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Etude du Kovets Mattot-Massé – « Kefar : l’essence divine du villageois » – Rav Levi Azimov
14th July 2023 • Rav Levi Azimov • HASSIDOUT.ORG
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Shownotes

KOVETS

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MEKOROT

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1 - Dans notre Paracha : Yaïr s’empare des « ‘Havote », des villages de l’ennemi

Matot 32, 41 : Yaïr, descendant de Menaché, alla et s’empara de leurs ‘Havote, qu’il nomma ‘Havote de Yaïr.

Rachi : Leurs ‘Havote. « Leurs villages » (selon la traduction d’Onqelos). Qu’il nomma ‘Havote de Yaïr. Comme il n’avait pas d’enfants, il appela [ces villages] à son nom, à titre de souvenir.

2 - Analyse : L’appellation « ‘Havote » désigne-t-elle des villes ou des villages ? 

Ezra Ibn : Havote. Des villes puissantes.

Radak sur Chmouel II 23, 11 : ‘Haya (de la même racine que ‘Hava). Une ville sans murailles.

Devarim 3, 4-14 : Nous prîmes alors toutes ses villes ; il n’y a pas un bastion que nous ne leur ayons pris : soixante villes formant tout le district d’Argov, … toutes fortifiées de hauts remparts. … Yaïr, descendant de Menaché, s’empara de tout le district d’Argov, … auquel il donna son nom, ‘Havote de Yaïr, jusqu’aujourd’hui.

‘Houkat 21, 25 : Et Israël s’établit dans toutes les villes des Amorréens, à Hechbone et dans toutes ses Banote [littéralement : ses filles] (les villages qui lui étaient contigus – Rachi).

3 - Analyse : Les conquérants nommaient-ils les villes au nom de leurs enfants ?

Na’halat Ya’akov sur Rachi ibid. : Qu’est-ce qui oblige Rachi à expliquer qu’il appela ainsi les villages parce qu’il n’avait pas d’enfants ? Pourtant, ceux qui partaient à la conquête de territoires, avaient justement l’habitude de nommer ces territoires à leur propre nom, comme Nova’h le fit, dans le verset suivant : « Nova’h aussi y alla et s’empara de Kenath et de sa banlieue, qu’il appela Nova’h, de son propre nom » (Matot 32, 42).

Berechit 4, 17 : …Caïn bâtit une ville, qu’il appela au nom de son fils ‘Hano’h (en souvenir de son fils – Rachi).

Likouté Si’hot : Si Yaïr avait simplement attribué le nom de la ville à son nom, comme le font tous les conquérants, la Torah ne l’aurait pas raconté ! Certainement que cela vient nous apprendre quelque chose.

Explication : La particularité de la nomination de ce « village », par Yaïr 

Likouté Si’hot : Les deux commentaires de Rachi sur ce verset se suivent : Rachi privilégie l’interprétation d’Onqelos que Yaïr dédia des « villages » à son nom ; et pourquoi ne choisit-il pas des « villes » qui sont bien plus importantes ? C’était pour faire allusion à la mémoire de son nom, en précisant le fait qu’il n’avait pas d’enfants : en effet, le « village » symbolise « l’enfant », car il est le dérivé, la « banlieue » de la cité.

Le terme « ‘Havote » évoque la notion de mémoire, car « ‘Havote » est le pluriel de « ‘Hava » qui vient de la même racine que « ‘Haya (vivante) » (voir Berechit 3, 20). En appelant les villages « ‘Havote Yaïr (vies de Yaïr) », Yaïr souhaitait ainsi faire en sorte ces villages soient la continuité et la mémoire perpétuelle de sa vie.

5 - Approfondissement : Pourquoi modifièrent-ils le nom de ces villes ? 

Rabbénou Be’hayé sur Matot 32, 3 : Par les noms de ces villes, le texte fait allusion au fait que ces dernières faisaient partie du territoire de Si’hon et ‘Og, qui étaient idolâtres. Ainsi, les enfants de Gad et de Reouven ont modifié le nom des villes qu’ils ont conquises, et ils voulaient s’y installer et servir D.ieu, Lui seul. C’est pourquoi ils demandèrent : « Que cette terre soit donnée à tes serviteurs en héritage » (Matot 32, 5), en d’autres termes : « nous voulons être la source de l’annulation de l’idolâtrie et de l’établissement de l’Unicité divine ! ».

Likouté Si’hot : Le sens spirituel du verset : « Yaïr .. alla et s’empara de leurs ‘Havote » est qu’il s’empara spirituellement de ces villages en y supprimant toute trace d’idolâtrie. Son nom « Yaïr » – celui qui éclairera – fait également allusion à la métamorphose qu’ils ont faite de l’autre côté du Jourdain : ils transformèrent un lieu de culte de l’idolâtrie, « comparée à la mort » (Tanya ch. 22), en un lieu de « ‘Havote Yaïr » – de vitalité et de lumière (synonymes de la sainteté), au point d’être source de vitalité (‘Hava), d’un éclat qui brillera à l’ère messianique. Et cette transformation des forces du mal s’exprime dans l’idée d’un « Kefar », d’un village.

6 - « Kefar » : une appellation qui symbolise la transformation du mal en bien 

Guemara ‘Haguiga 13b : Ce qu’Ezéchiel a vu, Isaïe l’a aussi vu. A quoi ressemble Ezéchiel ? A un villageois qui observe le Roi. A quoi Isaïe ressemble ? A un habitant de la cité qui observe le Roi.

Rachi : Isaïe ne cherche pas à raconter chaque détail de sa vision : en tant que prince ayant grandi dans le palais, il n’est pas impressionné et étonné par chaque détail [de la scène à laquelle il est témoin].

Likouté Si’hot : Il en est ainsi spirituellement, en ce qui concerne l’observation de D.ieu, le Roi des rois des rois : l’habitant de la ville (« Ben Kera’h ») fait référence à l’homme qui travaille toujours dans le monde de la sainteté, qui n’est pas impressionné par le dévoilement divin car ce n’est pas nouveau pour lui. Le villageois (« Ben Kefar ») représente l’homme qui évolue dans l’obscurité de ce monde. Dès qu’il parvient à raffiner et à purifier une parcelle de ce monde pour l’élever à la Sainteté, l’innovation dont il fait preuve l’impressionne énormément ! L’appellation « Kefar » désigne donc l’essentiel de l’effort du raffinement de la matière !

7 - Enseignement : L’impact éternel de l’effort du « villageois », dans ce monde !

Likouté Si’hot : Bien que, en termes de dévoilement, le service divin du « villageois » - évoluant dans un lieu où la divinité est occultée, est inférieur à celui du « citadin » - évoluant dans une réalité plus proche du Roi, de D.ieu ; et pourtant, du fait de sa soumission à D.ieu, le « villageois » atteint l’Essence Divine même, transcendant et dépassant toute révélation [niveau auquel le « citadin » ne parvient pas concrètement].

Ainsi, lorsque les enfants d’Israël attribuent un « nouveau nom » à un « village », cela y apporte la « mémoire », car l’« Essence » divine, transcendant toute notion de révélation, produit la notion d’éternité, qui ne peut être altérée ou oubliée. C’est pourquoi, c’est bien le nom « ‘Havote Yaïr » qui est resté « jusqu’aujourd’hui ».

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