Du Maroc à la Chine en passant par l'Angleterre, découvrez le parcours de Nicolas, passionné d'architecture, mû par le désir de renouer l'art et la science afin que "les choses tiennent debout et soient esthétiques" 💎
Vous découvrirez le quotidien au sein des cabinets d'architecture londoniens, les coulisses de la construction du Grand Théâtre de Rabat en collaboration avec Zaha Hadid Architects, la rencontre de Nicolas avec Elke Sterling-Presser et leur décision de s'installer à Berlin pour ouvrir leur bureau et donner de nouvelles voies d'expression aux imaginaires 🌬️ 🏗️
Dans cet épisode palpitant où la beauté côtoie la fonctionnalité, Nicolas nous partage l'importance de la culture du projet, le cheminement dans la difficulté, le rôle essentiel de la diplomatie et la nécessité de protéger ses rêves et leur pureté à tout prix 🗺️ ✨
✍️ Notes de l’épisode sur https://www.berlindetoi.com/nicolas-sterling/
💌 Souscrire à la newsletter du podcast https://berlindetoi.substack.com
⭐️ 5 étoiles et un gentil commentaire pour soutenir et promouvoir le podcast ⭐️
🎼 https://pixabay.com/fr/users/mondayhopes-22948862/
Chapitrage :
00:00:00 Introduction et présentation
00:01:12 Parcours académique et double formation
00:07:45 Expérience à Londres et ouverture à l’international
00:12:03 Premiers projets internationaux et défis culturels
00:15:40 Le rôle de coordination et de diplomatie en architecture
00:19:39 Gestion des tensions et adaptation aux imprévus
00:48:47 Création et gestion d’une entreprise à Berlin
00:59:12 Les valeurs : développement durable, performance et élégance
01:06:25 Inspirations et influence de la géométrie sacrée
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue chez Berlin De Toi, le podcast qui tire le portrait en français, en anglais ou en allemand des personnes engagées, inspirées et inspirantes qui habitent à Berlin.
Speaker A:Je m'appelle Gabrielle et depuis plusieurs années, j'accompagne des artistes et entrepreneurs dans l'éclosion et la floraison de leurs personnalités et projets.
Speaker A:Excellente écoute et à tout de suite.
Speaker A:Alors c'est parti.
Speaker A:Nicolas Sterling, bonjour.
Speaker B:Bonjour.
Speaker A:Merci beaucoup de m'accueillir dans votre très joli bureau.
Speaker A:On n'est pas très loin de Rathaussteglitz, à Berlin.
Speaker A:C'est ça ?
Speaker B:Oui, c'est ça.
Speaker B:On est à côté du Bierpinsel, qui est un bâtiment qui est super intéressant.
Speaker B:On va tout de suite dans le sujet.
Speaker B:On est à l'ouest de Berlin, pas très loin de Seelendorf.
Speaker A:Vous êtes installée.
Speaker A:Alors, Nicola Sterling, t'es quand même assez connue, je pense, ou visible, je ne sais pas quel serait le bon mot, dans la communauté francophone à Berlin.
Speaker A:Et on s'est croisé, vraiment, il y a une semaine, on s'est croisé deux ou trois fois de suite.
Speaker A:Et j'étais à Nicola, il faut quand même qu'on ait enfin cette discussion.
Speaker A:Et je suis ravie que tu sois là, parce qu'on a parlé à la fois d'international, de culture, de transmission, d'architecture.
Speaker A:Il y a beaucoup de sujets différents à aborder.
Speaker A:Et je te propose, pour commencer, comme il est de tradition, de te présenter.
Speaker B:Alors, je vais me présenter.
Speaker B:Je suis architecte et ingénieur français.
Speaker B:J'ai été formé en France.
Speaker B: Seine-et-Marne, je vais dire: Speaker B:J'ai atterri à Paris et j'ai étudié au début l'architecture.
Speaker B:C'est ce qui m'a passionné de tout début.
Speaker B:Et très vite, j'ai voulu aussi apprendre d'autres choses.
Speaker B:J'ai étudié l'ingénierie, l'ingénierie des structures.
Speaker B: à être diplômé autour de: Speaker B:C'est ce que je cherchais à faire, ne pas choisir de discipline, je voulais vraiment apprendre les deux parties du métier, autant du côté de l'art et de la science.
Speaker B:Pour me présenter, j'ai ce double parcours et formé en France.
Speaker B:Un peu atypique, je travaillais chez un architecte anglais pour très longtemps, Hugh Newton à Paris.
Speaker B:On travaillait sur des projets internationaux.
Speaker B:et j'étais attiré par l'international tout le temps.
Speaker B: à Londres autour des années: Speaker B:C'est là que tout un peu a commencé pour moi, pour un réseau de projets ambitieux, internationaux, de grande taille.
Speaker B:C'est ce qui a peut-être été un peu le pivot d'un parcours.
Speaker A:Et en juste, il faut que je demande, quand tu parles de cette double formation ingénierie et architecture que tu as fait, c'était un programme qui était prévu comme ça ou c'est toi qui as été le construire de toi-même ?
Speaker B:Non, ça a été construit un peu sur l'intuition.
Speaker B:À l'époque, il y avait peu de gens qui cèdent double formation.
Speaker B:Donc j'ai fait distinctement deux parcours.
Speaker B:J'ai commencé par une école d'architecture à La Villette, à Paris.
Speaker B:J'avais l'intuition d'autres choses.
Speaker B:J'avais vu le parcours d'ingénieurs ambitieux comme Peter Rice, qui a fait des grands projets en France, à Paris.
Speaker B:J'avais vu le travail de Marc Mimrain.
Speaker B:J'avais vu d'autres ingénieurs britanniques qui me faisaient passionner.
Speaker B:Comment les choses marchent, tiennent debout, mais en même temps, elles ont un sens de l'esthétique.
Speaker B:Donc, relier les deux parties du métier m'intéressait, m'intriguait.
Speaker B:Et je n'avais jamais vu, au tout début, qu'il y avait deux parcours à faire.
Speaker B:Il n'y avait pas de parcours sur mesure.
Speaker B:Donc j'ai commencé un peu de manière empirique les cours du soir du CNAM, le Conservatoire National des Arts et Métiers.
Speaker B:Jusqu'au point où je me suis dit il faut que je passe des modules et du coup j'ai été jusqu'au bout du parcours de construction civile, jusqu'à être diplômé en tant qu'ingénieur civil, tout en faisant les cours d'architecture.
Speaker B:Donc j'ai allongé mes années d'études pour pouvoir essayer d'aller au bout.
Speaker B:Et je sais qu'aujourd'hui, il y a beaucoup plus de passerelles entre les disciplines pour pouvoir que la double formation soit beaucoup plus, soit facilitée.
Speaker B:Et à l'époque, il n'y avait pas vraiment de formation, comment dire, qui adaptait les deux parties du métier.
Speaker A:Pour qu'on comprenne bien, ce qui veut dire qu'aujourd'hui, Dans la plupart des cas, pour construire un bâtiment, tu as besoin à la fois de personnes qui aient la compétence d'architecte et des personnes qui aient la compétence d'ingénieur.
Speaker A:Parce que si moi qui n'ai aucune idée, j'aurais pensé qu'un architecte suffisait pour tout faire.
Speaker B:Je dirais que l'architecture est au cœur de la conception, mais elle a besoin d'autres compétences.
Speaker B:Les compétences environnementales, les compétences techniques, de structure.
Speaker B:Et donc il y a beaucoup de métiers qui sont liés au métier de la construction, de l'activité créatrice, du métier du bâtiment, de l'infrastructure.
Speaker B:Et en fait, toutes ces compétences souvent sont dissociées.
Speaker B:Et c'est quelque chose qui a été un peu au cœur, en tant qu'étudiant à l'époque, au cœur de ma recherche.
Speaker B:Comment les deux peuvent se relier ?
Speaker B:Est-ce qu'on peut être à la fois créateur et comprendre la technique ?
Speaker B:Est-ce qu'on peut être un bon technicien et avoir le sens de l'esthétique ?
Speaker B:J'ai grandi dans cette ambivalence et c'est ce qui m'a amené à Londres.
Speaker B:Le problème, c'est quand on devient un jeune professionnel, il faut avoir un titre.
Speaker B:Donc on est pris, embauché sur une compétence, mais aussi sur un métier.
Speaker B:Donc j'ai été embauché en tant qu'ingénieur, mais en fait on m'a toujours mis sur des projets ambitieux à de hautes valeurs architecturales, par le fait que j'avais cette double culture.
Speaker B:Donc j'ai atterri à Londres dans l'équipe de Cécile Balmon.
Speaker B:qui évidemment faisait que des projets ambitieux pour les architectes stars, où l'ingénierie était plus que ça.
Speaker B:Elle avait beaucoup plus à offrir, c'est les compétences de géométrie, les compétences d'espace, d'esthétique et de recherche.
Speaker B:Donc, pour répondre à ta question, évidemment, il y a beaucoup de compétences qui sont liées à l'activité de l'architecture, de manière générale, à l'activité du bâtiment.
Speaker B:Et ce qui m'a toujours intéressé, c'est comment toutes ces compétences vivent ensemble.
Speaker B:Et en ayant travaillé longtemps côté ingénierie, j'ai toujours vu, j'ai toujours expérimenté beaucoup de frictions.
Speaker B:beaucoup de difficultés de coordonner, beaucoup de visions différentes, même parfois d'animosité entre les métiers.
Speaker B:Les architectes n'aiment pas les ingénieurs, les ingénieurs ont du mal à comprendre les créateurs.
Speaker B:Et c'est vieux comme le monde.
Speaker B:Et en fait, je trouve ça, je pense que c'est un sujet d'intérêt.
Speaker B:C'est comment les deux métiers doivent converger pour faire des créations qui sont exceptionnelles, tant techniquement qu'esthétiquement.
Speaker B:Et la performance fait partie de l'esthétique de Matignon.
Speaker B:Donc c'est ce qui m'a animé depuis très longtemps.
Speaker A:Tu es déjà du coup sur cette double ambivalence, tu décides d'y ajouter une compétence internationale tant qu'à faire.
Speaker A:Pourquoi tu as ce goût de l'international ?
Speaker B:Très tôt, j'ai eu l'intuition qu'il fallait un peu sortir des frontières.
Speaker B:Je dirais que j'ai adoré mon aventure parisienne.
Speaker A:Première frontière.
Speaker B:Première frontière.
Speaker B:Pour moi, déjà, d'être à Paris était une frontière, parce que je viens plutôt de la campagne de Fontainebleau, donc c'était fabuleux de pouvoir avoir une autre dimension.
Speaker B:Mais les projets qui m'attiraient n'étaient pas liés à un pays ou à une culture spécifique.
Speaker B:Il fallait que j'aie toujours été attiré par des nouvelles formes d'espace, la rencontre entre différentes cultures.
Speaker B:Et ça m'a emmené rapidement sur Londres.
Speaker B:Londres a été une plateforme pour voir tellement d'autres projets.
Speaker B:d'autres cultures, d'autres visions.
Speaker B:Donc de là, la Chine s'est ouverte, l'Arabie Saoudite, le Maroc, donc le Nord de l'Afrique, l'Amérique.
Speaker B:Donc c'était intéressant, c'est qu'à partir de là, en tant qu'en fait jeune expat, qui après j'ai grandi en tant que professionnel et jusqu'à la direction de grands projets, aucun projet n'a jamais été lié à d'où j'étais.
Speaker B:C'est-à-dire que, de Paris ou Londres, j'ai toujours eu l'occasion, et maintenant Berlin, j'ai toujours eu l'occasion de voyager avec les projets.
Speaker A:Et alors, quand tu t'installes à Londres, à l'époque, comment se passe l'installation, l'effervescence, la découverte d'une nouvelle ville ?
Speaker A:Tu parlais déjà anglais à l'époque ?
Speaker B:Alors je parlais déjà anglais parce que j'avais grandi avec un architecte anglais à Paris, donc c'est déjà des projets internationaux, mais évidemment j'ai eu ce contraste énorme d'être un français ailleurs.
Speaker B:Donc ça c'est ce que chaque expat a certainement dû expérimenter, c'est que français à Paris, en travaillant sur des projets locaux, on est dans un espace protégé de sa culture et on devient plus français à l'étranger parce qu'en fait chacun t'identifie avec ton accent, ta personnalité, tes références ou ton histoire.
Speaker B:Je parle des équipes avec qui je travaillais, je parle aussi des relations plus personnelles, donc t'es toujours celui qui est d'ailleurs.
Speaker B:et tu rencontres aussi d'autres cultures, des cultures européennes, donc tu travailles dans des équipes multidisciplinaires, et qui fait que tu es toujours lié à ta culture, donc ton drapeau, ton accent te représente.
Speaker B:Et au début, c'était pas aussi évident de pouvoir s'intégrer.
Speaker B:T'es confronté à d'autres manières de voir, d'autres manières de faire.
Speaker B:Et le modèle anglo-saxon qui était pour ma part particulier, l'open space, les réunions qui sont menées différemment, de voir travailler sur des projets avec d'autres cultures, d'autres vitesses, d'autres réglementations, etc.
Speaker B:Donc ça, ça a été cette période d'adaptation.
Speaker B:Mais enfin, une période de libération totale, culturelle, c'est-à-dire de voir d'autres choses.
Speaker B:C'est le travail qui m'avait emmené sur autre chose, mais des rencontres.
Speaker B:J'ai eu l'occasion, avec ces projets, de rencontrer des artistes incroyables.
Speaker B:Je me rappelle avec Anish Kapoor ou Anthony Gormley.
Speaker B:rencontrer Rem Koolhaas ou Toyo Ito, tous ces personnalités de l'architecture ou du monde de l'art étaient présents dans les projets que je faisais et ça m'a permis de complètement confronter mon point de vue avec d'autres manières de faire que je n'avais pas l'occasion quand j'étais à Paris puisque ces personnalités plutôt sur du papier glacé, c'était plutôt sur Ils ont eu une certaine distance, je les voyais par les revues, mais je n'expérimentais pas des projets avec eux.
Speaker B:Donc le début a été extrêmement difficile, parce que Londres est une ville chaotique.
Speaker B:Pour moi, ça avait été une expérience d'installation qui n'était pas aussi facile.
Speaker B:Et c'était une expérience fondamentale, puisque toutes les portes sont ouvertes.
Speaker B:Tout d'un coup, ça a été le pivot sur la scène internationale.
Speaker B:et j'ai adoré rencontrer d'autres choses.
Speaker B:C'était travailler et voyager.
Speaker A:Tu as des exemples ?
Speaker B:Par exemple, la première expérience qui a été fondamentale, c'était le pavillon danois pour l'expo à Shanghai.
Speaker B: C'était autour des: Speaker B:J'étais responsable de la structure, mais je devais voyager au Danemark, et aller au retour à Londres pour aller aussi sur le chantier qui était à Shanghai.
Speaker B:Dès là, c'est la confrontation entre le modèle anglo-saxon, danois, le modèle européen, et donc la culture chinoise, qui avait une autre manière de faire, de la vitesse d'exécution, etc.
Speaker B:Ça, c'était la première belle confrontation.
Speaker A:Comment ça fonctionne ?
Speaker A:Quel est ton rôle dans, si on prend l'exemple de ce projet, quel est à la fois ton rôle, ton champ d'action, ton champ de responsabilité, à qui tu réponds et donc à quel point tu es confronté aux différentes cultures dans les différents cadres ?
Speaker B:Alors dans ces projets spécifiquement, j'avais le rôle d'ingénieur structure.
Speaker B:J'ai fait partie de l'équipe spécialisée qui s'appelait Advanced Geometry Unit.
Speaker B:On avait supporté le créateur, l'architecte, pour la définition de la géométrie et de la réalisation du projet en termes de structure.
Speaker B:Et ça va toujours beaucoup plus loin parce qu'en fait, ces interfaces de la géométrie, on les avait aidées à développer l'image, donc c'est une espèce de Moebius strip, c'est un projet assez fantastique parce qu'il n'avait pas de support, c'était une forme libre dans l'espace.
Speaker B:Donc notre rôle, c'était de supporter une image qu'on avait aidée en concours jusqu'à sa réalisation.
Speaker B:Donc ça, c'était notre rôle.
Speaker B:Et après, l'interface culturelle, c'est de pouvoir mettre ensemble à la table un client du Danemark avec une équipe de support de consultants à Londres qui a un alter ego sur le chantier en Chine.
Speaker B:et l'interaction, c'est des heures de décalage, c'est des non-compréhensions de langage, des accents différents, des dessins qui sont faits de manière différente, des vitesses d'exécution, des vérifications, le passage du code européen anglo-saxon à la traduction.
Speaker B:Et la première belle expérience, c'est toutes les zones d'ombre, les non-compréhensions, peut-être des présentations qui sont parfois, qui doivent être exagérés pour que les messages passent.
Speaker B:Donc on a dû développer un peu des techniques, c'était un peu le début pour moi, j'ai développé des techniques de communication pour que les gens comprennent.
Speaker B:Par exemple, la solution qu'on retire est en vert, la solution qu'on refuse est en rouge, parce qu'en fait il y a des gens qui ne comprennent pas forcément la traduction ou le niveau d'anglais n'avait pas été suffisant sur le chantier en écouté de la Chine.
Speaker B:Donc c'est tout ce mélange de sourire, de stress, donc ça passe beaucoup par le côté graphique mais aussi par le côté humain.
Speaker B:Et c'est fabuleux parce qu'après quand on voit le projet, j'avais eu l'occasion d'aller sur le chantier pour vérifier l'exécution, c'est fabuleux de voir que finalement le message passe, peu importe si on soit à Paris, à Londres ou à Shanghai, et que les gens ont la même joie de construire, la même sens de responsabilité, mais de manière différente.
Speaker B:C'est exprimé d'une manière différente, mais il y a des émotions qui passent aussi.
Speaker A:– Tu penses que les gens se rejoignent derrière le projet qui va être construit ?
Speaker B:– Complètement.
Speaker B:Et ça, c'était un des premiers projets que j'ai vraiment fait à l'international, par moi-même, en voyageant.
Speaker B:Et après ça ne m'a jamais lâché.
Speaker B: plus tard autour des années: Speaker B:Côté ingénierie, c'est beaucoup de projets en collaboration avec Zaha Hadid, où entre autres le Grand Théâtre de Rabat ou le Palais Présidentiel de l'Algérie avaient été le théâtre, c'est le cas de le dire, de passages diplomatiques entre la culture anglaise que je représentais et la culture locale qui parlait français.
Speaker B:et des entreprises aussi locales, donc entre la culture arabe mélangée avec aussi du langage français.
Speaker B:Donc c'était un vrai rôle diplomatique de représentation entre l'architecture, la technique et de coordination.
Speaker B:Donc c'est là qu'on voit que la coordination doit à beaucoup de choses.
Speaker B:On le voit aussi dans le monde d'aujourd'hui, dans le monde de la diplomatie, tout est dans la nuance.
Speaker A:Est-ce que tu avais perçu ce rôle-là, que ce soit pendant tes études ou avant que tu commences à travailler, que ça aurait autant de place et d'importance ?
Speaker B:Je n'avais pas perçu ce rôle de coordination, de diplomatie à ce point.
Speaker B:Je l'avais vu dans la multidiscipline, comme quoi les disciplines doivent se parler et qu'il y a un vrai espace de conception.
Speaker B:J'avais souvent, durant mes études, parlé d'abrasion créative, de friction entre les disciplines pour que le projet gagne une valeur, c'est-à-dire qu'au lieu de se...
Speaker B:que les disciplines soient l'une contre l'autre, qu'on ait à gagner par ce dialogue.
Speaker B:Donc ça, j'avais bien vu cette dimension, mais j'avais jamais vu que le rôle de coordination entre le début d'un projet, les premières heures de conception, jusqu'à la fin, c'est-à-dire la réalisation, il y avait autant d'enjeux, de dialogues, de nuance, de résilience, et surtout quand on fait des projets internationaux.
Speaker B:C'est-à-dire que les gens sont hors de leur cadre, parfois.
Speaker B:Donc, passer des dessins à une entreprise, par exemple, marocaine, qui n'a jamais vu une forme aussi complexe que le Grand Théâtre de Rabat, et de pouvoir décrire 2 000 dessins de structure sur un chantier, pour une entreprise qui n'avait jamais peut-être vu de double courbure, le rôle didactique aussi, du rôle de l'architecte ou de l'ingénieur, d'apprendre aux autres un savoir-faire, de pouvoir aussi contrôler le travail qui est fait, de pouvoir l'initier, d'arriver avec des choses, des dessins, des 3D qui sont durs à coordonner, parce que les corps de métier ont tendance à être spécialistes.
Speaker B:mais ils n'ont pas le rôle de coordination.
Speaker B:Je n'avais jamais vu que le rôle de coordination était si dur, si long, si éprouvant.
Speaker B:Au début de mes années d'études, je n'avais jamais vu que la vie d'un projet était d'une intensité énorme.
Speaker B:C'est un travail qu'on apprend.
Speaker B:Je pense que j'avais vu juste que les métiers doivent se parler et que les projets qui ont un grand succès C'est des projets qu'on s'est vécu depuis le stade de concours, d'initiation du projet, jusqu'à leur réalisation.
Speaker B:Ils ont survécu à toutes ces étapes culturelles de diplomatie.
Speaker B:Quand les projets sont très forts, ils survivent.
Speaker B:La forme, le message passe.
Speaker B:Et ce message, en fait, c'est pas un langage.
Speaker B:Entre autres, le grand théâtre de Rabat, la forme était tellement forte, l'engagement du projet était tellement beau, Je pense qu'il a toujours trouvé un moyen de redémarrer.
Speaker A:C'est très géniment dit.
Speaker A:Est-ce que tu parlais d'abrasion créative, et visiblement de projets suffisamment forts pour dépasser les confrontations ?
Speaker A:Est-ce qu'il y a eu quand même des moments de tension ?
Speaker A:Et dans ce cas-là, comment est-ce que ça se règle ?
Speaker B:Il y a parfois des...
Speaker B:Là, je parle par exemple d'un projet que j'ai fait avec une entreprise en courant, Sterling Presser, où on a aussi délivré beaucoup de projets à l'étranger.
Speaker B:entre autres en Chine.
Speaker B:Et on a eu des moments de stress énormes quand le projet de théâtre de Taïwan et sa passerelle d'entrée a été expliqué au client, mais mal expliqué à l'entreprise par les problèmes de distance, les problèmes de phase et la manière dont les Chinois travaillent.
Speaker B:Entre autres, ce client ne nous a pas appelé à toutes les phases.
Speaker B:Jusqu'au point où le projet était en crise, il ne pouvait plus se construire.
Speaker B:Donc la seule moyen de résoudre cette crise, c'était de voyager et de se mettre à table, et de regarder leur dessin, leur interprétation de notre travail.
Speaker B:Donc ça, c'était la plus grosse difficulté, c'est de voir comment d'autres interprètent notre information.
Speaker B:Et ce passe dans nos services pendant certaines phases de travail, alors qu'ils auraient eu besoin de support.
Speaker B:Du coup, ces moments de tension étaient simplement résolus par du temps, du support, du voyage et beaucoup d'acceptation, beaucoup d'écoute.
Speaker B:Et d'éduquer notre client à nous impliquer de nouveau pour pouvoir que le projet soit supporté, non seulement sur les phases de documentation, mais de construction.
Speaker A:Par curiosité, par rapport à ça, est-ce que ce sont des coûts supplémentaires, j'imagine que ce soit à la fois en temps, en déplacement, etc., qui sont déjà compris dans l'ensemble du projet ou est-ce qu'ils s'ajoutent après coup ?
Speaker B:Dans le cas du théâtre de Taïwan, il a fallu renégocier notre implication parce que je pense qu'ils allaient dans le mur, ils ne savaient pas construire ce qu'on avait proposé et ils n'avaient pas voulu nous impliquer sur la phase de développement.
Speaker B:Donc ils ont acheté un concept qui est une forme qui est très belle, qui est très organique.
Speaker B:Et c'est là que, je dirais, ce qui a été clé pour résoudre ce problème, c'est de discuter avec notre client, de comprendre ses échéances de temps.
Speaker B:Il devait vraiment le construire, donc il y avait un temps qui était lié, il y avait une échéance, une ouverture, l'ouverture du théâtre.
Speaker B:Ça s'est révélé l'ouverture, il ne pouvait pas bouger.
Speaker B:Et ce qui a été clé, c'est qu'il comprenne qu'ici, la double compétence d'architecture, mais aussi d'ingénierie, pouvait peut-être lui donner des solutions rapides.
Speaker B:Pendant longtemps, il ne nous a pas impliqué, mais quand il a vu qu'il avait l'opportunité de voir le concept architecte structure ensemble et les compétences de 3D, on lui a donné l'ensemble du modèle 3D qui a servi finalement à dessiner les profils, à les construire, à les emmener sur le chantier.
Speaker B:Je pense que notre expérience de grand projet, à résoluer la question.
Speaker B:C'est quand on a coupé du temps, par voyager avec des coûts supplémentaires évidemment, mais qui sont finalement assez minimes quand on voit l'importance du projet.
Speaker B:Donc finalement, on a réussi à donner du temps et avec un peu de patience et d'expertise, on a réussi à résoudre cette question.
Speaker A:C'est fascinant parce que vraiment dans votre cas de figure, il y a ce côté aussi de transmission et de communication, soit de compétence, soit de savoir, d'un bout à l'autre, par exemple de la planète, où il y a des gens qui n'ont pas accès à ce que vous vous proposez parce que sinon ils auraient pris par exemple quelqu'un sur place.
Speaker B:C'est vrai que ça c'est intéressant.
Speaker B:On peut construire dans différents pays.
Speaker B:Il y a des niveaux d'expertise qui sont différents.
Speaker B:Et parfois, je dirais, ce qui a été un grand enjeu dans les 15-20 dernières années, c'est que la forme s'est quand même libérée.
Speaker B:Il y a des outils pour définir l'architecture digitale qui ont permis de libérer certaines formes.
Speaker B:Entre autres, l'architecture paramétrique, les outils de modélisation ont permis de créer des choses assez intéressantes.
Speaker B:Mais parfois, de proposer une image et de pouvoir la construire n'est pas évidente.
Speaker B:C'est-à-dire que pour certaines cultures, elles ne sont pas prêtes à recevoir les entreprises de construction ou les designers locaux, donc à chaque fois on s'entoure avec des entreprises ou des consultants locaux pour pouvoir que notre projet soit...
Speaker B:traduit ou supporté, relayé.
Speaker B:Et c'est là que parfois les niveaux de compétence ou de traduction ne se fait pas automatiquement.
Speaker B:Alors aujourd'hui, je pense qu'il y a quand même un niveau de compétence de manière internationale qui s'est relevé de ce côté-là, mais ce n'est pas toujours évident.
Speaker B:Sur le projet que je mentionnais pour le Maroc, ce n'était pas évident.
Speaker B:Il y a une culture plus du dessin 2D, du papier, La culture digitale 3D n'était pas assez relevée pour qu'on puisse faire des coordinations en 3D automatiquement.
Speaker B:Ce qui est important dans tous ces projets finalement, c'est que les équipes apprennent quelque chose.
Speaker B:Souvent on donne cette expertise, on reçoit une culture locale et on s'adapte.
Speaker A:C'est ce que j'allais dire, vous avez en plus du coup une nécessité j'ai envie de dire de formation pour assurer le suivi et l'exécution de votre projet.
Speaker B:Il faut, les bons projets et les projets qui vont au bout sont automatiquement les projets qu'on a suivi du début à la fin.
Speaker B:Il y a toujours une partie de 5% ou 10% de, on appelle ça supervision artistique, peu importe le mot, mais il faut être présent jusqu'à la fin pour que la vision soit jamais lâchée.
Speaker B:parce qu'on peut très bien donner l'information à une entreprise locale qui s'approprie le projet, qui re-coordonne et délivre l'information finale pour pouvoir construire.
Speaker B:Et souvent, c'est là que les erreurs sont faites ou les erreurs d'interprétation où il y a toujours des questions de budget et de temps.
Speaker B:et de pression juste avant de délivrer un projet, c'est là que les dérapages se font, les raccourcis, et parfois on peut rater un projet par un non-relais où il faut garder la vision globale.
Speaker B:Il faut que cette personne qui a conçu le projet reste jusqu'au bout.
Speaker B:On s'assure sur chaque projet aujourd'hui que notre contrat nous permette d'avoir la vision globale jusqu'au bout.
Speaker A:Compris.
Speaker A:On va revenir évidemment sur tout ce qui est la création de votre bureau, de l'installation à Berlin.
Speaker A:Juste une petite question supplémentaire sur ces années à la fois londoniennes et internationales, on a bien compris.
Speaker A:Quel est ton rythme de travail à ce moment-là ?
Speaker A:À quoi ressemble ton quotidien ?
Speaker B:Le coditien est rythmé, c'est une journée de travail, c'est beaucoup d'heures de travail en équipe, beaucoup d'heures de vidéoconférence, de dégages horaires, de voyages.
Speaker B:J'ai grandi dans cette période du travail, dans le grand travail de l'équipe.
Speaker B:donc beaucoup de management aussi, et de multiculturalité.
Speaker B:Donc c'est un rythme effréné, c'est aussi beaucoup de projets à la fois, c'est qu'on travaille jamais sur un projet, il y a des projets qui s'accélèrent, d'autres se ralentissent.
Speaker B:des projets de grands bâtiments, des projets de sculptures, ou des projets moins ambitieux de design intérieur avec une sculpture interne, ou on peut aller jusqu'à une tour de bâtiments de grande hauteur.
Speaker B:Donc c'est des rythmes effrénés avec des échelles différentes.
Speaker B:Donc avoir la capacité dans ces moments-là de toujours avoir la tête qui est orientée, c'est une boussole permanente sur chaque projet, Et quand on grandit en plus dans ces rôles, d'avoir plus de direction technique ou architecturale, d'être capable de garder le cap sur les projets.
Speaker B:C'est beaucoup de pression, contractuelle, technique, de temps, tout s'ajoute à ce rythme.
Speaker B:Et je pense qu'être capable dans ces moments de pouvoir anticiper les succès, les échecs des projets, de pouvoir rendre chaque projet possible, C'est un gros challenge.
Speaker B:Dans cette période-là, j'ai grandi un portfolio extrêmement exceptionnel, mais au prix de beaucoup d'heures de travail, évidemment.
Speaker B:Il faut beaucoup de patience, il faut être très didactique, très mutuel, ça demande beaucoup de discipline.
Speaker A:Oui, c'est ce que j'allais dire, beaucoup de discipline.
Speaker A:Et est-ce qu'avec ce que t'avais, t'es formée du coup ?
Speaker A:J'ai l'impression que, à mon expérience du monde du travail en tout cas, en grande entreprise, c'est plutôt on arrive quelque part, on est un peu jeté dedans, on a plus ou moins un onboarding qui nous permet de nous présenter les programmes avec lesquels on travaille, mais je trouve de mon expérience, qui a très peu de formation à « voici notre culture, voici ce qu'on attend » et de contrôle.
Speaker A:Donc j'ai, pour avoir échangé avec d'autres personnes, j'ai l'impression que c'est vraiment quelque chose d'entreprise, entre autres, c'est-à-dire que ça dépend de quelle importance l'organisme dans lequel tu travailles va apporter à cela.
Speaker A:Mais est-ce que tu as des mentors en architecture ou en ingénierie qui te prennent sous ton aile ?
Speaker A:Est-ce que tu te formes toi-même en allant lire dans des livres ?
Speaker A:Est-ce que c'est juste le rythme du travail qui te force à te structurer toi-même ?
Speaker B:Il y a déjà une première réponse, c'est que très tôt j'ai toujours été autodidacte.
Speaker B:Donc le choix d'avoir fait l'architecture et l'ingénierie séparément, c'était un choix.
Speaker B:C'était pas poussé pour avoir un titre ou un rôle spécifique sur un projet, c'était une vision, une envie, une passion.
Speaker B:J'ai été plus passionné par mes heures.
Speaker B:d'études, d'université, que par toutes les heures de lycée, toutes les heures qui étaient au tout début de ma vie de jeune étudiant.
Speaker B:L'autodidacte a été fondamental, donc je me suis nourri avec tous les livres, les cultures, les rencontres.
Speaker B:Et peut-être le premier mentor que j'ai eu, c'est de travailler, j'étais encore étudiant avec Hugues Duton à Paris, donc rue Péquet.
Speaker B:On partageait le bureau de Meyrnath Choumé, donc à côté des rues des archives.
Speaker B:Et ça, c'est beaucoup de temps de travail en tant qu'étudiant.
Speaker B:J'étais à mi-temps, mais j'avais déjà un rôle dans une entreprise.
Speaker B:Une petite entreprise, mais qui faisait des choses très ambitieuses.
Speaker B:Et je devais aller au travail.
Speaker B:J'ai appris sur le terrain à coordonner des dessins, à délivrer des dessins, à comprendre les responsabilités et les enjeux.
Speaker B:Et je dirais que la culture du projet, je l'ai appris là.
Speaker B:Parce que la culture du projet qui est apprise à l'école est très disciplinaire, très séparée.
Speaker B:On apprend le matin la géotechnique, après on va regarder les questions...
Speaker B:Il y avait beaucoup en école d'architecture de cours d'histoire de l'art ou de philosophie, etc.
Speaker B:Mais chaque chose est dissociée.
Speaker B:Et au final, la culture du projet, ça ne prend nulle part que par le projet.
Speaker B:Donc en fait, il faut faire des heures de travail pour comprendre les enjeux, les questions de temps, les questions de responsabilité.
Speaker B:Qu'est-ce que c'est qu'avoir sur les épaules la responsabilité d'ingénierie, c'est-à-dire la stabilité, les questions de...
Speaker B:de vérification, il faut que ça marche, la question de la coordination est fondamentale.
Speaker B:Et ça, nulle part, on peut l'apprendre.
Speaker B:Les projets théoriques qu'on fait à l'école restent des belles images, mais n'ont pas vécu toutes les phases et les pressions d'aboutissement.
Speaker B:Et ça s'est accéléré, je dirais, en travaillant sur les grands projets à Londres, quand j'étais chez Aaroub, On a des mentors.
Speaker B:C'est une entreprise qui est en anglais corporate.
Speaker B:C'est plus de 10 000 personnes.
Speaker B:Il y a des équipes d'en gros entre 20 et 100 personnes.
Speaker B:On a toutes ces hiérarchies.
Speaker B:de support, donc on commence en plus junior, après on grandit petit à petit, et je dirais que la supervision est fondamentale à ce moment-là parce qu'on grandit en bénéficiant de l'expérience des autres.
Speaker B:Et je dirais que ces périodes-là de formation étaient fondamentales parce qu'en tant que junior, donc pendant les 4-5 années à Londres dans ces entreprises, C'est pas évident de travailler dans des entreprises très corporelles, parce qu'il y a toutes ces hiérarchies, codifications, mais en même temps ça prend une structure, ça prend une certaine discipline, et aussi des disciplines de communication.
Speaker B:dire la bonne chose au bon endroit, de travailler en contrôlant son propre travail.
Speaker B:Donc, ça m'a appris d'être autodidacte, de pouvoir apprendre rapidement comment il fonctionne.
Speaker B:Et je dirais que la culture du projet, ça prendra nulle part que sur un projet.
Speaker B:La culture du chantier, ça prendra nulle part que sur un chantier.
Speaker A:C'est noté.
Speaker A:Donc pour les personnes qui nous écoutent, qui aient envie de faire soit de la culture de projet ou alors d'être architecte ou ingénieur à un moment, ce serait quoi ta recommandation dans ce sens ?
Speaker B:D'Embrasser le métier, d'avoir envie de construire, de changer le monde en faisant des beaux projets.
Speaker B:Ma recommandation, c'est de ne pas être trop poussé par les questions momentanées de politique ou des difficultés budgétaires, ne pas être trop poussé par la partie difficile du projet, d'avoir une vision, Et ma recommandation, c'est d'approcher des personnes qui ont une vision.
Speaker B:J'ai eu beaucoup de chance d'être confronté à des personnes, des collègues ou des architectes, d'autres artistes ou d'autres ingénieurs qui avaient une vision qui dépassait le cadre de leur propre métier.
Speaker B:Et donc ma recommandation, c'est d'aller vers ces personnes-là qui vous donnent de l'inspiration.
Speaker B:C'est peut-être parfois une critique que j'ai sur beaucoup de praxis qui sont en Allemagne, où les choses sont parfois très terre-à-terre, on délivre des choses, mais qui ont pas à être de...
Speaker B:Cette partie essentielle, c'est une partie...
Speaker B:On dit ça, il y a ce mot en allemand, le Zeitgeist.
Speaker B:C'est l'esprit du moment.
Speaker B:Donc ma recommandation, c'est de trouver ces bonnes personnes, ces bons mentors.
Speaker A:C'est noté.
Speaker A:Dans ces années londoniennes, t'avais déjà prévu, donc t'étais, t'avais la vingtaine, trentaine, c'est ça ?
Speaker B:Je suis arrivé à Londres à 27 ans.
Speaker A:T'avais déjà une vision un jour d'avoir ton propre cabinet ?
Speaker A:Ou une envie ?
Speaker B:J'ai toujours eu envie.
Speaker B:Déjà en tant qu'étudiant, c'est de partir tôt didacte, d'architecture, d'ingénierie.
Speaker B:J'avais toujours envie de me libérer pour faire quelque chose, par mon propre chemin.
Speaker B:Et en fait, ça a pris beaucoup plus de temps que prévu.
Speaker A:Plus de temps prévu par rapport à ce que tu pensais ou par rapport à ce qui était possible ?
Speaker B:Les deux.
Speaker B:Les deux.
Speaker B:Je suis arrivé à Londres, j'ai mis le doigt dans l'engrenage de choses passionnantes.
Speaker B:Et du coup, un projet emmené sur un autre projet qui emmenait sur un autre projet, et juste cette rencontre avec un beau projet qui est le Grand Théâtre de Rabat, qui m'a pris plus de six ans, entre le premier dessin et la partie de la structure qui a été construite sur le chantier, J'ai toujours voulu pouvoir recommencer quelque chose, mais parfois il y a des rythmes qu'on ne contrôle pas et on a envie de finir les choses.
Speaker B:J'ai eu cette rencontre fantastique avec Elke Presser, à cette époque elle était chez Zaha Hadid, où elle a ravivé la flamme de faire quelque chose de manière indépendante.
Speaker B:Elle a été sur mon chemin pendant que je faisais ce chantier, elle a été architecte chez Zaha Hadid et Patrick Schumacher.
Speaker B:Il y a ces deux mondes, moi j'étais côté ingénieur, il y a ces deux mondes qui se sont de nouveau rencontrés.
Speaker B:On avait toujours cette discussion pendant toutes mes longues et dures années de coordination pour ce projet où je disais il faudrait vraiment que je fasse autre chose ou peut-être avoir notre propre vision.
Speaker B:Donc on a beaucoup échangé à cette époque-là et ça s'est passé.
Speaker B:Ça a pris plus de temps.
Speaker B: sérieuse autour des années: Speaker B: C'est en: Speaker B: inissais le chantier jusqu'en: Speaker B: C'est en: Speaker B:Une expérience qui est peut-être un peu plus différente, c'est de s'ouvrir sur une expérience d'entrepreneur.
Speaker B:et lâcher, peut-être, toutes ces années de responsabilité au sein de grands bureaux corporates, structurés, établis, avec des grands noms de l'architecture, etc., mais qui ne permettent pas de nous libérer en tant qu'artiste, en tant que visionnaire.
Speaker B:C'était l'enjeu.
Speaker B:Est-ce qu'on va réussir à mettre ensemble nos idées et une entreprise ?
Speaker A:On va arriver à ça.
Speaker A:Alors, avec Heike, vous vous êtes rencontré autour d'une vision sur un projet dans vos métiers.
Speaker A:Vous êtes partenaire sur un peu plus de différents aspects de la vie, on va dire.
Speaker A:Et quand vous décidez de vous lancer ensemble, vous quittez chacun de vos deux travails et ça se fait en même temps ?
Speaker B:Non, ça se fait de manière un peu désynchronisée.
Speaker B: Je garde mon emploi jusqu'en: Speaker B: Entre temps, en: Speaker B:Donc il y a beaucoup de travail en distance et de voyage.
Speaker B:Elle prend un premier emploi à Berlin pour qu'on puisse s'installer, donc elle travaille avec une entreprise, un architecte ici établi à Berlin.
Speaker B:2018, on se met ensemble sur nos projets.
Speaker B:Ça s'est fait de manière petit à petit, ça s'est fait de manière graduelle.
Speaker A:— Et pourquoi Berlin ?
Speaker B:— Alors ça, c'était un grand sujet.
Speaker B:Ça, c'est une question qu'on a...
Speaker B:On n'a jamais eu la réponse...
Speaker B:Depuis Londres, il y a cette carte de l'Europe qui était affichée très longtemps, pour savoir où est-ce qu'on irait après.
Speaker B:Donc il y avait toujours une idée qu'il y aurait quelque chose d'après, qui ne serait pas Londres et qui ne serait peut-être pas Paris.
Speaker B:J'avais cette intuition de ne pas revenir à Paris de manière personnelle, parce que j'avais cette intuition en tant que couple et famille, ce n'était peut-être pas le meilleur moyen pour monter une entreprise.
Speaker B:Donc il y avait peut-être cette idée qu'il n'y avait jamais, que ce serait peut-être ailleurs que Paris.
Speaker B:Et l'Allemagne, ça a été cette grande question, si c'est l'Allemagne, puisque c'était pas mal d'avoir un des partenaires dans son pays natal.
Speaker B:On a regardé Stuttgart, Munich et d'autres villes, et finalement Berlin en tant que ville, je dirais plus international, me convenait mieux.
Speaker B:Je devais apprendre l'allemand ou réapprendre l'allemand, j'avais tout perdu.
Speaker B:Et j'ai senti que Berlin avait un peu plus de légèreté, donc on pouvait un peu plus parler anglais, et peut-être qu'il y avait un peu plus d'espace pour moi.
Speaker B:Et au tout début, je suis venu à Berlin et je voulais pas y venir.
Speaker A:– De ce que tu connaissais ou en arrivant sur place tu t'es dit c'est pas pour moi ?
Speaker B:– Première visite.
Speaker B: Première visite en: Speaker B:C'est une ville que je connaissais en tant que touriste mais comme on avait cette discussion j'arrivais du mal à me projeter en tant que citoyen, en tant qu'habitant.
Speaker B:Donc je n'avais pas été séduit.
Speaker B:Je suis quand même revenu l'été et je suis revenu aussi dans un autre état d'esprit.
Speaker B:J'avais un peu avancé sur le chemin de quitter Londres et je me suis projeté et j'ai eu cette idée qu'en faisant un peu plus de recherches, quand on compte aux preneurs, c'était beaucoup plus facile.
Speaker B:peut-être qu'ailleurs, où j'avais un peu aussi progressé sur la partie administrative ou projet, et Berlin m'a séduit à ce moment-là.
Speaker B:Comme une ville, en plus, qui a souffert, une ville qui a une histoire, une ville qui a des couches d'esprit, c'est une ville qui est complexe, et ça, ça m'a séduit.
Speaker B:Parce qu'en fait, autant que j'adore Paris, autant que j'adore Londres, Bernard m'a apporté autre chose, une autre stabilité, de l'espace, des hivers durs mais des étés fabuleux.
Speaker B:Il y avait un autre rythme que je n'avais peut-être pas expérimenté avant.
Speaker B:Finalement, nos valises se sont posées petit à petit, mais d'une manière assez décisive.
Speaker B:Quand ça s'est passé, ça s'est passé de manière assez spontanée.
Speaker A:— Et rémédiable.
Speaker B:— Et rémédiable.
Speaker B:Donc ça, ça...
Speaker B:Je l'avais vu venir, mais en même temps, ça s'est fait de manière assez naturelle.
Speaker B:Donc on avait cette carte de l'Europe où est-ce qu'on va atterrir, qu'est-ce qu'on va faire.
Speaker B:En fait, c'est souvent lié à quel projet aussi, professionnel et familial.
Speaker B:Et Berlin s'est finalement imposé comme un choix assez facile, mais aussi assez bien connecté.
Speaker A:– C'est ce que j'allais demander, il n'y avait pas du coup d'autres alternatives du style hors Europe ?
Speaker B:– Ça ne s'est pas présenté, ça aurait été lié avec un projet ou une entreprise, mais en tant que montage d'entreprise, parce que là il y avait aussi une idée d'être entrepreneur, j'avais du mal à me projeter de monter une entreprise peut-être dans le Moyen-Orient ou aux États-Unis ou ailleurs ou en Chine, donc il y avait la question des racines, la racine européenne était là.
Speaker B:Donc en tant que partenaire franco-allemand, qu'un des partenaires se retrouve sur son sol était, je pense, un bon choix.
Speaker A:D'accord.
Speaker A:Comment se passent les premières étapes de cette construction d'entreprise ?
Speaker A:Vous aviez mis des fonds de côté ?
Speaker A:Vous aviez un projet avec une vision en vous disant il faut qu'on ait signé tant de projets par exemple ?
Speaker A:Est-ce que vous aviez une date limite ?
Speaker A:Est-ce que vous aviez un filet de sécurité en arrière-plan ?
Speaker B:On passe par toutes les étapes d'entrepreneur, c'est-à-dire les périodes de doute, les périodes d'échec possible, le business plan, Tous les cours...
Speaker B:Alors c'est là qu'on se rend compte qu'on n'est pas...
Speaker B:On parlait avant de la culture du projet.
Speaker B:Mais la culture de l'entrepreneur n'y est pas formée, en fait.
Speaker B:Alors que je pensais, en dirigeant des grands projets, que j'avais une culture d'entreprise.
Speaker B:Non, il faut la créer de nouveau.
Speaker B:Donc c'était pour moi un grand saut.
Speaker B:C'est ne pas être associé à un projet, mais associé à une entreprise.
Speaker B:Une vision, une gestion marketing, gestion financière, une...
Speaker B:la gestion de nos propres ressources.
Speaker B:D'ériger des ressources, c'est différent que de gérer des ressources que nous devons également payer, planifier.
Speaker B:le rythme des projets qui s'arrêtent et qui se recommencent.
Speaker B:Pour moi, c'était un grand saut de pouvoir planifier cette partie.
Speaker B:Au début, on avait une vision de ce qu'on voulait faire, mais il y avait un gap, un trou énorme entre ce qu'on avait fait dans le passé, on avait abouti à des projets merveilleux, et ce qu'on était capable de refaire nous-mêmes en tant qu'entrepreneurs.
Speaker B:Toute la partie de se faire connaître, de pouvoir mettre des expertises au service de notre propre entreprise.
Speaker B:Et c'est là qu'on se rend compte qu'il y a beaucoup de portes qui se ferment.
Speaker B:Le non-comporté avant n'a plus la même valeur.
Speaker B:On doit s'identifier, on doit se reconstruire, on doit se renommer, se remettre en question, on doit réapprendre des compétences.
Speaker B:on doit en oublier d'autres, on doit changer le focus.
Speaker B:Et quand on a commencé, la montagne était très très haute, la barre était très très haute, on avait aussi une vision et une ambition extrêmement haute.
Speaker B:Et on s'est dit, peu importe le prix, c'est ça, c'est venu très tôt, on y va.
Speaker B:Donc c'est cette culture de la montagne que j'ai, j'ai une passion qui est la montagne, et ça je crois que ça m'a été fondamental, c'est que un peu la difficulté de la course.
Speaker B:Si on commence à tranchement, on arrive au refuge le soir.
Speaker B:Il y a cette culture d'apprécier la difficulté, de ne pas être trop ambitieux, mais en même temps d'avoir une certaine discipline pour y arriver.
Speaker B:Et les débuts ont été extrêmement difficiles parce que c'est beaucoup de petits échecs, de petites réussites, de se réajuster.
Speaker B:Oui, on avait un plan.
Speaker B:Mais avec toute honnêteté, je relis aujourd'hui mon business plan.
Speaker B:Je ne dis pas qu'il n'a aucune valeur, mais il est très relatif.
Speaker B:La croissance d'une entreprise, où il faut se dire qu'est-ce qu'on va faire sur 6 mois, 1 an, 5 ans, je dois dire qu'il y a des choses que je n'avais pas vues.
Speaker B:et que non plus, donc on n'avait peut-être pas été formés à certains aspects de croissance d'une entreprise.
Speaker B:Mais en même temps, ce qui ne nous a jamais lâchés, c'est la passion, l'ambition et la vision.
Speaker B:La vision originelle ne nous a jamais lâchés.
Speaker B:Et ça, j'avais toujours dit, tant que c'est là, Peu importe les difficultés de construction d'une entreprise, tant que ça c'est là, on doit le protéger.
Speaker B:C'est notre rêve, il faut qu'on le protège.
Speaker B:Peu importe les influences extérieures, parce qu'en fait quand on commence à être entrepreneur, il y a des influences extérieures, que ce soit des clients, des partenaires.
Speaker B:Mais on protège cette vision, cette pureté qui nous a peut-être mobilisés dès le début de nos études ou très tôt à Londres.
Speaker B:On le protège comme quelque chose de sacré.
Speaker B:Et ça, peu importe ce qui se passe, ça reste.
Speaker B:Et je dois dire que ça, c'est quelque chose qui marche.
Speaker A:De ton expérience londonienne et interculturelle à ce moment-là.
Speaker A:Tu disais que tu avais des différences, notamment dans les comportements, qui fait que tu avais été lofrançais.
Speaker A:Là, déjà, vous êtes un couple au travail et à la ville, et en plus, un couple franco-allemand.
Speaker A:Est-ce que là, il y a eu des ajustements à faire dans vos échanges et votre travail commun ?
Speaker B:Complètement.
Speaker B:La première chose, c'est comment on fait pour atterrir une entreprise ?
Speaker B:ici à Berlin, donc en Allemagne, quand on débarque sur la langue.
Speaker B:Donc il y a des questions très pragmatiques de langue, d'enregistrement, d'admeldung.
Speaker B:Et donc là, on a dû se réajuster sur des rôles, commencer par les nos rôles, mais aussi des frictions qui sont liées à ça.
Speaker B:C'est-à-dire que j'ai dû me réajuster sur la langue, sur l'apprentissage de la culture, tout en montant une entreprise.
Speaker B:Donc un challenge que je pense qui est énorme.
Speaker B:Dans tous les milieux culturels, on peut monter une entreprise.
Speaker B:n'importe où, le challenge de montage d'une entreprise est énorme.
Speaker B:Et le faire sur un terrain qui n'est pas le sien était même plus gros que je l'avais imaginé.
Speaker B:Du coup, on a dû réajuster nos rôles.
Speaker B:Et ça, je dois dire que c'est...
Speaker B:Je l'avais un peu sous-estimé au début.
Speaker B:Sous-estimé, c'est-à-dire comment on doit se réapprendre.
Speaker B:On ne parle pas d'architecture de structure, on n'est pas en train de parler de...
Speaker B:de vision artistique, ça, ça a toujours été là.
Speaker B:Mais les questions purement pragmatiques ont été une source parfois de confusion ou de difficultés.
Speaker B:Mais on les a surmontées en étant patient.
Speaker B:J'ai aussi fait des cours d'allemand, j'ai aussi compris beaucoup plus finement comment marche la culture locale.
Speaker B:Je dois dire que ça, c'est un des plus gros challenges de montage.
Speaker B:Montage d'une entreprise sur un sol qui n'est pas le sien.
Speaker B:C'est-à-dire qu'il y a des choses qu'on ne connaît pas.
Speaker B:Il y a des documents qu'il faut signer, on ne les comprend pas tout le temps.
Speaker B:Et c'est une expérience fantastique.
Speaker A:C'est amusant parce que tu l'as fait pour des bâtiments et là tu l'as fait du coup d'un point de vue administratif aussi.
Speaker B:Et apprendre toutes les étapes, du story-orberateur, du comptable jusqu'au...
Speaker B:Donc il y a toutes ces étapes à franchir et finalement c'est le même challenge que la montagne, c'est le même challenge que des projets ambitieux sur des sols qu'on connaît pas.
Speaker B:Finalement on les attaque avec la même attitude et aussi beaucoup d'humour.
Speaker B:Donc en fait ce qui nous a sauvés en fait, ce qui sauve tout, c'est l'humour.
Speaker B:Il faut avoir aussi beaucoup de légèreté parce que sinon on s'en sort pas.
Speaker B:de non-compréhension, d'être capable de pouvoir discuter avec des partenaires administratifs, et de pouvoir aussi s'accommoder des miss verstandenis, des choses qu'on ne comprend pas.
Speaker B:Et ça, je trouve ça fabuleux.
Speaker A:Et par rapport à ça, vous avez des repères ou des rituels ?
Speaker B:Il y a des rituels.
Speaker B:Chacun a développé ses petites habitudes ou ses petits rôles.
Speaker B:Rien n'est écrit, mais chacun a ses petites habitudes pour être sûr que ça marche.
Speaker B:Et même des rôles sur les projets ou des rôles sur la gestion d'entreprise.
Speaker B:C'est intéressant de voir comment ça se développe, parce qu'au début, on peut faire n'importe quel plan.
Speaker B:On ne sait pas comment ça se développe.
Speaker B:Et on a nos petites habitudes pour faire en sorte que de communication, de gestion de clients, de gestion d'entreprise, il y a des petites manies.
Speaker B:On appelle ça la culture de l'entreprise qui se développe à notre échelle.
Speaker B:Et c'est intéressant à observer.
Speaker B:C'est l'humour, encore une fois, c'est l'humour qui...
Speaker B:qui, on va dire, la colle.
Speaker B:C'est toutes ces zones d'ombre, de lumière, toutes ces petites...
Speaker B:Et en fait, c'est toutes les histoires qu'on a accumulées dans toutes ces années qui font que ça se renforce, ça se réenforce, ça se consolide.
Speaker B:Parce que c'est tellement d'étapes à franchir que les petites choses, finalement, s'en accommodent.
Speaker A:T'as un exemple ?
Speaker B:Par exemple, présentation de projet en Allemagne.
Speaker B:Cette passerelle qu'on avait faite sur le East Side Gallery, on l'a présentée aux partenaires de la Fondation pour le Mur de Berlin.
Speaker B:Je voulais à tout prix présenter en anglais, mais en fait la personne n'avait peut-être pas tout compris, donc quelques reprises en relais, donc on a pris habitude dans nos communications ou présentations que chacun fait une petite partie.
Speaker B:Du coup, on a appris à pouvoir communiquer ensemble.
Speaker B:dans le langage, mais aussi dans la prise de relais quand on présente un projet.
Speaker B:On a appris quand peut-être on arrive au bout d'une phrase, peut-être l'autre va rajouter quelque chose pour pouvoir peut-être donner l'idée qui n'avait peut-être pas été bien expliquée.
Speaker B:Donc c'est des petites manies de communication qui font que ça marche encore mieux.
Speaker B:Et souvent ça s'est développé sur les projets en Chine, par exemple.
Speaker B:où, bizarrement, les équipes chinoises ne parlaient pas du tout anglais, et avec mes premiers mots d'allemand, il a fallu que je communique avec l'architecte chinoise en allemand.
Speaker B:Sa deuxième langue était l'allemand.
Speaker B:Et avec quelqu'un, en travaillant tous les deux sur communiquer des idées techniques avec un peu d'allemand et compenser, on a adopté des techniques de communication qui font que, finalement, le message passe.
Speaker B:Et je trouve ça fabuleux à observer parce qu'en fait c'est pas des choses qu'on peut apprendre, ça peut être écrit nulle part, c'est des habitudes.
Speaker A:Et vous avez un travail qui est aussi très visuel, mais la parole et les mots sont toujours ensemble.
Speaker B:Oui, en fait c'est ça aussi qui est fabuleux.
Speaker B:Par exemple, j'ai plus l'intuition du papier, du croquis, les premières idées, qui se communiquent à quelques mots, mais ces mots se résonnent souvent, chez ma partenaire, en traduction 3D.
Speaker B:Et ça revient sur la planche de dessin, qu'il y a des...
Speaker B:Chacun a ses forces.
Speaker B:Souvent, je vois tout de suite le concept technique, si ça marche ou pas, ou l'intuition de la forme.
Speaker B:Mais en fait, comme Elke le dit toujours, le projet se développe en 3D.
Speaker B:On n'est pas capable de développer un projet en 2D.
Speaker B:et elle passe ses émotions directement dans le dessin 3D, dans la modélisation.
Speaker B:Et ça, c'est des choses qu'on développe sur les projets.
Speaker B:Au tout début, ça s'est passé comme ça.
Speaker B:On fait les premiers essais, mais finalement, on a des habitudes de...
Speaker B:Chacun a sa force.
Speaker B:Et c'est des traductions ou des mots qu'on choisit différemment.
Speaker B:Et finalement, on sent si le projet a besoin de quelque chose d'autre ou pas.
Speaker B:et on aboutit à un compromis ou à une vision commune assez rapidement.
Speaker B:Et on sent que s'il y a un des deux ou dans les équipes, chacun n'a pas dit son mot, il manque quelque chose au projet.
Speaker B:On a eu des concours où l'un était absent et du coup l'un des deux a développé le projet.
Speaker B:et il manquait quelque chose au projet, c'est quand la deuxième personne est revenue quelques jours avant la rendue, ah non mais attends c'est ça qui manque, et du coup l'image a été reprise, donc il y a une vraie complémentarité.
Speaker B:Et ça passe évidemment par le mot, par l'image, et par de la 3D, et maintenant avec l'intelligence artificielle ça passe aussi par du prompt qui développe aussi de nouvelles images, donc ça c'est intéressant, c'est quelque chose qu'on développe aussi ici, c'est que le pixel est lié à du mot, et qui est lié également à du digital, de la modélisation 3D, et aussi des modèles physiques.
Speaker B:Donc là, on voit dans notre studio, il y a beaucoup de modèles, des maquettes, et que ce soit de l'analogue ou du digital, tous marchent ensemble.
Speaker B:Et c'est les mots qui viennent ensemble créer le projet.
Speaker A:J'ai vu en effet que vous travaillez beaucoup avec l'intelligence artificielle.
Speaker A:Ça se représente comment dans votre quotidien ?
Speaker B:Alors notre quotidien, on l'utilise aujourd'hui beaucoup plus pour toutes les premières phases de conception.
Speaker B:Le tout début, alors ça arrive que je fais des sketchs, des dessins.
Speaker B:Le sketch est scanné et on l'utilise comme base pour développer l'idée avec des mots clés.
Speaker B:Ou on a des images qu'on utilise de référence et on développe de nouvelles idées.
Speaker B:Donc les idées, quand je dis idées, c'est des images, des nouvelles images, qui influencent notre propre travail.
Speaker B:Donc ça, on utilise des logiciels comme MidJourney ou d'autres.
Speaker B:Et c'est fantastique parce qu'on arrive à s'influencer par notre propre travail.
Speaker B:Mais la qualité du travail qui ressort est liée à la qualité du travail qui rentre.
Speaker B:C'est pour ça que les idées originales doivent être vraiment originales.
Speaker B:C'est un outil.
Speaker B:Ça nous permet juste de nous développer de manière différente.
Speaker B:Et ce qu'on essaye de faire, et ça je pense que l'intelligence artificielle va avoir un gros rôle, c'est aussi que les modèles, donc les images de pixels deviennent aussi des modèles physiques, pour pouvoir influencer la modélisation elle-même, c'est-à-dire que tous les modèles BIM etc.
Speaker B:soient modélisés par ce passage, par ces mots, par ces images, qu'on arrive à générer les propres modèles.
Speaker B:Je pense qu'on va y arriver, donc on travaille sur ces sujets, sur certains projets, pour pouvoir être au cutting edge.
Speaker B:On pense qu'il y a peu de bureaux qui seront capables de le faire, donc on est assez heureux de pouvoir initier ces idées et pouvoir investir dans cette recherche.
Speaker A:Dans votre complémentarité, on a compris du coup qu'il y a vraiment la patte maintenant de votre bureau.
Speaker A:Est-ce que vous avez aussi un prompt sur la base de votre bureau ?
Speaker A:Tu vois ce que je veux dire ?
Speaker A:Il me semble que dans l'utilisation de l'intelligence artificielle aujourd'hui, plus on se sert de l'outil, plus on peut aussi lui donner une certaine culture ou une certaine finesse qui peut être propre soit à soi-même, soit au bureau, soit à autre chose.
Speaker B:C'est vrai qu'en travaillant sur tous les projets, il y a toujours un fil conducteur.
Speaker B:La relation au paysage, la relation à l'architecture organique ou paramétrique, ou les questions d'environnement durable, les questions de performance.
Speaker B:Donc il y a des sujets qui reviennent.
Speaker B:Évidemment, ils reviennent quelque part quand on génère des mots.
Speaker B:La relation au paysage, par exemple, quand on fait des ouvrages d'art, est fondamentale.
Speaker B:Et comme chaque projet est différent, parce que chaque contexte est différent, chaque contexte géographique, historique, social, nous inspire, donc on utilise ces mots-là, mais on a aussi des styles qui nous sont assez propres, qu'on utilise de manière assez régulière.
Speaker B:Donc c'est vrai, il y a des mots qui résonnent plus que d'autres.
Speaker B:Par exemple, on fait des recherches en ce moment sur des balustrades, des choses qui sont assez vibratiles, assez abstraites.
Speaker B:Donc c'est vrai qu'il y a des recherches qui sont déjà un peu orientées.
Speaker B:Après, la grande question, c'est de travailler...
Speaker B:ça c'est la question qui nous...
Speaker B:qui est présente dans notre tête, c'est le travail avec l'open source.
Speaker B:Est-ce que ces outils alimentent et influencent d'autres personnes ?
Speaker B:Donc on essaie d'utiliser des plateformes qui nous sont propres.
Speaker B:Idéalement, qu'on puisse également investir sur nos propres outils en interne.
Speaker B:sans que d'autres puissent avoir accès à nos idées.
Speaker B:La question des défenses, des droits d'auteur, on considère que l'architecture est quand même un travail artistique.
Speaker B:C'est un travail aussi qui doit être protégé.
Speaker B:Nos idées doivent être protégées.
Speaker B:On n'a pas envie de mettre des idées originales dans la nature, même sur des concours d'idées, on peut prendre nos idées originales et être réutilisés.
Speaker B:Donc un des sujets qui nous préoccupe en même temps, c'est de pouvoir avoir une griffe, une griffe qui nous est propre, et ne pas la diffuser de manière libre.
Speaker A:Compris.
Speaker A:Est-ce que tu as un langage de prédilection ?
Speaker B:Alors je dirais oui et non, parce qu'en fait je disais juste avant que le contexte nous influence.
Speaker B:Donc on analyse sur chaque projet, de manière très profonde, fine, le contexte.
Speaker B:les intentions du client, le brief, c'est-à-dire le compte, le cahier des charges.
Speaker B:Donc avant de passer au style, on analyse tout ce qui va nous influencer.
Speaker B:Et comme tout ce matériau, on utilise ça comme un matériau, c'est-à-dire la grille du projet, l'histoire, la position, la géographie, tout ça, ça vient comme une...
Speaker B:ça vient de nourrir en fait une idée de projet.
Speaker B:Et après, c'est vrai qu'on est assez influencé par des projets avec une identité organique ou peut-être parfois un peu fluide, mais pas uniquement.
Speaker B:C'est-à-dire que le projet doit résonner avec le site et on est assez attiré par des projets avec une source naturelle ou des choses qui utilisent de la géométrie, une certaine efficacité des formes.
Speaker B:et qui n'est pas forcément toujours très minimaliste, droite, on expérimente l'espace de manière très dimensionnelle, donc ça a déjà une certaine identité.
Speaker B:Mais on ne veut pas se laisser enfermer dans un style.
Speaker B:Dès qu'on parle de style, Evidemment, on est identifié, on est mis dans une espèce de catégorie et on n'a pas envie que les catégories nous limitent dans notre rôle créatif.
Speaker B:On a envie de nous-même changer, on a envie de changer de style.
Speaker B:Au fil des années, on va peut-être changer même d'avis sur certains aspects.
Speaker B:Un projet, on ne le fait qu'une fois, on ne le refait pas deux fois, donc peut-être qu'on le ferait différemment si on avait à revenir sur des projets.
Speaker B:Donc on n'a pas envie que le style soit une griffe.
Speaker B:et qu'on devienne, de manière automatique, avoir des réflexes.
Speaker B:Du coup, on ne pourra plus questionner ces questions sociales, contextuelles, de cahiers des charges.
Speaker B:On aurait déjà une envie de mettre nos idées.
Speaker B:Je vois, il y a certains architectes qui font que du blanc.
Speaker B:Donc, du coup, ça devient une mode, ça devient une griffe.
Speaker B:Mais ils ont du mal à se renouveler.
Speaker B:Donc, ils sont enfermés dans une espèce de griffe.
Speaker B:Et je pense qu'on voit dans la mode, c'est fantastique, on voit Nisei Miyake, on voit des artistes qui se renouvellent complètement, ou certains chanteurs, David Bowie, qui se renouvellent à chaque étape, qui se remet en question.
Speaker B:Et ça, c'est peut-être plus une source d'inspiration.
Speaker B:Ce n'est pas un style, c'est une attitude.
Speaker B:On a peut-être une attitude.
Speaker A:Vous avez une attitude et puis vous avez des valeurs.
Speaker A:Donc trois notamment.
Speaker A:Développement durable, performance, élégance.
Speaker A:Qu'est-ce qu'il y a derrière l'élégance ?
Speaker A:C'est quoi la définition de l'élégance ?
Speaker B:Ça c'est un grand sujet.
Speaker B:Déjà les trois valeurs, on lâchera jamais.
Speaker B:Dans le sens où quand on les conçoit, ces projets, ces images, ces modèles, ces réalisations, on pense que c'est déjà un équilibre entre différentes compétences.
Speaker B:C'est pour ça qu'on parlait au tout début de multidisciplinaire, d'abrasion, de friction entre les disciplines.
Speaker B:Mais on veut qu'il y ait une compétence qui s'ajoute, des valeurs communes.
Speaker B:La première, c'est la performance.
Speaker B:On n'est pas dans un monde où on peut dépenser et gaspiller de l'énergie.
Speaker B:Donc on pense qu'on doit faire des formes raisonnées, s'inspirer sur les premiers principes d'ingénierie, de la lecture raisonnée des structures, il y a des certaines formes qui marchent dans la nature, il y a des raisons pour ça, la question de form-finding, d'une manière assez raisonnée de trouver les supports, les fondations, de pouvoir avoir une lecture assez claire des ouvrages.
Speaker B:Cette question de performance est fondamentale.
Speaker B:C'est la même manière que la performance structurelle se rejoint à la performance environnementale.
Speaker B:C'est-à-dire qu'on est passionné sur certains projets de pouvoir peut-être générer de l'énergie, que certains projets puissent moins dépenser ou utiliser des ventilations naturelles, de trouver de nouvelles ressources, de réutiliser, d'étudier de nouveaux matériaux.
Speaker B:le bois, mais c'est pas seulement une solution, c'est-à-dire que ça peut être des matériaux hybrides, ou trouver des ressources locales, de pouvoir comprendre l'environnement durable dans sa totalité, pas sur le court terme, mais sur le long terme, sur les questions de programme, est-ce qu'on peut réaliser le bâtiment d'une autre manière en même temps.
Speaker B:Donc tout ça, c'est des questions qu'on se pose, donc c'est une question de sustainability, donc d'environnement durable, en allemand, Narhaltischkeit.
Speaker B:qui sont devenues très pop, mode.
Speaker B:On les utilise partout, on les voit partout.
Speaker B:Mais en fait, c'est le fondement de tout.
Speaker B:C'est-à-dire que quand on construit une structure raisonnée, on veut moins dépenser, en avoir plus et d'avoir l'esprit d'harmonie.
Speaker B:Et de là, dans cette performance, naît une énergie fabuleuse qui est l'élégance, parce que par définition, ce qui est beau marche.
Speaker A:C'est vrai.
Speaker B:Une belle structure, sans citer des clichés ou des structures comme la Tour Eiffel, mais il y a une élégance naturelle de cette forme qui vient s'élancer dans l'espace, qui vient se rejoindre, et cette beauté inhérente que l'œil approuve, cette émotion primaire Elle est difficile à expliquer, elle est difficile à...
Speaker B:Elle est née du coup de crayon, on peut la juger, nous, très bien en image, parfois difficile à communiquer, mais on pense que cette élégance, c'est comme la danse.
Speaker B:Je me rappellerai toujours ce concert, enfin ce spectacle de Sacha Valls, dans le bâtiment de Zaha Hadid au Maxi, le jour de l'ouverture.
Speaker B:quand ces danseurs viennent faire une performance spontanée dans l'espace, peu importe où on se trouve dans le bâtiment, et que l'espace vient vibrer et se mettre en danse lui-même.
Speaker B:Et cette élégance, tout le monde l'approuve, on ne sait pas pourquoi, mais il y a une beauté qui vient nous nourrir.
Speaker B:Et il y a des formes peut-être qui encouragent plus l'élégance que d'autres, mais en fait cette élégance, cette beauté est une nécessité absolue.
Speaker B:On ne peut pas faire seulement des choses qui marchent et qui soient fonctionnalistes et qui n'ont pas d'âme, qui n'ont pas d'esthétique, qui n'ont pas de poésie, qui n'ont pas de geist, d'identité.
Speaker B:On ne peut pas se cacher devant la fonction et la performance technique et s'en arrêter là.
Speaker A:Je t'avais demandé de sélectionner un ou deux ouvrages, donc t'en as un peu plus.
Speaker A:Et j'ai vu que parmi les ouvrages que t'avais pris, il y en avait un qui s'appelait « Géométrie sacrée ».
Speaker B:Alors ça, ça vient de loin.
Speaker B:Je prends le livre en question.
Speaker B:C'est un petit livre.
Speaker B:En fait, c'est un petit livre qui est né d'une collection qui est sur cette étagère à droite.
Speaker B:Une collection qui est fantastique, qui parle de tout.
Speaker B:Qui parle de géométrie, qui parle d'harmonographie, qui parle de fractales.
Speaker B:Et ça, c'est juste un exemple.
Speaker B:qui me nourrit sur chaque projet, je trouve, c'est l'art des cathédrales, l'art de la géométrie, l'art de la composition.
Speaker B:Et elle résonne à tous les niveaux, à tous les niveaux, que ce soit des petits ouvrages ou des grands ouvrages.
Speaker B:Je pense qu'on parlait de beauté, Je pense que quelque part, on est extrêmement fort dans la génération de la géométrie, dans notre studio, et je pense qu'on n'est jamais loin d'essayer de rencontrer ce sens sacré de la géométrie.
Speaker B:Je parlais de fractales, par exemple, c'est des choses qui sont dans la nature, qui font partie presque de notre DNA.
Speaker B:Donc je pense qu'il faut qu'on...
Speaker B:Là, on voit une image du lyonnais de Vinci, mais je pense qu'il y a...
Speaker B:à tous les niveaux.
Speaker B:J'ai été très longtemps au nord du Maroc et en ce moment on travaille sur des projets dans le Middle East.
Speaker B:Ces questions de design islamique, d'abstraction de la géométrie, de géométrie sacrée ne sont pas forcément simples et on les lit comme tridimensionnelles.
Speaker B:Et je pense qu'elle est fondamentale dans la lecture d'un ouvrage.
Speaker A:Quelles sont tes autres sources d'inspiration ?
Speaker B:Elles sont multiples.
Speaker B:Il y a beaucoup d'ouvrages sur cette table et beaucoup de livres sur cette étagère.
Speaker B:Et souvent, la source d'inspiration est quelque part ici.
Speaker B:Et elles ne sont surtout pas et uniquement chez d'autres architectes.
Speaker B:Elles sont souvent ailleurs.
Speaker B:Par exemple, je suis passionné, et ça c'est un exemple, je suis passionné par le travail d'artiste.
Speaker B:Comme je livre sur cette table de Christo et Jean-Claude.
Speaker B:qui est souvent connu pour empacter certains bâtiments, mais en fait leur travail est fabuleux à l'échelle du paysage.
Speaker B:Je trouve ça fantastique de comment arriver, que ce soit un pont ou un bâtiment, de pouvoir s'abstraire.
Speaker B:du contexte et que les objets deviennent hors d'échelle ou lus différemment.
Speaker B:Dans son cas, ce sont des lectures temporelles qui sont courtes.
Speaker B:Mais ça, c'est une source d'inspiration énorme.
Speaker B:Jean D'Artiste ou le Land Art, le travail de Richard Serra dans le paysage, je trouve que sa force de signature dans les courbes du paysage est unique et ça, c'est des grandes sources d'inspiration.
Speaker B:On a travaillé avec lui aussi, c'est un travail que je trouve absolument passionnant, c'est Yann Kersalé.
Speaker B:On a fait trois ou quatre projets ensemble.
Speaker B:Le travail de lumière, lumière matière, ce sujet est une source d'inspiration énorme, c'est de pouvoir lire en tant que technicien du bâtiment ou en tant qu'artiste.
Speaker B:On ne peut ne pas penser l'ouvrage dans la nuit, dans ses ombres, dans sa complexité, dans son changement, dans son travail de façade et comment il réagit à la lumière.
Speaker B:Et les lumières-matières, c'est un sujet tellement passionnant.
Speaker B:Donc ça, c'est une source d'inspiration énorme.
Speaker B:On y pense toujours, que ce soit sur un pont, sur une balustrade.
Speaker B:Est-ce qu'on peut changer le matériau ?
Speaker B:Est-ce qu'on peut le lire différemment ?
Speaker B:Est-ce qu'on peut trouver des variations de rythme ?
Speaker B:Ça, c'est une source d'inspiration fondamentale.
Speaker B:Et il y en a d'autres qui sont peut-être issus, c'est plutôt de manière très pragmatique, qui sont issus peut-être de mon passé pragmatique, sachant que mon père était tailleur de pierre.
Speaker B:Je n'oublie jamais ces références à la construction, au matériau.
Speaker B:Donc les références ne sont jamais très loin quand j'ai un ouvrage sur la pierre, les savoir-faire.
Speaker B:On est toujours en train de regarder, est-ce que notre projet, les formes qu'on fait sont constructibles ?
Speaker B:Est-ce qu'il n'y a pas des matériaux, des savoir-faire locaux qu'on peut utiliser ?
Speaker B:Entre autres, le travail de la pierre, je pense, doit être réanimé.
Speaker B:On parle beaucoup de bois aujourd'hui.
Speaker B:Je pense qu'il y a beaucoup à faire sur le pré-contraint de la pierre.
Speaker B:Il y a des savoirs ancestraux.
Speaker B:Le pont du Gard a été fait il y a des centaines d'années et je pense qu'il y a certains savoirs qui se sont perdus.
Speaker B:dans les entreprises, dans les concepteurs.
Speaker B:Et ma source d'inspiration est souvent chez des constructeurs.
Speaker B:Donc là, j'ai ce livre aussi d'architectes et d'ingénieurs, donc c'est le grand projet industriel.
Speaker B:Je trouve que c'est fantastique quand on peut cumuler des compétences et faire des objets qui soient, comment dire, esthétiquement beaux et extrêmement fonctionnels.
Speaker A:Tu as mentionné l'art des cathédrales et je sais que tu as grandi pas très loin de la Belgique, Saint Mathurin, et tu mentionnais dans un article du Petit Journal notamment Les constructions de Caderez s'étendaient quand même sur plusieurs siècles, c'est-à-dire que c'était 3, 4, 5, 6 vies peut-être de différents architectes ou constructeurs qui se succédaient.
Speaker A:Tu as mentionné au début le fait que quand on construisait un bâtiment, il y avait le fait que ça dure dans le temps.
Speaker A:Mais quel est ton rapport, toi, avec le temps qui t'est imparti et le fait qu'a priori aujourd'hui, quand on commence des projets, on les voit également finis ?
Speaker B:On est dans un autre monde que le monde des cathédrales, c'est clair.
Speaker B:Le temps de nos chantiers, beaucoup de temps de nos projets sont souvent liés à des temps politiques, quand ce sont des projets publics, souvent liés, les changements de mairies ou les changements de régions, mais souvent les gens réagissent avec ces temps, ces calendriers politiques, où des clients veulent voir leur projet aboutir dans un certain nombre d'années, mais on est loin des projets ambitieux comme des cathédrales Les années se succèdent, les générations se succèdent et les concepteurs originaux ne vont peut-être pas voir l'aboutissement de leurs idées.
Speaker B:Donc on est dans un monde beaucoup plus rapide.
Speaker B:qui a besoin d'aboutissement, de changement.
Speaker B:Donc ça nous alimente, on doit vivre avec.
Speaker B:Mais cela étant, on ne doit pas oublier les fondements principaux de ces cathédrales, par exemple.
Speaker B:On ne doit pas oublier ce qui animait ces constructions.
Speaker B:On parlait de beauté, de performance, d'un moyen durable.
Speaker B:On parle de cathédrales, mais c'est la même chose dans d'autres pays, dans d'autres conceptions vernaculaires.
Speaker B:ou même de mosquées ou de projets qui sont liés à d'autres religions.
Speaker B:Je pense qu'il y a des savoirs ancestraux qui animent ces projets, donc les compétences des compagnons.
Speaker B:les compétences des charpentiers.
Speaker B:On l'a vu dans la reconstruction de Notre-Dame, c'est fantastique de voir toutes ces compétences qui travaillent ensemble pour pouvoir faire des ouvrages qui sont exceptionnels.
Speaker B:Et j'ai grandi au pied d'une basilique, c'est pas une cathédrale, Petit, en plus, voyant le travail des compagnons de mon père sur les chantiers de cathédrales ou de tailles de pierres, j'ai toujours animé comment on peut comprendre le matériau.
Speaker B:Un matériau lourd, dense, mais qui peut édifier de l'espace.
Speaker B:Ça m'a toujours intrigué, parce que cette basilique samaturin avait été détruite pendant la guerre, donc du coup il y a des parties qui avaient été cassées.
Speaker B:où on voit l'érosion du temps.
Speaker B:Et je me suis toujours posé la question, comment ils ont réussi à mettre ces pierres à 50 mètres de haut et à faire en sorte que ces arches puissent être tellement élégantes.
Speaker B:Le travail des compagnons, sans les outils qu'on a aujourd'hui, sans les outils de levage, de taille, J'ai toujours été nourri par cette question, comment on arrive à édifier l'espace, avec des méthodes assez simples.
Speaker B:Et je pense que ça, ça m'a influencé très tôt.
Speaker A:Est-ce qu'avec votre bureau, il y a un projet ou un rêve qui vous anime et que tu peux nous partager ?
Speaker B:Il y a beaucoup de rêves, il y a beaucoup de pistes.
Speaker B:Il y en a plein.
Speaker B:Il y en a qu'on a déjà dessiné, il y en a qu'on a initié.
Speaker B:Le premier, c'est à Berlin.
Speaker B:Le premier projet qu'on a initié à Berlin, c'était un concours d'idées.
Speaker B: t qu'on dépose nos status en: Speaker B:C'était un concours d'idées qui était lié aux conférences de passerelles qui avaient lieu.
Speaker B:Ce n'était pas un concours pour construire, mais un concours d'idées.
Speaker B:On a lancé cette passerelle en face d'It's a gallery.
Speaker B:Une passerelle qui...
Speaker B:On trouve les ponts, de manière générale, un sujet fantastique, symbolique, de réunion, de...
Speaker B:Et une idée, en plus, assez simple.
Speaker B:Faut qu'on construise beaucoup de ponts et pas de murs.
Speaker B:Et Berlin est...
Speaker B:C'est un concept assez simple.
Speaker B:Berlin résonne, évidemment, sur son histoire.
Speaker B:Et Issa Gallery se trouve...
Speaker B:Le site, qui n'avait qu'à avoir été choisi, se trouve exactement au bord du Spree.
Speaker B:Et le spray était, pendant cette période de guerre froide, de séparation de Berlin entre l'Est et l'Ouest.
Speaker B:Donc le mur de Berlin n'est jamais une ligne, c'est une zone.
Speaker B:Donc l'Issa Galerie, là où il y a les graffitis, cette partie qui est connue, est une ligne qui se termine de l'autre côté de la rivière.
Speaker B:Et du coup ce pont qu'on a lancé sur les vestiges d'un ancien pont est un rêve qu'on rêverait de donner à la ville de Berlin.
Speaker B:On a rencontré le Stiftung de Berlin, ils ont été extrêmement séduits par cette idée.
Speaker B:parce que le pont est une réunion entre l'Est et l'Ouest, une réconciliation symbolique entre deux zones qui ont été évidemment dissociées, séparées et qui reconstruit une expérience.
Speaker B:Le pont lui-même pourrait même être un endroit pour s'arrêter, contempler, réfléchir, méditer et repenser le passé.
Speaker B:On voit qu'il y a beaucoup de tensions aujourd'hui dans le monde de séparation, de frontières, etc.
Speaker B:Le pont lui-même, sur sa portée fixe, d'environ 180 mètres, dépasse la question physique du franchissement.
Speaker B:C'est comment relier deux cultures, l'Est et l'Ouest, comment les refaire parler et comment on peut refoldifier.
Speaker B:Le pont a été même, d'une partie, de son support, vient se reposer sur la terre et se relier au mur de Berlin, donc en fait c'est toute une question de fluidité, de réconciliation avec des spirales qui sont une réactivation de l'énergie du passé et peut-être une réconciliation et un message de paix.
Speaker B:Donc ça c'est un rêve, j'aimerais bien tellement donner cette image à la ville de Berlin comme un message fort.
Speaker B:comme quoi notre métier n'est pas seulement de construire des objets physiques, c'est de construire des objets métaphysiques, symboliques et un message.
Speaker B:Donc ça c'est un rêve que j'ai, c'était le premier projet de ce bureau.
Speaker B:C'est un projet non construit mais si on pouvait en communiquer et le faire exister, j'en serais ravi.
Speaker B:Ça c'est un premier rêve.
Speaker B:Il y a beaucoup d'autres rêves.
Speaker B:Comme un projet qu'on est en train d'initier, je pense que c'est une belle démarche.
Speaker B:Au croisé de mon chemin, on a croisé Luca Burholz, qui travaille avec une communauté en Sierra Nevada, qui s'appelle les Kogi.
Speaker B:une communauté indienne qui est ancestrale, qui a cultivé tout un rapport au monde, un rapport à l'espace très personnel, et qui a survécu tous les changements politiques, sociaux, donc cette partie du Mexique, et qui aujourd'hui essaye un petit peu de sortir de ses gants pour essayer de communiquer, pour essayer de nous apprendre à repenser le monde qui nous anime à repenser l'Ouest, le monde capitalistique.
Speaker B:Et aujourd'hui on a ce rêve qui est en train de se réaliser, de les faire venir à Berlin, pour qu'ils puissent nous expliquer leur vision du monde.
Speaker B:qui est très spirituel, qui peut être vu quand on lit les livres ou les messages des Kogui d'une manière très métaphysique.
Speaker B:Mais ce rêve, ce serait de pouvoir peut-être réapprendre quelque chose.
Speaker B:On a notre pratique du quotidien, on a appris à travailler en équipe, on a travaillé à construire, on a appris à développer des projets.
Speaker B:et peut-être qu'on pourrait réapprendre complètement.
Speaker B:Donc mon rêve, ce serait peut-être d'apprendre d'une autre culture cette notion d'environnement durable.
Speaker B:On en parle, on en parle, on en reparle.
Speaker B:Tout le monde a ce chapitre Sustainability dans les rapports, mais finalement, au croisé de la pression des budgets et du temps électoral, on n'a pas le temps de mettre en œuvre ce qu'on voudrait faire.
Speaker B:On a cette communauté complètement décalée, hors temps, et qui peut peut-être nous redonner l'essentiel.
Speaker B:Donc on a ce projet de les faire venir.
Speaker B:Je pense que ça va se passer cette année.
Speaker B:Les dates ne sont pas encore fixées.
Speaker B:Ils vont certainement venir peut-être dans notre bureau et on a cette idée de construire avec eux leur centre culturel et spirituel en Europe.
Speaker B:Donc l'endroit n'est pas encore décidé.
Speaker B:et de les supporter de manière très… avec beaucoup d'humilité, mais qu'on puisse peut-être apprendre comment eux ils construisent leurs pavillons, sachant que tous les matériaux associés à leurs pavillons doivent venir dans les 5 km de l'endroit où ils construisent.
Speaker B:Ils ont une manière très spécifique de construire.
Speaker B:Quand ils coupent un arbre, ils veulent refaire revivre les matériaux dans le pavillon qu'ils construisent.
Speaker B:Donc on en voudrait être associés à leur travail pour mieux comprendre.
Speaker B:Donc ça c'est un rêve que j'ai en ce moment de voir ce projet aboutir, de réapprentissage culturel.
Speaker B:Peut-être d'essayer de changer notre vision, notre champ d'attaque.
Speaker A:C'est passionnant.
Speaker A:En tout cas, on sent que ça dépasse certaines dimensions.
Speaker A:Il y a de nouvelles dimensions, de nouveautés dedans, en tout cas.
Speaker A:Quel a été, je vais te demander aussi, votre premier projet ou une étape clé depuis la création, dès le dépôt de votre statue, où vous vous êtes dit ça va le faire ?
Speaker B:Il y a eu ce moment très tôt.
Speaker B:On avait construit cette image, qui n'est pas construite.
Speaker B:On a donné naissance à ce pont à Berlin.
Speaker B:On est à ce moment clé de trouver de nouveaux projets, de nouveaux concours, de nouvelles idées.
Speaker B:Et ce contact en Chine n'est venu de nulle part.
Speaker B:Et ce premier voyage en Chine nous a réunis en tant que...
Speaker B:une jeune entreprise à ce moment-là, sur un terrain qui était non connu.
Speaker B:Et c'est là qu'on s'est dit, il y a des choses qui se passent, il y a cette passion.
Speaker B:C'est peut-être le premier projet qui a été construit, qui est à fond un pont et un théâtre de plein air.
Speaker B:Et tout le masterplan des 15 kilomètres qui sont liés sur ce masterplan, C'était un peu une étape clé, très stressante au début, parce qu'il a fallu qu'on apprenne à travailler d'une manière différente.
Speaker B:Mais en plus, il y a eu le Covid qui s'est lié à ça, il y a eu tout ce stress de démarrage d'entreprise, aussi de ralentissement dans notre rythme lié à ça.
Speaker B:Mais quand on a passé cette étape, on s'est dit, en plus, il y a un buzz.
Speaker B:Le résultat a dépassé nos attentes et je pense que ça a été une étape clé.
Speaker B:Il n'y aurait pas eu ce projet en Chine à ce moment-là, qui en plus s'est construit.
Speaker B:On aurait vécu les premiers moments de notre entreprise qu'avec des projets de concours, des projets et aussi beaucoup de projets qui parfois ne se construisent pas ou qui ne sont pas aboutis.
Speaker B:On aurait peut-être un doute qui se serait installé.
Speaker B:Et en fait, le projet en Chine a ancré notre projet d'entreprise.
Speaker A:Ça marche.
Speaker A:On sent en tout cas qu'il y a la côté dimension de transmission et de représentation, ce qui est d'autant plus depuis quelques années matérialisé avec le fait que tu as aussi un rôle de CCEF, que c'est correct.
Speaker B:— C'est correct.
Speaker B:C'est CEF, conseiller du commerce extérieur de la France.
Speaker A:— En quoi ça consiste exactement ?
Speaker B:— Alors ça, c'est un rôle qui s'est greffé au long du parcours, qui a été fondamental, qui...
Speaker B:En tant que créateur d'entreprise, j'ai pris ou j'ai été accordé pour cette mission qui est renouvelée tous les 3 ans.
Speaker B: promotion, et il y a environ: Speaker A:Pays qui sont désignés.
Speaker B:Qui sont désignés ou identifiés, qui sont soumis aussi à une sélection, qui ont tous, soit ils sont en France, soit ils sont à l'étranger, tous les expats ont ce point commun d'avoir des propositions spécifiques dans leur métier à l'international.
Speaker B:et qui sont liées au commerce extérieur de la France.
Speaker B:Et donc il y a des entreprises comme la mienne qui sont plus petites mais qui ont une valeur, donc qui sont liées aux...
Speaker B:Je fais aussi partie d'un groupe d'expertise qui s'appelle les ICC au sein des CCE, qui c'est les Industries Culturelles et Créatives.
Speaker B:Il y a aussi les plus grosses entreprises, que ce soit dans l'énergie, dans le tourisme, dans tous les métiers, dans tous les corps de métier.
Speaker B:et ce rôle fondamental de rattachement à la France.
Speaker B:Donc on est finalement tous des entrepreneurs ou des ambassadeurs de la culture française à l'étranger et on fait partie aussi de cette plus-value d'être français, d'avoir une expérience.
Speaker B:à apporter et d'encourager aussi d'autres entreprises, d'autres individus ou d'autres jeunes à faire cette démarche.
Speaker B:Notre bureau, par exemple, a constamment des stagiaires ou des jeunes professionnels.
Speaker B:C'est comme ça que je supporte ce rôle.
Speaker B:que ce soit dans le marketing, que ce soit dans l'architecture ou que ce soit dans le business development, pour pouvoir promouvoir de jeunes Français à travailler à l'international, dans un contexte dans ce cas à Berlin, de pouvoir leur montrer aussi l'apprentissage sur des projets internationaux et de pouvoir peut-être leur donner l'opportunité de poursuivre un parcours qui a été le mien, de pouvoir les guider aussi sur des choix à faire.
Speaker B:Entre autres, je supporte l'OFACH, qu'on fait souvent aussi pour les plus jeunes, des journées de découverte, pour essayer de leur montrer les métiers, le multiculturel, le rôle des langues, le rôle des entreprises à l'étranger.
Speaker B:Entre autres, les nouveaux outils aussi, l'IA ou la réalité virtuelle, donc j'accueille des jeunes de lycée dans nos bureaux.
Speaker B:Et ce rôle a été fondamental parce qu'on est rattaché au pouvoir public, à l'ambassade ou à Business France et ça nous permet d'avoir un lien avec d'autres types d'entreprises et de promouvoir en fait notre rôle d'entrepreneur français à l'étranger et de pouvoir redonner notre savoir et notre expérience à d'autres et d'encourager aussi d'autres démarches.
Speaker B:Je suis ravi de pouvoir faire partie de ce groupe.
Speaker B:On est une trentaine à Berlin, on est à peu près 100 en Allemagne.
Speaker A:C'est stylé quand même.
Speaker A:Je trouve que c'est une fonction représentative qui est chouette de pouvoir être à la fois reliée de cette façon-là à son pays natal, tout en étant intégrée dans un pays à l'étranger.
Speaker B:Et je pense que ça aide beaucoup d'expats aussi à pouvoir être reliés à ce réseau à l'étranger, de pouvoir se relier au pays, à notre nation, enfin à nos racines.
Speaker B:Et pour moi, ça a été peut-être une étape fondamentale de reconnexion.
Speaker B:Peut-être en propre honneur, car j'ai une expérience d'expatrié depuis plus de 20 ans, cette reconnexion était peut-être fondamentale.
Speaker B:Elle était plus importante que j'avais imaginé au début en prenant ce rôle.
Speaker A:Ah c'est marrant.
Speaker A:Et pour quelles raisons ?
Speaker B:Parce qu'il me permet de repenser mon rôle d'entrepreneur maintenant, mais aussi d'expatrié, de repenser mon parcours et de pouvoir redonner aussi ce que j'ai appris, cette question d'échange.
Speaker B:Du coup, il y a ce rôle d'entrepreneur peut-être isolé, mais on se rend compte qu'il y a beaucoup d'autres entités avec les mêmes expériences.
Speaker B:et d'échanger avec d'autres corps de métier, mais finalement avec les mêmes motivations, le même déracinement ou la même reconnexion.
Speaker B:Il y a de beaux sujets et je trouve que la communauté française à Berlin est fondamentale et fantastique.
Speaker B:D'ailleurs c'est pour ça qu'on est assis ensemble et je trouve ça fantastique.
Speaker A:Ça va faire pas encore dix ans, mais bientôt une dizaine d'années que tu es à Berlin.
Speaker A:À quoi ressemblent les prochaines années qui viennent ?
Speaker A:Est-ce que vous restez ?
Speaker A:Est-ce que vous décidez de repartir ?
Speaker A:Est-ce que vous avez une idée de changement ?
Speaker B:J'ai une relation assez intéressante au temps.
Speaker B:Je suis resté dix ans à Paris et je suis resté dix ans à Londres.
Speaker B:Alors, rien ne dit que ce sera dix ans à Berlin et qu'il y aura un après.
Speaker B:Il y aura certainement un après.
Speaker B:Aujourd'hui, Berlin nous a recréé.
Speaker B:Le montage d'une entreprise n'a rien à voir avec une expérience d'entreprise sur laquelle on peut réaliser son contrat et bouger, notre mobilité est plus facile.
Speaker B:Et aussi, avoir une famille liée à des écoles, liées à des rythmes qui sont au-delà aussi de notre entreprise.
Speaker B:Je pense que Berlin est une base qui, pour le moment, reste.
Speaker B:Mais les prochaines années, C'est extrêmement tourné pour le moment sur d'autres pays, et je n'avais pas vu ça venir jusqu'au dernier mois, sur le marché du Nord de l'Afrique ou l'Arabie Saoudite ou d'autres parties du monde.
Speaker B:Et la Chine se réactive petit à petit encore de nouveau.
Speaker B:Mais on a, avec des échéances de grands projets au nord de l'Afrique et en Arabie Saoudite, je pense qu'on va avoir un lien qui va se réactiver cette partie du monde.
Speaker B:Je le sens venir parce qu'on les demande...
Speaker B:et notre style et notre savoir-faire est extrêmement demandé dans cette partie du monde.
Speaker B:Nos références sont là, et là on a déjà des nouvelles références qu'on peut-être construit bientôt sur des projets prestigieux confidentiels, mais je pense qu'on...
Speaker B:il n'y aura pas que Berlin.
Speaker B:Et il y a aussi un autre projet qui se...
Speaker B:on parlait d'un rêve avant, mais aussi un autre projet qui serait actif, ce serait aussi d'avoir Paris-Berlin, Berlin-Paris qui se consolident.
Speaker B:Donc il y a aussi un projet peut-être d'ouverture d'une branche à Paris et peut-être Riad.
Speaker A:Passionnant.
Speaker A:On va suivre tout ça.
Speaker A:Pour les personnes qui veulent rester en contact ou suivre justement les différentes, les prochaines étapes, où est-ce qu'on peut vous contacter ou vous retrouver ?
Speaker B:On a notre site internet.
Speaker B:Il y a tous les réseaux sociaux, Sterling Pressa, les noms des deux fondateurs.
Speaker B:On est sur LinkedIn, Instagram, donc avec grand plaisir d'être en contact avec de nouveaux créateurs, de nouvelles personnalités à Berlin.
Speaker A:Je mettrai tous les liens.
Speaker A:Dernière question, c'est quand tu regardes ces 10, 20, 30 dernières années qui se sont écoulées, tu ressens quoi ?
Speaker B:C'est beaucoup de fierté d'avoir accompli des projets que je n'aurais pas imaginés.
Speaker B:Beaucoup d'humilité sur des choses qui ont été construites, qui m'ont peut-être un peu dépassé en termes de taille et d'échelle.
Speaker B:Une réalité, c'est que le temps passe tellement vite.
Speaker B:On travaille beaucoup, mais le temps file.
Speaker B:Tempo fugit.
Speaker B:Parfois un peu de nostalgie sur la question du temps.
Speaker B:ce qu'il passe, et on voudrait tellement le faire.
Speaker B:Le créateur est pris par le temps, donc on a un temps illimité.
Speaker B:Et en même temps, on travaille un très beau poème qui parle d'aujourd'hui.
Speaker B:Le travail de créateur est ancré sur le présent.
Speaker B:On travaille maintenant, c'est comme l'habitation, c'est maintenant que ça se passe.
Speaker B:On travaille sur les fondations du passé, donc avec toujours un regard sur ce qui s'est construit, ce qui s'est fait, ce qui s'est dit, ce qui a été mis en œuvre dans le passé.
Speaker B:On a toujours un regard sur le futur.
Speaker B:Donc la nostalgie est rapidement oubliée, c'est qu'on est en fait enthousiastique par le futur, donc on travaille avec les pieds dans le présent et on est toujours orienté sur ce qui va arriver.
Speaker B:Donc on est extrêmement excité par les nouveaux outils, les nouveaux projets qu'on peut faire.
Speaker B:Donc finalement, non, il n'y a pas de place pour la nostalgie, il y a plus la place pour la beauté, l'élégance et les nouvelles belles idées.
Speaker A:Merci pour tout ça.
Speaker B:Merci à toi.
Speaker A:Est-ce qu'il y a une question que j'ai oublié de poser en mot de la fin ?
Speaker B:Peut-être.
Speaker B:Je prends l'opportunité peut-être pour À un moment donné, mon ressenti sur toutes ces années, c'est que finalement, je me suis toujours mis dans les chaussures d'un artiste qui s'appelle Philippe Petit, qui est français, qui est un funambule.
Speaker B:Et peut-être qu'un message, ce serait aussi un message assez positif, c'est d'être dans les chaussures de Philippe Petit, Donc être sur un fil, c'est peut-être la meilleure position.
Speaker B:C'est le balancier, c'est cet équilibre constant.
Speaker B:Une erreur, c'est-à-dire qu'il est dans le présent, parce qu'une erreur le fait tomber, donc c'est cette image fantastique quand il est sur le fil entre les Twin Towers, quand ils transgressent la loi pour pouvoir défier la gravité.
Speaker B:Et en fait, il y a une image tellement belle d'équilibre dans l'espace, Et c'est un message positif, c'est que je pense que la vie mérite d'être vécue quand on est sur le fil, pas dans sa zone de confort.
Speaker B:Donc je pense qu'un message très positif, c'est d'essayer de faire des choses, de les créer et d'avoir le courage de les créer.
Speaker B:Et quand on sent trop de confort, c'est le moment d'arrêter et de faire autre chose.
Speaker B:Donc je prends l'opportunité de donner ce message très positif.
Speaker B:Restons sur le fil.
Speaker A:Merci Nicolas.
Speaker B:A bientôt.
Speaker A:Bravo, vous avez écouté ce nouvel épisode du podcast Berlin de Toi jusqu'au bout.
Speaker A:Vous retrouverez l'ensemble des notes liées à l'épisode sur le site internet www.berlindetoi.com.
Speaker A:Vous pouvez nous soutenir en mettant une note 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute.
Speaker A:Vous pouvez également souscrire à la newsletter sur Substack et je me réjouis de vous retrouver sur LinkedIn ou Instagram à berlindetoi.com.