trek. C'est-à-dire que dans la science-fiction, il y a différents genres.
Speaker:Il y a le post-apo, post-apocalyptique. Il y a le cyberpunk, le steampunk. Il y a toutes sortes de choses.
Speaker:Et il y a le space opéra. Le space opéra, c'est intergalactique. C'est dans les étoiles, il y a les vaisseaux spatiaux, etc.
Speaker:C'est tout ça, le space opéra.
Speaker:Et pourquoi on appelle ça opéra ? Je trouve ça trop long.
Speaker:Alors, pourquoi on appelle ça opéra ? Je ne sais pas. Est-ce qu'il y a d'autres choses qu'on appelle opéra aussi ?
Speaker:D'autres genres qu'on appelle opéra ? Je ne le trouve pas, mais bon, bref.
Speaker:Donc, ce sera intergalactique ?
Speaker:Intergalactique, oui. Ce sera dans l'univers, il y aura des étoiles, des vaisseaux spatiaux, des planètes surtout.
Speaker:Une planète avec un anneau qui tourne autour.
Speaker:Tu travailles toujours sur plusieurs projets en même temps, en fait ?
Speaker:Oui, toujours. Et puis, à un moment donné, il y a un projet que je dois vraiment terminer. Et puis là, je ne fais que ça.
Speaker:C'est la priorité.
Speaker:Alors là, je suis super content parce que hier, j'ai terminé les fonds de couleurs de Tantreau-Binson.
Speaker:Donc, c'est dans la trilogie sur l'île.
Speaker:Et j'ai déjà fait le storyboard, j'ai déjà fait la couverture que j'ai donnée à l'éditeur, d'ailleurs.
Speaker:J'ai déjà fait les pages de garde, c'était assez long.
Speaker:Et puis, l'introduction, la fameuse introduction dont j'ai parlé tout à l'heure.
Speaker:Et là, j'ai fait les fonds de toutes les pages parce que c'est un livre en couleurs où j'utilise des papiers de couleurs.
Speaker:Comme pour Saturnin ?
Speaker:Oui, Saturnin et puis Robinson 6. Robinson 6, Saturnin et maintenant Tantreau-Binson.
Speaker:Et donc, j'ai fait toutes les pages, 120 pages de cases. Il y a tout qui est fait.
Speaker:Et il n'y a plus qu'à faire des dessins par-dessus et rajouter des bulles.
Speaker:Tu travailles toujours tout seul ? Dans ce genre de cas, j'exclus évidemment les collaborations où chacun a son rôle.
Speaker:Mais dans la création ?
Speaker:Alors, ça m'est arrivé de dessiner avec d'autres gens aussi.
Speaker:C'est-à-dire que, par exemple, avec Ibn al-Rabin, on a fait une bande dessinée où on a dessiné ensemble.
Speaker:En fait, lui, il avait commencé une bande dessinée, il avait fait quelques pages.
Speaker:Et en plus, dans les pages qu'il avait faites, il y avait des choses qui n'étaient pas terminées.
Speaker:Et il m'a dit, écoute, j'ai commencé cette bande dessinée, je ne sais pas trop ce que je vais en faire.
Speaker:Est-ce que toi, ça te dirait de terminer les planches et puis d'en faire d'autres ?
Speaker:Et puis, j'ai dit ouais, ok. Donc, j'ai terminé les planches qu'il avait commencées.
Speaker:Bon, il y avait certaines planches qui étaient terminées et puis d'autres qui étaient partiellement dessinées.
Speaker:Et puis, j'ai fait quelques planches terminées et puis j'en ai laissé partiellement dessinées.
Speaker:Et lui, il a terminé les planches que j'avais partiellement dessinées.
Speaker:Il en a fait d'autres terminées, etc., etc.
Speaker:Et ça a donné une bande dessinée qui s'appelle Dormez-vous.
Speaker:Parue chez Atrabil.
Speaker:Mais alors quand ?
Speaker:Je la mettrais aussi.
Speaker:Pareil, c'est au début des années 2000.
Speaker:Je ne sais pas. Au hasard, je dirais 2005, un truc comme ça.
Speaker:Mais du coup, tu n'as pas de personne qui exécute pour toi un dessin pour une bande dessinée, par exemple,
Speaker:qui fait les fonds de couleurs à ta place ou ce genre de choses.
Speaker:C'est marrant comme concept. Un assistant.
Speaker:Par exemple ?
Speaker:Un domestique, en fait. Un esclave.
Speaker:Non, je te demande parce que tu vois, on m'a déjà contacté en l'occurrence.
Speaker:Des gens qui disent j'adore le monde du podcast.
Speaker:Est-ce que je pourrais t'aider ? Est-ce que je peux couper des choses ?
Speaker:Tu veux quelqu'un qui te propose son aide.
Speaker:Pas un esclave.
Speaker:Mais j'imagine qu'il y a des gens qui t'ont déjà contacté.
Speaker:Non, jamais.
Speaker:Jamais ?
Speaker:Il n'y a jamais des gens qui m'ont dit je peux faire...
Speaker:Un stage ?
Speaker:Un stage ?
Speaker:Chez Alex Benelli.
Speaker:Non, mais en fait, c'est quand même un travail très solitaire.
Speaker:Et donc, je trouvais ça un peu bizarre de faire un stage.
Speaker:Je ne comprends pas.
Speaker:À part boire du café avec moi, je ne sais pas.
Speaker:Je vais souvent travailler dans des cafés.
Speaker:C'est pour ça que je dis ça.
Speaker:J'aime bien partir loin de chez moi.
Speaker:Alors, ça dépend.
Speaker:Ça dépend des périodes.
Speaker:En ce moment, je travaille beaucoup chez moi.
Speaker:Il y a des périodes entières où je n'arrive pas à travailler chez moi.
Speaker:Il faut que je travaille dans un café qui est souvent à au moins une demi-heure de marche.
Speaker:Comme ça, je fais au moins une heure de marche pour aller revenir.
Speaker:Bon, j'ai besoin de marcher en fait.
Speaker:Généralement, je marche au moins une heure par jour.
Speaker:Ou plutôt deux heures tous les jours.
Speaker:Je fais beaucoup de marche.
Speaker:J'ai besoin de m'aérer.
Speaker:Et puis, j'aime bien travailler dans des cafés parce que je suis loin de chez moi.
Speaker:Je suis dans un endroit où il y a un peu de vie aussi, tout autour de moi.
Speaker:Et puis, je suis dans un autre endroit.
Speaker:Voilà, ça m'aide.
Speaker:Mais comme je disais, c'est un peu par période.
Speaker:Il y a des périodes où je travaille chez moi et je vais très peu dans les cafés.
Speaker:Bon bref, ça dépend.
Speaker:Est-ce que tu connais Webtoon ?
Speaker:Ça te dit quelque chose ?
Speaker:Oui.
Speaker:C'est une application de bandes dessinées qui sont numériques.
Speaker:Oui.
Speaker:Je te demande parce qu'on a rigolé avec des copains parce qu'ils ont toujours des histoires.
Speaker:Ils se sont foulés le poignet.
Speaker:Enfin, il leur a eu des trucs de ouf.
Speaker:Les dessinateurs ont l'air de tous être très productifs.
Speaker:Et je te demandais ça parce qu'ils parlent souvent des assistants qui font les mises en couleur, etc.
Speaker:Il me semble que l'une des raisons, c'est que les dates auxquelles ils doivent livrer la bande dessinée en cours de création sont très limitées.
Speaker:Donc, ils font de la segmentation de travail.
Speaker:C'est lucide ou quoi ?
Speaker:Je pense que ça fait partie du modèle économique qui est proposé, en tout cas.
Speaker:Mais c'est pour ça que je me demandais si c'était une façon de travailler que tu avais déjà essayé.
Speaker:Tu vois, par exemple, ce que je voulais te demander aussi, c'est quand tu fais des collaborations,
Speaker:est-ce que tu as des collaborations rêvées ?
Speaker:Est-ce qu'il y a des gens que tu vas contacter en disant j'ai lu ça, est-ce que ça te dirait comment ça marche ?
Speaker:Non, mais ça se fait un peu comme ça avec des amis.
Speaker:Par exemple, il y a un ami qui s'appelle Mezzo.
Speaker:C'est un dessinateur.
Speaker:Il y a des années de ça.
Speaker:Je ne sais plus comment c'était.
Speaker:Plus de dix ans, il y a quinze ans, je ne sais plus.
Speaker:Il m'a proposé de faire des images avec lui.
Speaker:Mais faire un portfolio de six images.
Speaker:Non, il y en a eu plus.
Speaker:Non, s'il n'y en avait pas plutôt douze.
Speaker:Je ne sais plus maintenant.
Speaker:Bon, bref.
Speaker:D'avoir chacun un personnage de catcheuse.
Speaker:Chacun, on imagine un personnage de catcheuse et on les fait se rencontrer et se battre dans différents endroits.
Speaker:Et donc, il y a six dessins où j'ai fait le crayonné et lui, il l'a ancré.
Speaker:Et six autres dessins où c'est lui qui a fait le crayonné et moi, je l'ai ancré.
Speaker:Enfin, partiellement parce que souvent, notre catcheuse, on l'a toujours dessiné nous et ancré nous, je crois.
Speaker:Je ne sais plus.
Speaker:Bref, on a tout mélangé.
Speaker:Et c'était assez intéressant à faire.
Speaker:Et ensuite, il y a l'éditeur de la cafetière.
Speaker:C'est édité à la cafetière.
Speaker:Il a fait un portfolio.
Speaker:Enfin, il a fait, sérigraphé, il a fabriqué.
Speaker:Justement, il a dû réfléchir comment faire ça.
Speaker:C'est comme une espèce de carton de pizza, mais une mini pizza.
Speaker:L'emballage.
Speaker:Et il a trouvé des sérigraphes pour sérigraphier ça.
Speaker:Et voilà, c'était vraiment un super travail à faire ensemble.
Speaker:Surtout que c'est un dessinateur vraiment assez impressionnant.
Speaker:Et sinon, j'ai fait une petite patte de mouche.
Speaker:Je disais que c'était une collection à l'association de tout petit livre.
Speaker:Avec ma copine Carola, qui n'est pas du tout dans la bande dessinée, qui ne dessine pas normalement.
Speaker:Elle est plutôt dans la musique.
Speaker:Et elle fait du sound design pour des pièces de théâtre ou des performances d'artistes.
Speaker:Mais elle fait aussi de la musique, elle fait aussi des concerts, etc.
Speaker:Et là, on a fait une bande dessinée où, pareil, ses crayonnés, je les ai ancrés.
Speaker:Elle a ancré mes crayonnés.
Speaker:Et on a raconté une petite histoire qui nous est arrivée.
Speaker:Parce qu'on a fait une randonnée.
Speaker:On a dormi à la Belle Étoile.
Speaker:Et là, on a vu Starling.
Speaker:On a vu des pointillés dans la nuit.
Speaker:Et c'était vraiment assez incroyable.
Speaker:Parce qu'on ne savait pas du tout ce que c'était à l'époque.
Speaker:Et après, on a fait des recherches.
Speaker:On a compris que c'était Elon Musk.
Speaker:On a aussi compris que ce n'était pas des OVNIs non plus.
Speaker:Parce qu'on s'est dit, non, pas cette vitesse.
Speaker:Pas de cette manière.
Speaker:Ça a l'air trop humain.
Speaker:Bon, bref.
Speaker:Et on a raconté tout ça dans une petite BD
Speaker:qui s'appelle Pointillés dans la nuit.
Speaker:Donc, c'est le genre de collaboration que tu fais en plus, à côté,
Speaker:qui vient se greffer à tout le reste.
Speaker:Oui, d'ailleurs, on a fait autre chose.
Speaker:On a fait une autre BD, ensemble, avec Carola.
Speaker:Là, c'est elle qui a...
Speaker:Elle a trouvé les personnages.
Speaker:Et puis, l'histoire.
Speaker:Mais en fait, c'est une histoire assez spéciale.
Speaker:Parce que c'est quatre personnages.
Speaker:Et puis, c'est...
Speaker:Les quatre personnages,
Speaker:il y a à chaque fois une petite bande dessinée
Speaker:de présentation de ces personnages.
Speaker:Il leur arrive un peu des choses.
Speaker:Et ça se passe dans la montagne.
Speaker:Et ensuite, on a fait...
Speaker:Donc, elle, elle a fabriqué...
Speaker:Une fois que j'avais fait les dessins,
Speaker:elle a fabriqué le livre en sérigraphie.
Speaker:Alors qu'elle n'avait jamais fait de sérigraphie.
Speaker:Et en plus, c'était...
Speaker:Elle avait accès à un atelier de sérigraphie.
Speaker:C'était pendant le Covid, donc je ne pouvais pas venir avec elle.
Speaker:Donc, elle a dû tout faire elle-même.
Speaker:Et...
Speaker:Elle a fabriqué
Speaker:quatre exemplaires.
Speaker:Sérigraphiés, donc.
Speaker:Coups humains.
Speaker:Moi, après, j'ai rajouté des choses
Speaker:au stylo.
Speaker:Disons, sur chaque exemplaire.
Speaker:Un texte qu'on a...
Speaker:Enfin, qu'elle a trouvé elle.
Speaker:Après, je l'ai calligraphié. Il y a un petit bout de bois.
Speaker:Bref.
Speaker:Et...
Speaker:Un petit bout de bois qui pend
Speaker:de la couture.
Speaker:Je parle de ça.
Speaker:Avec un très beau papier, etc.
Speaker:Et...
Speaker:Et ensuite, on a cousu l'humain
Speaker:durant une résidence
Speaker:à Bruzon. C'est un petit village dans le Valais.
Speaker:Dans les montagnes suisses.
Speaker:Dans les Alpes-Suisses.
Speaker:On a cousu les portraits
Speaker:des quatre personnages.
Speaker:Et on a fait comme une installation
Speaker:où on voit les portraits cousus.
Speaker:Mains et le livre.
Speaker:Sur un présentoir.
Speaker:Et ensuite, on a tout vendu
Speaker:à une fondation d'art contemporain.
Speaker:Voilà.
Speaker:C'était assez intéressant à faire.
Speaker:C'est là où je me dis
Speaker:que toutes les personnes qui, comme moi,
Speaker:ont un emploi à plein temps
Speaker:on va derrière notre ordinaire.
Speaker:Qu'est-ce qu'on fait ?
Speaker:C'est chouette de savoir que...
Speaker:Merci de nous raconter tout ça.
Speaker:De voir ce qui existe aussi en dehors.
Speaker:C'est assez différent
Speaker:des autres projets
Speaker:que j'ai en bande dessinée.
Speaker:C'est marrant.
Speaker:En même temps, il y a un lien direct.
Speaker:Ça reste de la bande dessinée.
Speaker:En plus, vous le faites aussi
Speaker:dans un contexte artistique.
Speaker:Quand vous allez créer
Speaker:dans les montagnes suisses,
Speaker:ça s'embarque comme cadre.
Speaker:Tu vas me dire si j'ai bien compris.
Speaker:C'est la bande dessinée francophone
Speaker:de laquelle on parle actuellement.
Speaker:Comme j'ai commencé en français,
Speaker:j'ai une traduction en anglais
Speaker:d'un bouquin que j'avais fait.
Speaker:Mais je n'ai jamais fait
Speaker:dans d'autres langues.
Speaker:J'ai participé ici à Berlin.
Speaker:Mais comme je n'ai pas vraiment de lien,
Speaker:à moins de faire directement
Speaker:un truc en allemand
Speaker:ou dans une autre langue,
Speaker:j'ai déjà mes éditeurs
Speaker:avec qui je travaille depuis des années.
Speaker:Il faudrait que je recommence
Speaker:si je veux faire dans une autre langue,
Speaker:que je fasse directement dans une autre langue
Speaker:et que je prenne contact
Speaker:avec des nouveaux éditeurs.
Speaker:Mais là, j'ai tellement déjà
Speaker:dans les projets que je suis en train de faire
Speaker:que je ne l'ai pas fait.
Speaker:Les éditeurs francophones
Speaker:sont-ils aussi
Speaker:dans la francophonie
Speaker:ou est-ce qu'il y a des projets
Speaker:de rassemblement de bandes dessinées
Speaker:dans le monde entier ?
Speaker:Il y a le festival d'Angoulême
Speaker:qui est notamment la grande baisse
Speaker:de la bande dessinée,
Speaker:la grande rencontre dans le monde francophone.
Speaker:Est-ce qu'il y en a d'autres ?
Speaker:J'avoue que je n'ai pas regardé
Speaker:comment ça marchait, mais est-ce qu'il y a des pays
Speaker:par exemple à l'honneur où on invite ?
Speaker:Oui, tout à fait.
Speaker:J'ai été moi-même invité dans d'autres festivals,
Speaker:dans d'autres pays
Speaker:où il y a
Speaker:des scènes de bandes dessinées
Speaker:et puis on se rencontre aussi à Angoulême,
Speaker:il y a des traductions
Speaker:de bandes dessinées chez les indépendants
Speaker:qui sont traduites chez d'autres maisons d'édition,
Speaker:chez d'autres indépendants dans d'autres pays,
Speaker:etc.
Speaker:J'ai deux questions là-dedans.
Speaker:D'une part, c'est quelle évolution
Speaker:tu as vue sur toutes ces années
Speaker:par rapport au monde de la bande dessinée
Speaker:et par rapport au rapport du public
Speaker:à la bande dessinée ?
Speaker:J'ai entendu qu'il y avait de plus en plus
Speaker:de bandes dessinées qui étaient produites
Speaker:actuellement,
Speaker:dans la diversité des différentes bandes dessinées
Speaker:qui existent et en même temps
Speaker:il y a, je ne sais pas s'il y a
Speaker:une baisse d'intérêt du public
Speaker:ou il y a moins de connaissance du public
Speaker:des bandes dessinées.
Speaker:Est-ce que tu as des comparaisons
Speaker:dans le monde avec d'autres pays ?
Speaker:Je dirais que dans les années
Speaker:90 quand j'ai commencé,
Speaker:j'ai failli dire 90.
Speaker:Déjà on était surtout des mecs,
Speaker:alors que maintenant il y a quand même beaucoup d'autrices.
Speaker:Mais au début des années 90
Speaker:c'était surtout des hommes
Speaker:dans la bande dessinée.
Speaker:Il y a cette bande dessinée francophone
Speaker:de Suisse, France
Speaker:et Belgique et puis
Speaker:il y avait d'autres pays
Speaker:où il n'y avait pas encore vraiment
Speaker:beaucoup de bandes dessinées. Justement l'Allemagne
Speaker:à l'époque,
Speaker:je pense que c'est après
Speaker:les années 2000, c'est surtout aussi
Speaker:avec l'association
Speaker:avec son best-seller
Speaker:Persepolis, je pense que ça aussi ça a donné
Speaker:envie.
Speaker:Et puis il y a aussi
Speaker:Maus de Spiegelman,
Speaker:des choses comme ça qui ont eu
Speaker:un succès international.
Speaker:Et c'est là que la bande dessinée
Speaker:un petit peu pour adultes
Speaker:s'est développée.
Speaker:Une autre forme de bande dessinée justement,
Speaker:c'est la bande dessinée qui est mise en avant par
Speaker:les boîtes indépendantes.
Speaker:Et c'est là que
Speaker:il y a eu différents pays où tout d'un coup
Speaker:il y a eu des scènes de bande dessinée,
Speaker:d'autrices, d'auteurs indépendants
Speaker:qui sont créées
Speaker:des espèces de scènes. Et voilà, ça s'est
Speaker:beaucoup développé. Maintenant on dit qu'il y a
Speaker:une surproduction.
Speaker:Il y a surtout beaucoup de choses très intéressantes qui se font.
Speaker:En ce moment
Speaker:c'est un peu difficile.
Speaker:Pour certains
Speaker:éditeurs
Speaker:c'est vraiment
Speaker:difficile de survivre.
Speaker:Il y a toutes sortes de problèmes.
Speaker:Pour des libraires aussi.
Speaker:Et puis pour les autrices et les auteurs aussi.
Speaker:C'est pas évident.
Speaker:Et voilà, on est dans une période
Speaker:assez difficile en fait.
Speaker:Et paradoxalement
Speaker:il y a
Speaker:des super bandes dessinées
Speaker:super intéressantes qui sortent.
Speaker:Et je trouve que... Moi je me suis
Speaker:remplongé un peu dans ces années
Speaker:90 en faisant un monde en pleine mutation
Speaker:justement. Et je me disais
Speaker:quand je cherchais des références
Speaker:à citer parmi les bandes dessinées
Speaker:que les jeunes ados pouvaient lire
Speaker:dans cette librairie, donc ça se passe en
Speaker:94.
Speaker:Parfois je cherchais,
Speaker:je me disais, ah il pourrait parler de telle BD.
Speaker:Puis je m'aperçevais que la BD
Speaker:était sortie en 95, donc c'était
Speaker:quelques mois plus tard. Et en fait je me suis aperçu
Speaker:qu'en 94 il y a plein de trucs qui n'étaient pas
Speaker:sortis. Puis même
Speaker:il y a des bandes dessinées très
Speaker:intéressantes qui sont sorties à l'époque
Speaker:mais je trouve qu'aujourd'hui
Speaker:il y a vraiment des trucs beaucoup plus
Speaker:intéressants. Enfin je veux dire
Speaker:il y a vraiment des choses super.
Speaker:Et c'est dommage
Speaker:qu'en même temps
Speaker:il y a une telle...
Speaker:Il y a un désintérêt aussi. Enfin il y a un moment donné
Speaker:il y a eu un gros intérêt. Justement
Speaker:quand il y a eu ses succès avec Maus,
Speaker:Persépolis, etc.
Speaker:Il y a eu un intérêt pour la BD
Speaker:pour adultes
Speaker:un peu différents, etc.
Speaker:Et puis ensuite
Speaker:il y a eu d'autres intérêts, il y a eu une surproduction.
Speaker:Les différents facteurs qui font
Speaker:que maintenant c'est difficile.
Speaker:Et
Speaker:je t'écoute avec des ronds yeux
Speaker:comme tu vois. Parce que je me disais que Persépolis
Speaker:et Maus, en effet moi je l'avais lu
Speaker:chez mes parents, les deux.
Speaker:Donc ils étaient aussi arrivés chez nous.
Speaker:Et en même temps
Speaker:je me disais aussi que
Speaker:ces moments où ça avait
Speaker:créé des grands moments, enfin justement
Speaker:quand c'était sorti cet intérêt,
Speaker:les personnes vieillissent
Speaker:et les gens qui viennent après ils n'ont pas forcément
Speaker:cette culture à ce moment-là.
Speaker:Tu vois ce que je veux dire ? Il refaudrait un moment
Speaker:où on les remet en contact.
Speaker:Parce qu'on s'est rendu compte, dans le book club
Speaker:notamment, qu'on n'avait pas
Speaker:grandi avec la même
Speaker:connexion aux bandes dessinées ou la même
Speaker:culture transmise par ses parents
Speaker:et qu'en fait, si c'est pas dans
Speaker:le cadre familial ou la bibliothèque,
Speaker:enfin si t'es pas introduit à la bande dessinée,
Speaker:c'est comme les autres arts,
Speaker:tu connais pas forcément et du coup
Speaker:tu y vas pas forcément non plus.
Speaker:Alors je fais des
Speaker:présentations dans les lycées
Speaker:pour un prix qui s'appelle le prix BDZoom.
Speaker:Alors c'est seulement à Genève,
Speaker:avec soit
Speaker:des autrices et des auteurs
Speaker:de Genève, soit des maisons d'édition
Speaker:de Genève.
Speaker:Donc il y a aussi des français
Speaker:ou des françaises qui ont été éditées
Speaker:justement par un tribune
Speaker:ou des choses comme ça qui participent.
Speaker:Et c'est un prix,
Speaker:en fait on fait
Speaker:des présentations dans des classes
Speaker:et après
Speaker:c'est le prix des lycéens en fait.
Speaker:C'est un prix des lycéens.
Speaker:Ensuite il y en a
Speaker:6 ou 7, je sais plus,
Speaker:qui ont été sélectionnés.
Speaker:Les lycéens doivent les lire
Speaker:et puis ensuite ils en choisissent juste
Speaker:3 et puis sur les 3
Speaker:ils choisissent une personne qui
Speaker:gagne un prix à la fin.
Speaker:Moi j'ai jamais gagné mais
Speaker:j'ai participé 4 fois.
Speaker:Je me suis retrouvé seulement une fois dans les 3 derniers.
Speaker:Mais
Speaker:j'ai fait beaucoup de présentations, j'en fais une trentaine
Speaker:à chaque fois, un peu plus même.
Speaker:Je crois que la dernière fois j'ai fait 34.
Speaker:Par an ?
Speaker:Alors c'est pas tous les ans parce que j'ai pas forcément
Speaker:un livre qui correspond à ça
Speaker:qui est sélectionné tous les ans.
Speaker:La première fois que j'ai fait ça
Speaker:c'était il y a 8 ans, quelque chose comme ça.
Speaker:Je dirais.
Speaker:Mais la tournée c'est quand même 30 présentations
Speaker:quand tu participes.
Speaker:30 lycées différents, c'est ça ?
Speaker:30 classes différentes.
Speaker:Parfois il y a plusieurs classes dans le même lycée
Speaker:et puis c'est réparti, c'est un casse-tête pour les gens qui
Speaker:organisent ça parce que
Speaker:il doit voir avec les professeurs, il doit voir
Speaker:avec l'autrice ou l'auteur
Speaker:et il doit voir
Speaker:quand c'est possible, etc.
Speaker:C'est très compliqué à mettre
Speaker:en place.
Speaker:Je me suis rendu dans les différents
Speaker:lycées.
Speaker:Parfois j'en fais plusieurs par jour.
Speaker:Ça va jusqu'à 5 par jour.
Speaker:C'est assez mine de rien.
Speaker:En fait c'est surtout que
Speaker:comme je dois présenter
Speaker:mon livre, c'était un monde en plénutation
Speaker:la dernière fois que j'ai fait ça par exemple.
Speaker:Quand il y en a 5
Speaker:par jour, les cinquièmes, je ne sais plus
Speaker:ce que j'ai déjà dit ou ce que je n'ai pas encore dit.
Speaker:J'en ai discuté avec des profs, ils me disent
Speaker:on a la même chose avec les cours parce qu'on a
Speaker:plusieurs classes.
Speaker:Donc voilà.
Speaker:5 par jour c'est un peu beaucoup
Speaker:mais 3-4 ça va.
Speaker:C'est super, en fait moi j'aime bien faire ça.
Speaker:Mais je me suis rendu compte en fait depuis la première
Speaker:fois que j'ai fait ça
Speaker:et puis là ces derniers mois
Speaker:où j'ai participé
Speaker:à ça, je me suis aperçu que
Speaker:enfin je pose la question
Speaker:est-ce que vous lisez des bandes dessinées et je me suis
Speaker:aperçu que maintenant il y a de moins en moins de gens
Speaker:qui en lisent.
Speaker:En fait
Speaker:au fil des années il y en a de moins en moins
Speaker:et là la dernière fois c'était vraiment
Speaker:incroyable à quel point
Speaker:il n'y a aucun élève qui en lisait quoi.
Speaker:Et alors de temps en temps
Speaker:il y a une ou deux personnes qui disent ah je lis des
Speaker:mangas, je leur dis ben c'est de la bande dessinée aussi.
Speaker:Et parfois ils disent
Speaker:je lisais des mangas avant
Speaker:mais j'ai arrêté.
Speaker:Et souvent c'était
Speaker:même pas en livre en fait
Speaker:c'était sur écran quoi.
Speaker:Voilà donc ces gens là en fait je sais pas
Speaker:si par la suite
Speaker:quand ils vont être adultes il y en a qui vont
Speaker:peut-être être intéressés par la bande dessinée
Speaker:indépendante parce que tout d'un coup
Speaker:il y a un sujet qui les intéresse
Speaker:je sais pas par exemple le masculinisme
Speaker:et puis ils vont lire
Speaker:en territoire ennemi
Speaker:parce qu'il y a une bande dessinée qui parle de ça
Speaker:qui est super.
Speaker:Ou un autre
Speaker:tout d'un coup ils vont s'intéresser
Speaker:ils veulent voir ce qui a été fait
Speaker:sur l'histoire de la Palestine
Speaker:puis ils vont lire
Speaker:l'adaptation de la pièce d'Adeline
Speaker:voilà.
Speaker:Donc peut-être qu'il y a des thèmes
Speaker:qui vont les intéresser puis du coup ils vont
Speaker:se retrouver à lire une bande dessinée.
Speaker:Après quand on n'a pas l'habitude de lire des BD
Speaker:je sais pas comment c'est
Speaker:de tout d'un coup se retrouver avec une BD dans les mains.
Speaker:Je suis tout à fait d'accord
Speaker:parce que moi j'en ai lu petite
Speaker:je m'en suis rendue compte après qu'ils avaient
Speaker:une sacrée collection mais je m'en suis pas rendue
Speaker:compte petite et
Speaker:j'ai déménagé en Allemagne et cette année
Speaker:je vais avoir 28 ans, je n'ai jamais acheté
Speaker:de bande dessinée de ma vie jusqu'à aujourd'hui
Speaker:jusqu'à très
Speaker:récemment parce que c'est basé
Speaker:sur deux choses, déjà Claire a ouvert
Speaker:sa librairie de bande dessinée, je me suis dit
Speaker:ah trop marrant comme ça j'en aurais 2-3
Speaker:pour quand les gens viennent me voir
Speaker:à Berlin, qu'ils aient quelque chose
Speaker:parce que je trouve ça sympa tu vois quand t'es
Speaker:dans un autre environnement que le tien
Speaker:de pouvoir dire bah tiens en plus je trouve que
Speaker:la bande dessinée est plus accessible qu'un livre pour le coup
Speaker:alors de dire
Speaker:voici 5 BD que j'adore que tu peux lire
Speaker:et en fait
Speaker:ça a commencé comme ça
Speaker:et comme dit Pluth à cette introduction
Speaker:et que tu découvres
Speaker:c'est fou quand même
Speaker:mais en effet
Speaker:moi ça a commencé en me disant
Speaker:quand les gens viendront me rendre visite
Speaker:ils auront quelque chose à dire
Speaker:c'est vraiment parti de là
Speaker:c'est marrant quand même, t'es pensée à la bande dessinée
Speaker:mais t'as aussi acheté des
Speaker:bouquins en français
Speaker:c'était ça l'idée quoi, d'avoir des trucs en français
Speaker:pour tes amis français
Speaker:vraiment de dire
Speaker:je sais pas pourquoi j'ai un souvenir de ça
Speaker:de quand j'allais chez des amis
Speaker:ou des amis de mes parents en vacances
Speaker:tu restes toujours farfouillée
Speaker:je fais partie
Speaker:de la génération qui a encore grandit sans téléphone
Speaker:c'est à dire que nous
Speaker:quand on allait dans un endroit qu'on connaissait pas
Speaker:t'arrivais vite au niveau du réunion de livres
Speaker:pour t'occuper l'après midi
Speaker:parce qu'il y avait rien d'autre à faire que de
Speaker:lire ou d'aller dehors quand t'étais au milieu de nulle part
Speaker:et c'est pour ça que j'ai gardé
Speaker:cette habitude là
Speaker:et en fait quand tu commences à découvrir
Speaker:tout ce qu'il y a dans la bande dessinée
Speaker:tous les différents genres
Speaker:tu te dis mais c'est trop bien
Speaker:tu peux avoir plein de choses différentes à proposer
Speaker:et comme je dis je trouve ça plus accessible
Speaker:le côté du dessin que juste le texte
Speaker:je trouve que de dire
Speaker:tiens en fait il y a un livre que je te recommande pendant la semaine
Speaker:où t'es là
Speaker:ça peut être plus dur d'y rentrer
Speaker:que des belles images où tu plonges
Speaker:dans un livre quoi
Speaker:mais du coup c'est arrivé
Speaker:moitard
Speaker:c'est pour ça que je voulais t'en parler
Speaker:te demander comment avait été la perception
Speaker:j'ai beaucoup lu à la librairie
Speaker:sinon tu vois la librairie de mon lycée
Speaker:quand j'étais petite
Speaker:quand j'étais plus jeune
Speaker:et au post déjeuner
Speaker:à la bibliothèque tu veux dire
Speaker:quand on avait une heure de libre parce que le prof est pas là
Speaker:et tu vas
Speaker:lire des bandes dessinées
Speaker:sans ni culture ni intérêt
Speaker:de particulier de quoi que ce soit
Speaker:c'est pour ça que je me demandais
Speaker:en même temps maintenant je dis beaucoup de webtoon
Speaker:mais tu vois c'est sur une application
Speaker:mais je trouve qu'en fait
Speaker:c'est intéressant
Speaker:parce que c'est pas une vidéo
Speaker:ce sont des personnages qui sont créés
Speaker:donc t'as vraiment
Speaker:ce côté univers qui te détache du réel
Speaker:qui te fait plonger dans le réel
Speaker:autrement je sais pas comment il faut le dire
Speaker:mais c'est pas des vidéos d'une personne que tu connais
Speaker:c'est par un influenceur, c'est par un créateur de contenu
Speaker:et en même temps il y a
Speaker:toutes les idées
Speaker:qu'on te fait passer par exemple dans un
Speaker:je pense une BD que j'aime beaucoup
Speaker:qui s'appelle Illicide
Speaker:où c'est des gens qui ont des pouvoirs surnaturales
Speaker:les pouvoirs surnaturels c'est
Speaker:peut-être plus simple de le faire en bande dessinée
Speaker:qu'avec une vidéo par exemple
Speaker:et en plus
Speaker:vu qu'elles sont publiées une fois par semaine
Speaker:le chapitre d'après
Speaker:mais tout ça c'est sur digital
Speaker:donc c'est dur à partager avec d'autres personnes
Speaker:alors qu'un
Speaker:objet physique
Speaker:c'est plus simple de le donner à quelqu'un d'autre
Speaker:après tu peux le réclamer, faire des glisses
Speaker:pour savoir où est-ce qu'ils sont, ce genre de choses
Speaker:effectivement
Speaker:puis en fait il y a quand même un plaisir dans la lecture
Speaker:qu'on ne retrouve pas sur écran
Speaker:moi j'ai aussi lu
Speaker:des livres
Speaker:des livres sans images
Speaker:je sais plus comment on appelle ça
Speaker:non non mais sur écran
Speaker:c'est à dire que ça arrive
Speaker:ça m'est arrivé en fait de retrouver
Speaker:justement
Speaker:parce que je cherchais par exemple pour Saturnine
Speaker:j'ai retrouvé le texte
Speaker:sur écran et maintenant on peut trouver
Speaker:plein de textes
Speaker:mais c'est quand même pas pareil
Speaker:déjà sur écran il y a quand même cette lumière
Speaker:c'est différent quoi
Speaker:alors moi j'ai acheté une liseuse
Speaker:et j'en suis ravi
Speaker:je trouve le modèle économique d'ailleurs
Speaker:pas terrible pour être très honnête
Speaker:mais la sensation papier moi je la retrouve
Speaker:dedans et ce que moi ça m'a permis
Speaker:c'est d'acheter des livres
Speaker:je trouve que les gens qui disent
Speaker:est-ce que la lumière est pas pareil
Speaker:oui oui mais c'est pas qu'il y a une question de lumière
Speaker:c'est quand on a l'objet dans les mains
Speaker:le papier il a une odeur aussi
Speaker:oui mais ça pour moi
Speaker:pèse moins lourd que
Speaker:je n'aurais pas acheté ce livre en physique
Speaker:parce qu'il est hors de question que j'aie ce livre chez moi
Speaker:et je donne mon exemple préféré
Speaker:c'est des essais
Speaker:sur les applications de rencontre
Speaker:j'avais lu un truc incroyable sur
Speaker:le rôle fondamental du
Speaker:pourmier dans le porno, je m'étais retrouvée
Speaker:à lire des livres sur lesquels
Speaker:j'étais tombée en faisant des recherches
Speaker:je ne sais même plus comment
Speaker:pendant que j'écrivais mon master ou ce genre de choses
Speaker:et je me disais
Speaker:je n'aurais jamais acheté ce livre
Speaker:en physique mais sur une
Speaker:tu vois sur une liseuse c'est ok
Speaker:donc moi au contraire ça m'a plutôt ouvert
Speaker:ça m'a vraiment fait plus lire qu'autre chose
Speaker:oui oui bien sûr
Speaker:moi je n'étais pas dans le truc
Speaker:on lit enfin
Speaker:il faut lire plus etc
Speaker:je n'ai pas encore abordé ce sujet
Speaker:quoique j'ai quand même parlé
Speaker:de Lucien qui lisait
Speaker:pas tellement de bandes dessinées
Speaker:alors est-ce qu'il lise, je ne lui aurais pas posé la question
Speaker:est-ce que vous lisez des livres
Speaker:sinon
Speaker:c'était surtout axé sur la bande dessinée
Speaker:après ouais
Speaker:bon bref je ne sais pas trop quoi dire
Speaker:parce que moi je travaille avec des éditeurs
Speaker:et je trouve qu'ils font des super livres
Speaker:des très beaux livres
Speaker:c'est un peu dommage
Speaker:de passer
Speaker:à la lecture sur écran
Speaker:mais c'est un très bon point
Speaker:c'est pour ça que je l'ai dit aussi
Speaker:je fais une différence aussi d'un point de vue économique
Speaker:c'est que maintenant que j'ai un job stable
Speaker:je peux dire ok
Speaker:trop bien maintenant je comprends plus ce qu'on me dit
Speaker:je comprends mieux tout ce qu'il y a derrière
Speaker:la création d'une bande dessinée par exemple
Speaker:je peux faire l'acte
Speaker:de soutenir
Speaker:différemment et d'avoir un budget pour ça
Speaker:c'était une question que j'avais posé à Claire
Speaker:est-ce qu'elle pense qu'on devrait avoir dans nos budgets
Speaker:mensuels un budget pour l'art
Speaker:pour la culture pour soutenir
Speaker:des gens qui font des trucs cools et qui sont nos contemporains
Speaker:donc leur permettre de vivre
Speaker:et ce genre de choses quoi
Speaker:ouais alors ça c'est un... l'argent c'est vraiment
Speaker:un gros problème parce que souvent les bandes dessinées
Speaker:sont quand même assez chères moi j'aimerais bien qu'elles soient
Speaker:moins chères effectivement mais
Speaker:on aimerait tous
Speaker:faire des bandes dessinées qui coûtent moins chères
Speaker:mais en fait c'est assez difficile
Speaker:en plus le prix du papier a augmenté
Speaker:enfin il y a plein de facteurs
Speaker:qui sont assez difficiles
Speaker:à gérer
Speaker:quoi et ouais
Speaker:ça c'est effectivement un problème
Speaker:parce que souvent
Speaker:dans la bande dessinée indépendante
Speaker:comme on fait aussi des petits tirages
Speaker:c'est des livres qui sont
Speaker:très beaux
Speaker:un peu compliqués
Speaker:qui sont très bien fabriqués
Speaker:et donc au niveau
Speaker:des prix voilà parfois
Speaker:c'est assez cher
Speaker:mais c'est pour ça que je trouve que de toute façon
Speaker:tant qu'on
Speaker:le sait pas ou qu'on t'a pas donné
Speaker:l'idée t'arrives pas forcément
Speaker:de toute façon dans cette démarche à te dire
Speaker:ok bah j'ai envie de soutenir cette personne
Speaker:ou j'ai envie de lire quelque chose ou je veux soutenir
Speaker:une entreprise et
Speaker:ça paraît très loin quand on parle
Speaker:de Amazon c'est pas bien ou les librairies c'est pas bien
Speaker:si on comprend pas tout ce qu'il y a
Speaker:tout ce que ça implique derrière
Speaker:je trouve que parfois
Speaker:t'as plus d'informations avec internet
Speaker:et t'en as moins en même temps
Speaker:ou t'as moins la proximité et tout et je trouve que
Speaker:de faire un book club c'est bête
Speaker:mais ça faisait longtemps que je me suis pas retrouvée
Speaker:hors du contexte du travail
Speaker:à parler avec des gens
Speaker:de quelque chose qui est
Speaker:dans un milieu très particulier
Speaker:en l'occurrence là c'est la création
Speaker:l'art, des interprétations
Speaker:on a lu aussi Cometa
Speaker:tu vois ce que c'est alors je me souviens
Speaker:d'un élit, je me souviens plus du nom de l'auteur
Speaker:mais qui avait
Speaker:c'était pour les 50 ans de Metal Hurlant il me semble
Speaker:et c'est une BD où moi
Speaker:je n'ai rien compris
Speaker:et en fait en en parlant avec d'autres gens
Speaker:dont une personne qui était
Speaker:très calée sur les jeux vidéo
Speaker:elle nous a donné plein de clés de compréhension
Speaker:qui fait que le livre où à la base j'étais
Speaker:mais c'était pas ouf comme histoire est passé
Speaker:à oh mon dieu c'est un image
Speaker:alors on saura jamais si c'est vraiment ça
Speaker:mais d'avoir des clés de compréhension de plus
Speaker:pour dire quelque chose
Speaker:et ça tu l'as au travers de l'échange
Speaker:avec d'autres gens c'était magnifique comme moment
Speaker:ouais ouais
Speaker:bah super
Speaker:j'arrive à acheter un book club
Speaker:c'est quand le book club ?
Speaker:faudra que je...
Speaker:on peut passer comme ça ou il faut être membre ?
Speaker:là faudrait demander
Speaker:j'ai proposé à Claire qu'on fasse un petit épisode là dessus
Speaker:parce que j'ai dit arrête faut qu'on en parle quand même c'est trop bien
Speaker:le book club et tout mais en effet
Speaker:là c'est sous forme de
Speaker:membre
Speaker:comment j'allais dire souscription
Speaker:annuelle donc on s'est engagé
Speaker:sur une année on est une douzaine
Speaker:je crois de personnes
Speaker:mais je sais pas si elle a plus d'intérêt ou des gens qui se manifestent
Speaker:de le faire
Speaker:soit ponctuel soit
Speaker:comme je dis ça mais je suis souvent
Speaker:pas là
Speaker:mais dans les autres choses qui existent
Speaker:il y a aussi les
Speaker:box alors je sais pas si ça existe pour la bande dessinée
Speaker:mais moi j'avais
Speaker:j'étais abonnée pendant un moment
Speaker:c'était un abonnement que j'offrais aussi aux gens
Speaker:qui s'appelait Cube
Speaker:qui doit encore exister je pense
Speaker:et en fait une fois par mois
Speaker:tu recevais un livre
Speaker:il me semble qui était sélectionné par des libraires
Speaker:et tu devais compléter un petit formulaire
Speaker:qui expliquait ce que tu aimerais bien recevoir
Speaker:et t'avais une sélection d'un
Speaker:libraire avec un petit texte qui expliquait
Speaker:pourquoi il avait sélectionné ça
Speaker:et c'était des souscriptions qui duraient
Speaker:six mois ou un an
Speaker:et tu te retrouves à recevoir
Speaker:un livre par mois que t'attends pas dans ta boîte aux lettres
Speaker:c'était assez bien fait parce que t'as des petits
Speaker:sachets de thé, t'as des petits gâteaux
Speaker:c'est marrant et du coup ça t'ouvre
Speaker:plein de choses différentes
Speaker:et en l'occurrence là tu recevais ton
Speaker:livre en physique chez toi
Speaker:donc dans l'abonnement il y avait le prix du livre
Speaker:qui était compris donc je sais pas si c'est
Speaker:quelque chose qui existerait avec
Speaker:la bande dessinée mais c'est des belles
Speaker:introductions je trouvais à d'autres choses
Speaker:ce que je voulais
Speaker:te demander parce que j'ai mentionné tout à l'heure
Speaker:internet, c'est est-ce que toi
Speaker:dans tes recherches, dans tes inspirations
Speaker:ça a aussi
Speaker:apporté certaines choses
Speaker:transformé certaines choses dans ta manière de travailler
Speaker:ouais ouais alors avant pour
Speaker:me documenter j'allais à la bibliothèque
Speaker:et je trouvais pas forcément
Speaker:tout ou alors
Speaker:j'allais dans différentes bibliothèques
Speaker:se prenait du temps etc là c'est
Speaker:quand même assez incroyable
Speaker:internet on arrive
Speaker:vraiment à trouver
Speaker:toutes sortes d'images, toutes sortes de textes
Speaker:assez rapidement
Speaker:et c'est clair
Speaker:que pour dessiner
Speaker:c'est vraiment très pratique
Speaker:et même comme je disais
Speaker:le texte de Saturnin
Speaker:où j'ai tiré Saturnine
Speaker:je l'ai trouvé sur internet par exemple
Speaker:donc c'est pas que
Speaker:une banque d'images
Speaker:c'est aussi pour des textes
Speaker:pour toutes sortes de choses, des renseignements
Speaker:j'ai même trouvé des vidéos
Speaker:à un moment donné je devais
Speaker:dessiner en fait
Speaker:les premiers
Speaker:c'est pour décrire Avage
Speaker:on parle des premiers photographes
Speaker:qui étaient en Terre Sainte
Speaker:et en Palestine
Speaker:et
Speaker:en fait
Speaker:j'ai regardé une vidéo sur
Speaker:les premières techniques de photographie
Speaker:et donc à partir de
Speaker:cette vidéo où il y a des
Speaker:reproductions
Speaker:avec des objets de comment on faisait
Speaker:à l'époque, j'ai vu qu'on
Speaker:employait
Speaker:du blanc d'œuf
Speaker:et donc il y avait dans la vidéo
Speaker:il y avait un plan sur des œufs
Speaker:donc j'ai dessiné ça
Speaker:et après
Speaker:Adeline elle a vu ça
Speaker:elle a dit c'est génial c'est quoi
Speaker:et
Speaker:elle a changé son texte
Speaker:à partir de cette image que j'avais faite
Speaker:et elle a mis
Speaker:on peut pas marcher
Speaker:comment ça va l'expression
Speaker:faut pas avoir peur de marcher sur les œufs
Speaker:je sais plus
Speaker:marcher sur les œufs
Speaker:non mais on peut pas
Speaker:faire d'omelette sans casser les œufs
Speaker:bref c'était pas marcher sur les œufs
Speaker:j'ai confondu les deux expressions
Speaker:mais elle a changé son texte à partir
Speaker:d'une image ce qui est assez
Speaker:rare dans ce projet généralement
Speaker:c'est plutôt que
Speaker:moi je dois essayer de
Speaker:convertir en image un texte qui existe
Speaker:déjà
Speaker:mais là d'un seul coup c'était le contraire
Speaker:et comment tu vois ton
Speaker:travail aujourd'hui ?
Speaker:c'est de traduire justement
Speaker:des textes en images ?
Speaker:c'est de raconter des histoires ?
Speaker:oui oui alors moi
Speaker:comment est-ce que je le vois ?
Speaker:je me dis tiens j'ai quand même fait pas mal
Speaker:de livres et puis moi
Speaker:je regarde
Speaker:ce que j'ai pas fait
Speaker:ce qu'il me reste à faire et je suis vraiment concentré
Speaker:sur
Speaker:mes prochains livres
Speaker:je pense constamment
Speaker:aux prochains livres que je dois faire
Speaker:et je me dis que
Speaker:il ne me reste pas beaucoup de temps
Speaker:c'est vrai ?
Speaker:parfois je me dis quand même
Speaker:par exemple il y a Revenge j'ai mis 15 ans à le faire
Speaker:tout à l'heure alors
Speaker:j'ai mis 15 ans entre le moment où j'ai décidé
Speaker:de le faire j'ai fait quelques planches de storyboard
Speaker:et puis après
Speaker:j'ai laissé tomber ce projet
Speaker:je l'ai repris parce que je me suis dit tiens
Speaker:ça pourrait être une espèce de suite structurelle
Speaker:de Revenge
Speaker:de Renegade
Speaker:parce que Renegade c'était une histoire de pirate
Speaker:avec un type qui est en prison puis je me dis
Speaker:tiens mais en fait l'histoire où il y a
Speaker:c'était en fait au départ
Speaker:un clochard qui était dans une ville
Speaker:de l'ouest américain, un clochard
Speaker:cowboy ancien tueur
Speaker:à gages, en fait cet ancien tueur
Speaker:à gages ça pourrait être un mec un petit peu
Speaker:moins vieux parce que c'est un vieillard
Speaker:clochard qui racontait sa vie
Speaker:et puis il pourrait être aussi dans une prison
Speaker:comme le pirate de Renegade
Speaker:et donc ça pourrait être comme une série
Speaker:où
Speaker:on ne suit pas un personnage
Speaker:mais on suit plutôt
Speaker:une espèce de structure de récit, c'est ça le lien
Speaker:dans la série, c'est que c'est une personne
Speaker:en prison qui raconte comment elle est
Speaker:arrivée là
Speaker:et donc j'ai raccroché
Speaker:en fait ce projet
Speaker:de Western
Speaker:au wagon de cette série
Speaker:et
Speaker:voilà donc mais en fait
Speaker:ça m'a pris quand même 15 ans entre le moment
Speaker:où j'ai un peu eu l'embryon
Speaker:de l'histoire et quand même il y avait
Speaker:quand même une vingtaine de pages de Survivor
Speaker:et puis l'album
Speaker:mais bien sûr j'ai fait
Speaker:plein d'autres projets mais j'y revenais
Speaker:sans cesse
Speaker:et donc je me dis mais si ça prend autant de temps
Speaker:pour faire des albums
Speaker:là j'ai 56 ans au mois de juillet
Speaker:il faut que je me dépêche
Speaker:de faire tous les livres que je veux faire
Speaker:Tu crois que tu les abordes différemment
Speaker:du coup tu les sélectionnes plus ?
Speaker:Mais en fait je n'ai pas à les sélectionner
Speaker:parce que ça vient comme ça, là par exemple
Speaker:je viens de terminer Chakal Hebdo
Speaker:enfin je l'ai terminé
Speaker:il y a quelques mois mais on est en pleine tournée
Speaker:avec Dominique Siglaire
Speaker:c'était donc une pièce de théâtre
Speaker:sur Chakal Hebdo
Speaker:une satire
Speaker:et on l'a fait ensemble
Speaker:et puis il m'a dit qu'il avait
Speaker:en fait à un moment donné on discutait
Speaker:du projet et puis il m'a dit
Speaker:je vais à une conférence, tu viens avec moi
Speaker:j'ai dit ok, c'était une conférence sur le chocolat
Speaker:la colonisation et le chocolat
Speaker:c'est l'histoire de la colonisation
Speaker:et de l'esclavage
Speaker:j'ai vu un peu la conférence
Speaker:puis il m'a dit qu'en fait
Speaker:il avait un
Speaker:puis j'ai dû partir avant
Speaker:donc j'ai juste vu le début
Speaker:mais il m'a dit qu'il faisait une pièce de théâtre
Speaker:qu'il avait déjà fait une pièce de théâtre là dessus
Speaker:et qu'il allait refaire
Speaker:une version en français
Speaker:puisqu'il l'avait fait en Suisse alémanique
Speaker:c'était en deux langues je crois avec des sous-titres
Speaker:et donc je lui ai dit
Speaker:mais en fait cette histoire m'intéresse aussi
Speaker:si tu veux l'adapter en BD je pense que ça peut être pas mal
Speaker:et donc il m'a
Speaker:refilé le texte et puis là il a
Speaker:il a fait d'autres représentations
Speaker:à Genève
Speaker:il y a quelques semaines
Speaker:je suis allé en voir une
Speaker:et c'est décidé que j'ai vraiment envie de faire
Speaker:cette BD mais alors je sais pas quand
Speaker:parce que j'ai tellement d'autres trucs à faire
Speaker:que tout d'un coup c'est quelque chose qui s'ajoute
Speaker:que j'avais pas prévu
Speaker:en fait c'est comme chaque anecdote
Speaker:j'avais pas prévu de le faire au départ
Speaker:je savais même pas que cette pièce existait
Speaker:donc voilà
Speaker:en plus des choses que je vais faire
Speaker:qui prennent quand même pas mal de temps il y a des choses qui se rajoutent
Speaker:donc c'est sans fin
Speaker:donc on a compris aussi que tu voulais pas travailler avec un assistant
Speaker:est-ce que dans
Speaker:l'autre sens ?
Speaker:non mais peut-être si tout d'un coup j'ai besoin d'un assistant
Speaker:mais en fait déjà
Speaker:moi les artistes qui travaillent avec des assistants
Speaker:je trouve
Speaker:pour moi c'est un peu
Speaker:je vois ça un peu comme une espèce de domestique
Speaker:sérieusement
Speaker:à moins qu'il y ait une espèce
Speaker:d'association avec
Speaker:moi je vois plutôt ça comme ça
Speaker:une association avec d'autres gens
Speaker:ça je l'ai déjà fait
Speaker:moi mon point de vue
Speaker:c'est au contraire
Speaker:tu profites de l'expérience de quelqu'un
Speaker:qui a eu la vie et l'expérience
Speaker:que t'as et ça te permet d'être une
Speaker:petite souris et puis
Speaker:de te dire j'ai participé à une BD c'est quand même
Speaker:trop cool
Speaker:j'ai l'image de l'artiste bourgeois
Speaker:qui a son assistant
Speaker:qui prépare les trucs et tout
Speaker:je veux dire qu'on a déjà
Speaker:de quoi payer un assistant
Speaker:il y a déjà un rapport
Speaker:bourgeois au truc
Speaker:que je trouve un peu spécial
Speaker:et puis moi en fait
Speaker:dans ma pratique je vois pas trop
Speaker:ce qu'il pourrait faire l'assistant
Speaker:mais du coup dans l'autre sens tu travailles pas non plus avec quelqu'un
Speaker:pour dire j'ai trop de projets
Speaker:je sais plus comment les organiser
Speaker:t'as pas d'agent
Speaker:dans le monde de la bande dessinée
Speaker:les agents ça vous intéresse pas du tout ?
Speaker:un agent
Speaker:non mais en fait
Speaker:mon éditeur en fait
Speaker:il s'occupe de pas mal de trucs comme ça
Speaker:ouais ouais
Speaker:donc il y a quelqu'un
Speaker:par exemple
Speaker:à Trabil il y a quelqu'un
Speaker:qui me trouve en fait les dates de tournée
Speaker:la presse etc
Speaker:qui s'occupe de ça
Speaker:chez Otikuti aussi
Speaker:enfin bon bref
Speaker:l'éditeur comme je disais
Speaker:c'est un gros boulot
Speaker:il fait aussi ça
Speaker:c'est pas un agent
Speaker:qui va me trouver des travaux
Speaker:d'illustration
Speaker:il peut être le relais
Speaker:il y a d'autres gens qui peuvent être le relais
Speaker:moi j'ai un ami
Speaker:qui est un ex-directeur du festival
Speaker:de bande dessinée et puis
Speaker:parfois il me trouve du boulot
Speaker:un boulot qui était super bien payé
Speaker:c'est quelqu'un qui
Speaker:cherchait un dessinateur pour faire
Speaker:une bande dessinée sur sa famille
Speaker:sur l'art
Speaker:généalogique, l'histoire de sa famille etc
Speaker:et il avait contacté ce directeur
Speaker:du festival
Speaker:qui m'a appelé
Speaker:ex-directeur du festival de Béléphiles
Speaker:Dominique Radrezzani
Speaker:voilà donc grâce à lui j'ai eu ce boulot
Speaker:on n'a pas du tout
Speaker:mentionné Berlin mais j'ai quand même
Speaker:envie de te demander pourquoi Berlin
Speaker:alors en fait
Speaker:c'est un petit peu un concours de circonstances
Speaker:c'est à dire
Speaker:que je connaissais des gens qui avaient été
Speaker:à Berlin
Speaker:j'avais une amie qui avait été vivre à Berlin
Speaker:dans les squats
Speaker:il y a des années de ça
Speaker:j'ai une autre amie, une ex
Speaker:une ex-copine qui avait été la voir
Speaker:et qui est restée à Berlin
Speaker:elle est restée vivre ici
Speaker:elle a eu une enfant ici
Speaker:elle m'a demandé d'être son parrain
Speaker:donc là tout d'un coup j'ai eu un lien
Speaker:avec Berlin que je ne savais pas du tout avant
Speaker:et donc je venais
Speaker:de temps en temps la voir
Speaker:et puis
Speaker:j'ai par des amis
Speaker:comment j'ai appris en fait
Speaker:qu'il y avait un appartement
Speaker:à Berlin où il y avait un type
Speaker:qui s'appelle Arnaud
Speaker:à l'époque je ne le connaissais pas
Speaker:qui lui
Speaker:c'est un français qui habite à Berlin depuis des années
Speaker:d'ailleurs il a grandi
Speaker:aussi ici quand il était enfant
Speaker:et puis après il est retourné en France
Speaker:c'est compliqué
Speaker:bref il a un appartement
Speaker:où il a une pièce où il a
Speaker:une dizaine de colocataires
Speaker:qui sont dans différents pays
Speaker:et puis qui
Speaker:disent
Speaker:par internet quand est-ce qu'ils seront là
Speaker:pour qu'il n'y ait pas tout le monde
Speaker:en même temps
Speaker:et moi j'ai fait partie en fait de ce groupe là
Speaker:donc je venais de temps en temps
Speaker:dans cette pièce
Speaker:à Berlin et puis à un moment donné
Speaker:j'ai rencontré mon ex
Speaker:qui vivait
Speaker:à Bruxelles
Speaker:donc j'ai été vivre à Bruxelles
Speaker:avec elle pendant 3 ans
Speaker:puis après on a décidé de venir à Berlin
Speaker:puis ensuite elle m'a quitté, elle est retournée à Bruxelles
Speaker:et moi je suis resté à Berlin
Speaker:là il y a toute l'histoire
Speaker:c'est un peu compliqué mais bon bref
Speaker:au départ c'était pas du tout prévu comme ça
Speaker:et puis je suis resté là parce que
Speaker:je suis bien, j'ai un chouette appart
Speaker:et puis maintenant en plus
Speaker:j'ai une copine qui habite ici qui s'appelle Carola
Speaker:voilà
Speaker:de temps en temps on se dit est-ce qu'on va rester ici
Speaker:bon bref pour l'instant on est là
Speaker:je crois que c'est une question de toute façon que tout le monde se pose à Berlin
Speaker:ouais
Speaker:ça veut dire qu'on est posé la question
Speaker:ouais et puis en plus ça se transforme, ça devient beaucoup plus cher
Speaker:ça devient autre chose que ce qu'on avait connu
Speaker:il y a quelques années quoi
Speaker:comme d'autres villes
Speaker:qu'on connaît
Speaker:enfin bon bref
Speaker:voilà
Speaker:qu'est-ce qu'on peut te souhaiter
Speaker:est-ce que tu as des rêves, des projets
Speaker:que tu peux nous partager, des choses que tu as en tête
Speaker:tu disais que tu restais plus beaucoup de temps
Speaker:est-ce qu'il y a des gens qui nous
Speaker:me souhaiter de terminer mes livres
Speaker:les livres que j'ai commencé
Speaker:et puis ceux que j'ai pas encore commencé
Speaker:mais que je veux faire
Speaker:et est-ce que pour les gens qui nous écoutent
Speaker:t'as besoin de quelque chose
Speaker:peu importe quoi
Speaker:j'ai besoin de quelque chose
Speaker:si t'as besoin d'un coup de main
Speaker:peu importe si il y a quelqu'un qui nous écoute
Speaker:un coup de main
Speaker:par rapport à quelque chose
Speaker:alors là j'ai rien en tête
Speaker:mais c'est quand même
Speaker:c'est intéressant
Speaker:c'est dommage que j'ai
Speaker:rien qui me vienne en tête
Speaker:là il me faut juste du temps
Speaker:pour terminer ce que je dois faire
Speaker:je sais pas si ça va me donner du temps
Speaker:donc me donner du temps
Speaker:comment est-ce que vous pouvez me donner du temps, je sais pas
Speaker:est-ce qu'on peut sinon
Speaker:on peut te suivre sur les réseaux
Speaker:de façon à terminer
Speaker:Instagram Alex Bellady, Facebook Alex Bellady
Speaker:c'est aussi simple que ça
Speaker:et puis sinon en tapant mon nom
Speaker:on peut trouver d'autres choses
Speaker:il y a aussi des films que j'ai co-réalisé
Speaker:avec Isabelle Nouzar
Speaker:qui est cinéaste
Speaker:et avec qui
Speaker:on avait fait une adaptation d'une bande dessinée
Speaker:que j'avais faite autour
Speaker:du mythe de Frankenstein
Speaker:qui s'appelle Frankenstein Encore
Speaker:on peut trouver le film sur Youtube
Speaker:c'est un moyen métrage de 28 minutes
Speaker:c'est un mélange
Speaker:de stop motion
Speaker:et de
Speaker:prise réelle
Speaker:beaucoup d'animations avec des objets
Speaker:il y a toutes sortes de techniques différentes
Speaker:dans ce film
Speaker:et puis
Speaker:et puis il y a
Speaker:Don Quixote
Speaker:le premier chapitre
Speaker:en espagnol d'ailleurs
Speaker:où là c'est que du stop motion
Speaker:il n'y a pas de temps réel
Speaker:et peut-être que vous allez me reconnaître
Speaker:dans le rôle de Don Quixote
Speaker:mais c'était un maquillage qui prenait 3 heures au départ
Speaker:un peu moins de temps par la suite
Speaker:c'était Isabelle qui me maquillait
Speaker:on a tourné ça
Speaker:en stop motion
Speaker:c'était assez intéressant à faire
Speaker:j'espère que le résultat est bien
Speaker:là c'est juste 6 minutes
Speaker:le premier chapitre
Speaker:c'est comme quand Don Quixote
Speaker:il devient
Speaker:il devient
Speaker:son personnage
Speaker:trop bien
Speaker:est-ce qu'il y a une question
Speaker:que j'ai oublié de te poser
Speaker:un mot de la fin
Speaker:je trompe
Speaker:c'est mon mot
Speaker:c'est le mot de la fin
Speaker:parce que c'est un mot qui dit tout
Speaker:merci beaucoup
Speaker:Alex Daledi pour tout ça
Speaker:et on retrouve
Speaker:tes créations, ton art, ce que tu fais
Speaker:on soutient les éditeurs indépendants
Speaker:qui prennent des risques et qui te soutiennent aussi
Speaker:et allez voir
Speaker:je l'aurai beaucoup mentionné
Speaker:je fais un gros bisou à Eclair
Speaker:qui a permis de découvrir tout ça
Speaker:merci beaucoup pour l'invitation
Speaker:c'était chouette
Speaker:bravo, vous avez écouté ce nouvel épisode
Speaker:du podcast Berlin de Toi, jusqu'au bout
Speaker:vous retrouverez l'ensemble des notes
Speaker:liées à l'épisode sur le site internet
Speaker:www.berlindetoi.com
Speaker:vous pouvez nous soutenir
Speaker:en mettant une note 5 étoiles
Speaker:sur votre plateforme d'écoute
Speaker:vous pouvez également souscrire à la newsletter
Speaker:sur Substack
Speaker:et je me réjouis de vous retrouver sur Linkedin
Speaker:ou Instagram à Berlin de Toi