🎧 Pourquoi des personnes intelligentes en arrivent à ne plus pouvoir coopérer ?
Dans cet épisode j'explore ce moment où des professionnels brillants cessent soudain de réussir ensemble. Non pas par manque de compétence, mais parce que des mécanismes de défense s’activent et prennent toute la place.
Lorsque la sécurité relationnelle vacille — sentiment d’être écarté, déstabilisé ou peu reconnu — même les meilleurs talents se crispent, se protègent, s’évitent. La coopération se délite silencieusement.
Un épisode qui révèle ces dynamiques invisibles capables de saboter une équipe performante… et les pistes pour relancer un véritable mouvement collectif.
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Le podcast La Minute Humaine est un produit HawwaH créé par Xavier ELOY, coach, consultant, formateur, conférencier et maintenant podcasteur.
Copyright 2025 Xavier ELOY
Pourquoi des personnes intelligentes en arrivent à ne plus pouvoir coopérer ?
Bonjour et bienvenue dans le treizième épisode du podcast La Minute Humaine
Aujourd’hui, je vous parle d’un sujet aussi subtil qu’universel : les mécanismes de défense. Ces stratégies invisibles que notre esprit met en place pour nous protéger… mais qui, parfois, nous enferment plus qu’elles ne nous libèrent.
J’en suis venu à me poser cette question, à force d’intervenir dans des organisations, auprès de personnes qui ont fait beaucoup d’études, qui ont beaucoup d’expérience, « pourquoi des personnes aussi intelligentes, aussi expérimentées, en arrive à ne plus pouvoir coopérer ? ».
Et comme j’aime répondre aux questions, même les miennes, j’aborde ce sujet sous l’angle des mécanismes de défense. Et je tiens à préciser qu’aucunement dans mes propos il n’y aura de reproches de ma part envers les personnes qui en arrivent à ces situations de tensions. Tout simplement parce que TOUT LE MONDE utilise des mécanismes de défense. Je vous explique ça.
Quand on parle de “mécanisme de défense”, on pense souvent à un truc négatif. Mais à la base, ce n’est pas le cas.
C’est un processus inconscient qui sert à protéger notre estime de soi quand on se sent menacé — par le jugement, le rejet, la peur de l’échec ou la honte. Je vous invite à réécouter l’épisode numéro 3 du podcast.
C’est une réponse automatique que le cerveau a construite très tôt, souvent dans l’enfance, pour maintenir une certaine cohérence interne et s’assurer que : “je vaux quelque chose”, “je mérite d’être aimé”, “je suis quelqu’un de bien”.
Ces défenses, on les a apprises sans s’en rendre compte, parce qu’elles nous ont aidés à survivre émotionnellement à des moments où on ne pouvait pas faire autrement.
Mais le problème, c’est que ce qui nous a protégé hier… peut nous bloquer aujourd’hui.
Parce qu’à l’âge adulte, ces réflexes continuent de se déclencher, même quand il n’y a plus de danger réel. Et dans le monde du travail, je le voit tous les jours.
Dans toute relation professionnelle, chacun cherche à trouver sa place, à savoir comment interagir avec les autres et à être reconnu pour ce qu’il apporte. Nous avons tous besoin de nous sentir inclus, de sentir que mon action est utile et que ma vie ait du sens.
Quand ces besoins ne sont pas nourris — quand on se sent mis à l’écart, pas écouté, ou pas utile — des tensions apparaissent.
On peut se fermer, se surprotéger, ou au contraire vouloir tout contrôler. Ces réactions ne sont pas des signes de mauvaise volonté, mais des tentatives inconscientes ayant pour but de retrouver un équilibre intérieur et préserver sa sécurité émotionnelle. Ce sont des mécanismes de défense qui opèrent et qui rendent la situation critique.
Comment en sortir ? La première étape est de reconnaître que tu es dans un mécanisme de défense. Et pour que tu puisses les reconnaître, je te les présente.
Il y en a six.
Tu vas sûrement te reconnaître dans un ou deux d’entre eux — et c’est normal. Tu peux même te reconnaître dans les six, mais il y en a un ou deux qui dominent sur les autres.
1️⃣ Le Déni
Le déni, c’est quand tu refuses de voir ou de sentir ce qui te dérange. Tu nies le problème, tu minimises, tu détournes. Ça t’évite de souffrir, mais ça t’empêche aussi d’évoluer.
Par exemple ton collègue te dit que le rapport que tu as rédigé n’est pas complet, et qu’il y a des parties qui doivent être améliorées. Et ta réponse première et automatique est : « je ne vois pas de quoi tu parles ! » Et tu pourrais même nier l’émotion désagréable qui s’empare de toi quand tu reçois son message. Ce qui démontre bien que tu es dans un mécanisme de défense. Le déni te permet alors de te protéger (illusoirement bien sûr) de cette menace que représente le message de ton collègue.
Tu passes à côté d’une occasion en or de mieux collaborer en faisant cela.
D’une part tu t’isoles dans tes pensées et tes ressentis et tu vas chercher une manière de t’en sortir ± bien de cette situation. Soit tu l’écoutes, tu lui partages comment tu vis la situation, et tu lui fais une demande pour faire ensemble afin de rendre le travail conforme à ce qui est attendu.
2️⃣ Faire la Victime
Ici, tu subis. Tu dis : “C’est pas ma faute, c’est à cause des autres.” Tu te protèges de la culpabilité en déplaçant la responsabilité. Le monde devient un endroit où tu n’as pas de pouvoir. Quand tu fais ça, tu deviens improductif car tu t’enlèves ton pouvoir, ta puissance. Tu ne ressens pas de force dans ce mode de pensée.
Bien que ce mécanisme donne une illusion de soulagement quand tu penses que tu n’es plus responsable. C’est très sincère cette pensée, mais elle est illusoire, et elle ne dure que quelques secondes et à long terme, il nourrit la frustration et la passivité. Et encore une fois, tu diminues fortement l’estime que tu as de toi-même.
Tu passe à côté d’une occasion en or de devenir quelqu’un de responsable, une personne qui fait en sorte que les choses arrivent, d’être une personne sur qui on peut compter.
3️⃣ Le Critique
C’est la posture de celui qui juge, analyse, trouve la faille chez l’autre ou dans le système. C’est une défense contre le sentiment d’infériorité.
En critiquant, tu reprends un peu de contrôle : tu mets de la distance, tu redeviens celui qui “sait”. Mais cette position empêche la rencontre, la vulnérabilité, la co-construction. Tu restes protégé, mais isolé. Tu vois, en te mettant au-dessus d’une certaine façon, ou plutôt en mettant l’autre en-dessous de toi, ce qui est visible c’est que tu critiques, et ce qui est invisible c’est ton ressenti à l’idée de te sentir moins compétent que ce que tu regardes et ton mécanisme de défense inconscient est de faire quelque chose pour ne pas ressentir cette sensation désagréable. Donc tu mets de la distance.
Encore une fois, tu passes à côté de la montre en or d’une collaboration où toutes les parties apportent leurs compétences qui se complètent. Et la tienne a autant d’importance que celle des autres.
4️⃣ Le Sauveur
Tu veux aider, sauver, réparer. C’est plus fort que toi, c’est un réflexe, même si on ne t’a rien demandé ! Mais derrière cette générosité se cache souvent la peur de ne pas être utile, de ne pas être aimé.
Tu t’épuises à vouloir soulager les autres, à porter leurs problèmes. Et quand personne ne reconnaît ton effort, tu tombes dans l’amertume ou la déception.
Le sauveur se protège de son insécurité en se rendant indispensable. Pendant qu’il sauve, il ne ressent pas son insécurité. C’est en cela que c’est un mécanisme de défense, il sert à se défendre de soi-même en fait, de ses propres ressentis désagréables liés à des pensées que nous générons en toutes situations.
5️⃣ Le Masochiste
C’est celui qui se blâme, qui dit : “Tout est de ma faute.” C’est une défense contre la peur du rejet : en t’accusant toi-même, tu gardes le contrôle. Tu préfères souffrir que risquer de perdre l’amour ou la reconnaissance.
Mais cette posture t’enferme dans la culpabilité. Et tant que tu t’auto-flagelles, tu ne peux pas évoluer sereinement. De plus ce ne sont pas souvent des personnes à côté de qui nous avons envie d’évoluer.
6️⃣ Le Demandeur
Le demandeur, c’est celui qui cherche sans cesse l’attention, la validation, la reconnaissance. Il se protège du vide intérieur, du manque d’amour, en sollicitant sans fin le regard de l’autre. Mais plus il demande, plus il se sent dépendant.
Et comme aucune réponse extérieure ne comble ce vide, la frustration s’installe.
🔍 4. Ce qu’ils ont en commun
Je pense que tu as compris ce qui est commun à ces six mécanismes, ils ont une racine commune qui est la peur. La peur de ne pas être assez. La peur de ne pas être aimé, respecté, reconnu. Et ils ont un but commun : protéger ton estime de toi.
Ce qui est important de savoir, c’est que ce sont des réactions inconscientes, et que personne n’y échappe ! Tu ne choisis pas d’être critique, victime ou sauveur. Tu le deviens, souvent sans t’en rendre compte, dans les moments où ton identité est menacée.
Alors, Comment en sortir ?
La clé, ce n’est pas de “supprimer” ces mécanismes — c’est impossible et inutile. La clé, c’est d’en prendre conscience.
Dès que tu te dis :
“Tiens, je suis encore en train de sauver tout le monde.” “Tiens, je rejette la faute.” “Tiens, je me dévalorise.”
… tu fais déjà un pas énorme. Parce que tu passes de la réaction automatique à la conscience de soi.
Ensuite, tu peux poser une question simple :
“De quoi ai-je peur, là, maintenant ?”
Quand tu identifies la peur, tu retrouves ton pouvoir. Et tu peux choisir une réponse plus responsable, plus ajustée, plus alignée.
C’est comme si tu reprenais le volant de ta voiture intérieure. Les mécanismes de défense restent là — mais ils ne conduisent plus ta vie.
Exemple 1 : le manager sauveur
Je te relate l’exemple de Christophe, directeur d’une agence d’une société de services à Marseille.
Il commence sa journée en critiquant, et il finit sa journée en critiquant.
L’équipe est désespérée, tout le système est impacté, son exemplarité se déteint sur l’ensemble, bref c’est devenu un enfer pour tout le monde et les résultats financiers sont à l’image de l’ambiance.
Certains individus de l’équipe en profitent pour dire que leurs manquements sont de la responsabilité du directeur d’agence. C’est de sa faute, si il cessait de critiquer, je travaillerais mieux se disent des collaborateurs !
Plusieurs stratégies d’intervention pour remédier à cette situation ont été élaborées, mais celle qui a été choisie c’est un accompagnement du directeur. Et quand je lui ai expliqué ce phénomène de défense, il s’est reconnu de suite. Il y a eu un avant et un après.
Ensuite j’ai insisté sur l’aspect inconscient de ces phénomènes. Et là il s’est détendu. C’est un point important, non pas pour se dédouaner complètement de la chose, et de continuer à le faire, mais pour ne pas se juger de l’avoir fait. Maintenant, il se surprend régulièrement quand il le fait, et surtout, les collaborateurs peuvent lui dire quand il le fait. Et c’est là que ça change tout. C’est devenu une équipe qui collabore avec une atmosphère qui permet de dire les choses.
Exemple 2 : le représentant du personnel
J’ai eu l’occasion d’accompagner une équipe dans laquelle il y avait un représentant du personnel. Appelons le Nicolas.
Et bien Nicolas critique en permanence tout ce que fait la direction et toutes les personnes qui sont de sa hiérarchie. Il en est arrivé à un point où absolument rien ne lui échappe, et rien n’a de valeur à ses yeux. Il transforme toute situation en sujet à dévaloriser en mettant en cause, en analysant, en jugeant, etc… La situation en est arrivée à un tel point qu’aucune initiative ne peut plus voir le jour. Le temps utilisé pour l’activité commence a être détourné de manière conséquente à des réunions, et l’unité perd sa rentabilité.
Nicolas n’a pas conscience qu’il est en train de se protéger de quelque chose de très ancien chez lui. Il est sincère lorsqu’il intervient pour dénoncer des situations qu’il juge non conformes.
Avec ces exemples, je veux illustrer nos mécanismes de défense et dire que ce ne sont pas nos ennemis. Ce sont des signaux. Et surtout ils sont une opportunité de transformer la situation comme l’a fait cette équipe.
Quand tu apprends à les reconnaître, tu redeviens libre. Tu n’es plus dans la survie, tu es dans la conscience.
Et c’est ça, grandir : ne plus se cacher derrière un rôle, mais oser être soi, même quand c’est fragile. Il a fallu clairement du courage à Christophe pour reconnaître son mécanisme dominant de défense, et d’en parler à son équipe. Et ce ne sont pas des excuses qui ont eu lieu, mais bien une transformation.
Parce que c’est dans cette authenticité-là que se construit la véritable humanité — et la véritable puissance relationnelle.
Dans le prochain épisode, je vous parlerai de l’utilité de se retrouver ensemble au travail et de traverser toutes nos difficultés ensembles.
Ne ratez pas le prochain épisode mardi prochain.