Artwork for podcast Foresight: The CPA Podcast
Mettre les compétences en audit des CPA au service du développement durable
Episode 528th March 2022 • Foresight: The CPA Podcast • CPA Canada
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Shownotes

>> This is the first of two French episodes this season. English listeners can find show notes below along with links to the English transcript <<


« Un CPA, c'est des professionnels qui ont une très grande polyvalence, mais en même temps la rigueur nécessaire pour faire l'audit. Ça nécessite une certaine vision, une capacité d'analyse, puis être en mesure de prendre tout le fruit du travail et être en mesure de synthétiser et de produire un rapport qui va être le plus porteur possible. »

  • Janique Lambert, CPA et commissaire au développement durable au sein du Bureau du Vérificateur général du Québec. 

Dans ce premier épisode en français de la deuxième saison du balado, l’animateur, Jean-Sébastien Marier, s’entretient avec la CPA et commissaire au développement durable au Québec, Mme Janique Lambert. Après plusieurs années à exercer ses fonctions de comptable en audit financier, Mme Lambert a choisi de dévouer la suite de sa carrière à l’audit de performance auprès du Bureau du Vérificateur général du Québec. 

Toujours dans l’objectif d’explorer l’avenir de la profession de CPA, l’animateur et son invitée échangent sur l’importance de la multidisciplinarité au sein d’une équipe, la rareté et la portée du poste de commissaire au développement durable et l’ouverture du milieu privé à créer des postes d’auditeurs en matière d’environnement et de développement durable. Au cours de l’entrevue, Mme Lambert décrit également les trois types d’audits effectués au sein du Bureau du Vérificateur général du Québec ainsi que les différences entre chacun, soit :

  • L’audit financier
  • L’audit de performance
  • L’audit de conformité

[01:36] : Le rôle du commissaire au développement durable est visé par la Loi sur le Vérificateur général, qui prévoit essentiellement que le commissaire doit produire un rapport annuel portant sur l’application de la Loi sur le développement durable ainsi que sur le Fonds d'électrification et des changements climatiques.

[02:36] : Le Bureau du Vérificateur général du Québec touche à une grande variété de mandats portant sur une vaste gamme de sujets, allant de la gestion des eaux, à la production agricole jusqu’à la planification des mines au Québec et l’étiquetage des aliments.


[04:59] : Mme Lambert nous décrit son parcours unique. Après trois ans au sein de la firme Ernst & Young, elle s’est dirigée vers l’audit législatif en entrant au Bureau du Vérificateur où elle a d’abord travaillé en audit financier pour ensuite poursuivre en tant que directrice et finalement occuper le poste de commissaire au développement durable.

[07:10] : Dans le cadre des audits sur le développement durable, il est primordial d’avoir une équipe formée de membres diversifiés avec des spécialités et des parcours différents pour favoriser la création des meilleurs rapports d’analyse possibles.

[09:55] : La grande différence entre l’audit financier, plus traditionnel, et l’audit de performance est que l’audit de performance demande une plus grande aisance avec le fait de partir de zéro puisqu’il n’y a pas de rapport de l’année précédente, il faut donc commencer avec une page blanche. 


[12:14] : Au niveau provincial, le poste de commissaire au développement durable du Québec est axé spécifiquement sur des mandats en développement durable tandis que les postes similaires au niveau fédéral ou des autres provinces mettent davantage l’accent sur des mandats en environnement.


[14:56] : Avec l’amélioration de l’administration publique via le poste de commissaire au développement durable et la pression venant des consommateurs et des investisseurs, le secteur privé sera sans doute influencé et ainsi forcé à rendre des comptes plus spécifiques sur sa gestion au niveau du développement durable et revoir ses façons de procéder et de rendre des comptes.


[17:05] : Depuis quelques années déjà, plusieurs firmes et grandes organisations sont investies dans la normalisation des ESG, mais on remarque maintenant un besoin de réguler et d’encadrer les informations pertinentes afin que les analyses puissent être comparées d’une entreprise à l’autre. 


Pour en savoir plus sur l'initiative Devenir CPA, visitez le site web Devenir CPA

Le commissaire au développement durable 

CPA French

CPA's Foresight Initiative

CPA English

Foresight: The CPA Podcast

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Putting the auditing skills of CPAs to work for sustainable development 


"A CPA is a professional who has a great deal of versatility, but at the same time the necessary rigour to perform an audit. It requires a certain vision, an ability to analyze, and then to be able to take all the fruits of that labour and be able to synthesize and produce a report that will be as informative as possible."


Janique Lambert, CPA and Commissioner of Sustainable Development at the Office of the Auditor General of Quebec. 



In this first French episode of the podcast's second season, host Jean-Sébastien Marier talks with Janique Lambert, CPA and Commissioner of Sustainable Development in Quebec. After several years as a financial audit accountant, Ms. Lambert has chosen to devote the rest of her career to performance auditing with the Office of the Auditor General of Quebec. 


Jean-Sébastien Marier and Janique Lambert,  explore the future of the CPA profession, discuss the importance of multidisciplinarity within a team, the rarity and scope of the position of sustainable development commissioner, and the openness of the private sector to creating auditor positions in the area of environment and sustainable development. 


Ms. Lambert also takes a moment to differentiate between the three types of audits carried out within the Office of the Auditor General of Québec:


Financial audit

Performance audit

Compliance audit


Key Moments


[01:36]: The role of the Sustainable Development Commissioner is covered by the Auditor General Act, which essentially states that the Commissioner must produce an annual report that reviews the application of the Sustainable Development Act and the Electrification and Climate Change Fund.


[02:36]: The Office of the Auditor General of Quebec has a wide variety of mandates on a wide range of subjects, from water management to agricultural production, to mine planning in Quebec and food labelling.


[04:59]: Ms. Lambert describes her unique background. After three years with Ernst & Young, she moved into legislative auditing by joining the Office of the Auditor General where she first worked in financial auditing and then went on to become a director and finally the Commissioner of Sustainable Development.

[07:10]: In sustainability audits, it is important to have a diverse team with different specialties and backgrounds to help create the best possible analytical reports.


[09:55]: The big difference between the more traditional financial audit and the performance audit is that the performance audit requires more comfort with starting from scratch since there is no report from the previous year, so you have to start with a blank page. 


[12:14]: At the provincial level, the position of Sustainable Development Commissioner in Quebec is specifically focused on sustainable development mandates while similar positions at the federal level or in other provinces are more focused on environmental mandates.


[14:56]: The work of the sustainable development commissioner along with pressure from consumers and investors, will undoubtedly influence the private sector and force it to be more transparent about its management of sustainable development.


[17:05]: For some years now, many firms and large organizations have been involved in ESG standardization, but there is now a need to regulate and frame the relevant information so that analyses can be compared from one company to another. 


To learn more about the Foresight CPA Canada initiative, visit CPA Canada’s Foresight Initiative


Sustainable Development Commissioner 

CPA French

CPA English

Foresight: The CPA Podcast

  • Disclaimer: The views and opinions expressed in this podcast are those of the guest and do not necessarily reflect that of CPA Canada.
  • Avertissement : Les opinions et les points de vue exprimés dans cette série de balados sont ceux de l’invité et ne représentent pas nécessairement ceux de CPA Canada.






Transcripts

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Bienvenue à ce premier épisode en français de la seconde saison du balado Voir demain, un balado de CPA Canada qui explore l'avenir de la profession comptable. Je suis votre animateur, Jean-Sébastien Marier.

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Dans le cadre de la saison précédente, nous nous sommes intéressés aux transformations technologiques auxquelles font face les CPA, comme les mégadonnées et l'intelligence artificielle. Cette fois-ci, je m'entretiens avec des CPA qui mettent à profit leur formation comptable dans des postes un peu moins traditionnels. C'est le cas de Janique Lambert. Après de nombreuses années à réaliser des audits financiers, elle a décidé de mettre ses compétences au service de l'environnement et du développement durable. Elle est, depuis septembre 2021, commissaire au développement durable au sein du Bureau du Vérificateur général du Québec. Madame Lambert, bonjour.

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Bonjour, Jean-Sébastien. Ça fait grand plaisir d'être avec toi ce matin, ici, à ce podcast.

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Merci d'avoir accepté l'invitation. Dites-moi, d'entrée de jeu, pourriez-vous nous résumer un peu le rôle de la commissaire au développement durable au sein du Bureau du Vérificateur général du Québec, pour les gens qui ne sont peut-être pas trop familiers avec votre rôle ?

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Le poste de commissaire au développement durable a été créé suite à l'adoption de la Loi sur le développement durable en avril 2006. Concrètement, ça a pris forme au sein du bureau du Vérificateur général au début 2007. Le rôle, le mandat du commissaire au développement durable est ensaché dans la Loi sur le Vérificateur général. Ce qu'on dit, finalement, c'est qu'au moins une fois par année, le commissaire doit faire rapport à l'égard de ses constats et recommandations concernant l'application de la Loi sur le développement durable et également, depuis novembre 2020, sur le Fonds d'électrification et des changements climatiques. De plus, il peut faire rapport sur tout sujet qui découle de ses travaux de vérification ou d'enquête en matière de développement durable. Également, il peut faire des commentaires concernant les principes, les procédures et les autres moyens qui sont employés en matière de développement durable par l'administration publique.

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Pourriez-vous nous donner un exemple, peut-être, d'un des plus récents projets que vous avez mené dans ce contexte ?

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Si on fait abstraction des mandats spécifiques sur la Loi sur développement durable, on a touché à plusieurs sujets par rapport à ça, par plusieurs rapports au niveau de la gestion de l'eau, que ça soit l'eau potable, l'eau usée et toute la gouvernance de l'eau. On a touché à la production agricole. On a touché à la planification des mines au Québec. Également, plus récemment, on a fait un mandat sur les neiges usées, on a fait un mandat sur l'étiquetage des aliments. On parle de prévention santé par l'alimentation. Dans le fond, tu peux voir que c'est un grand éventail de sujets qu'on peut aborder parce que la Loi sur le développement durable, ça touche l'Administration avec un grand A. C'est tout ce qui est développement, c'est tout ce qui est décisions gouvernementales qui peuvent avoir un impact autant sur l'environnement, le social, que sur l'économie finalement.

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Autrement dit, quand on pense souvent au rôle des CPA, on peut penser à l'audit financier. Dans votre cas, on pourrait dire que vous faites en quelque sorte des audits, mais liés aux performances de l'appareil étatique, du gouvernement, en matière d'environnement et de développement durable. Est-ce que ça serait une bonne façon de le résumer ?

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Oui, au Vérificateur général, il y a trois types d'audits qu'on fait : il y a l'audit financier comme tu en as fait part, il y a l'audit de performance et l'audit de conformité. Au niveau de l'application de la Loi, c'est principalement de l'audit de performance. L'audit de performance, c'est de l'audit de gestion, finalement. Ça vise à s'assurer est-ce que les programmes, les projets, les systèmes... toutes les activités du gouvernement, finalement, et de ses organismes, sont gérées et exécutées conformément aux principes de l'économie, de l'efficience, de l'efficacité et du développement durable.

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Revenons un petit peu en arrière pour parler de votre parcours, ce qui vous a amenée à devenir commissaire au développement durable. Vous avez eu, on pourrait dire peut-être, un parcours somme toute « traditionnel » au tout début. Parlez-nous un peu de ce qui vous a amenée dans ces fonctions au fil des ans.

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On recule de plusieurs années. J'ai écrit mon examen — à l'époque, on appelait ça l'EFU — c'était en 1987. Ça fait quand même un bon bout de temps. C'est certain qu'à l'époque, pour un CA, il n'y avait pas tant de diversité que ça. C'est-à-dire que lorsqu'on décidait de devenir CA, c'est soit qu'on allait en entreprise ou qu'on voulait poursuivre, faire une carrière d'auditeur. C'est ce parcours-là, moi, que j'ai privilégié. J'ai débuté, j'ai fait trois ans au sein d'une grande firme, Ernst & Young. Par la suite, je me suis orientée davantage vers l'audit législatif, donc j'ai fait mon entrée au Vérificateur général. Les premières années, effectivement, j'ai continué le parcours plus traditionnel, donc j'ai poursuivi en audit financier. Ça m'a amenée à bien comprendre l'appareil gouvernemental jusqu'à faire quelques années d'audit financier au niveau des états financiers du gouvernement. J'étais en mesure de comprendre toutes les activités, tout l'aboutissement des activités : [inaudible 00:05:54], revenus, dépenses au niveau des organismes, les sociétés d'État, tout ça, comment ça aboutissait au sein du gouvernement ?

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Par la suite, j'ai cheminé, j'ai décidé de m'orienter davantage au niveau de l'audit de performance et c'est là que j'ai intégré l'équipe qui était spécialisée davantage en environnement. Ça m'a amenée à cheminer au niveau du secteur du commissaire au développement durable. J'ai fait partie de l'équipe de direction qui a mis ce nouveau secteur-là en place au sein du Vérificateur général. J'ai fait 7-8 années à titre de directrice. Par la suite, j'ai été directrice principale et depuis le 6 septembre 2021, j'occupe le poste de commissaire au développement durable.

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Vous travaillez au sein d'une équipe, somme toute, multidisciplinaire : on parle de gens spécialisés en droit, il y a des ingénieurs... Que vous apporte votre formation de comptable ? Quelle est la valeur ajoutée au sein d'une équipe qui fait des audits sur le développement durable que d'avoir quelqu'un qui a une formation et un parcours en comptabilité ?

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Ce qui est vraiment important, c'est de vraiment avoir des chocs d'idées parce que, comme je le disais précédemment, on couvre large, on ratisse large, donc on a besoin d'avoir des gens avec multiples parcours professionnels. Par contre, je m'assure toujours d'avoir... Je pense ce qui est important, c'est d'avoir aussi des gens qui sont spécialisés en audit et c'est ce qu'un CPA est de façon... Sa grande spécialité, c'est l'audit, donc ça l'amène une polyvalence. Un CPA, c'est des professionnels qui ont une très grande polyvalence, mais en même temps la rigueur nécessaire pour faire l'audit. Ça nécessite une certaine vision, une capacité d'analyse, puis être en mesure de prendre tout le fruit du travail et être en mesure de synthétiser et de produire un rapport qui va être le plus porteur possible. C'est environ 50 % au sein du Commissaire, environ 50 % des professionnels qui occupent un poste de CPA et l'autre 50 %, on s'assure d'être capables de toucher de façon globale toutes les sphères du développement durable, autant au niveau des ressources, autant au niveau de l'économie, autant au niveau tout ce qui est protection de l'environnement : des gens qui ont une maîtrise en environnement, des gens qui sont spécialisés en énergie... On a besoin de toute cette capacité professionnelle-là pour faire les meilleurs rapports. Ce n'est pas plus simple pour autant.

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C'est toujours plus facile de discuter entre professionnels qui viennent d'une même culture, mais par contre, si on veut un bon rapport, on a besoin d'avoir ce choc de culture-là.

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Vous y avez fait un peu allusion. Mais quelles sont, peut-être, certaines des caractéristiques communes, des ressemblances entre l'audit financier un peu plus traditionnel, et ce que vous faites au sein de votre équipe, au bureau du Vérificateur général ?

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Les deux, on a des programmes d'audit. Quand on entreprend un audit, premièrement, on a besoin d'avoir la capacité de faire une analyse rapide de la situation. Autant un audit financier, on doit avoir ce réflexe-là de bien comprendre notre environnement, bien comprendre l'ampleur du sujet, de la problématique, s'il y a lieu. Par la suite, d'établir un bon programme d'audit pour arriver à un fruit, d'avoir un rapport d'audit en financier, mais au niveau de l'audit de performance, c'est d'avoir un rapport qui va avoir une bonne lecture de la situation, puis qui va ultimement amener à des recommandations. La grande différence entre les deux, par contre, c'est qu'en audit de performance, on n'a jamais un rapport de l'année précédente, donc on part toujours avec une page blanche. C'est certain qu'on a nos réflexes d'auditeurs : on connaît la façon de procéder, les étapes sont bien comprises, sont bien maîtrisées, mais n'empêche que le sujet, on part toujours... Il faut être capable de bien vivre avec la page blanche lorsqu'on fait de l'audit de performance. En même temps, moi, c'est ce qui m'a animée.

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Ça fait quand même plusieurs années que je fais de l'audit de performance et ce qui m'anime tous les matins, c'est justement qu'il n'y a pas de routine. C'est la nouveauté, on apprend toujours. À chaque fois, à chaque rapport, c'est comme si on faisait une thèse, un rapport de maîtrise. On apprend toujours des nouveaux sujets, c'est ce qui est palpitant, puis aussi d'avoir la plus value d'aider à améliorer la gestion des fonds publics. C'est super intéressant.

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Donc un poste et une équipe qui semblent loin de la routine. Le poste de commissaire au développement durable au Québec, c'est novateur, mais pouvez-vous nous donner un peu une idée de où se positionnent le Québec et le Canada en la matière quand on regarde à l'échelle mondiale ? Il doit y en avoir d'autres, quand même, des commissaires au développement durable et/ou à l'environnement.

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C'est un poste qui est quand même relativement unique. Il n'y en a pas tant que ça, c'est sûr. Puis si on recule en 2006, la rareté était encore plus grande. Au sein du Canada, celui du Québec, c'est celui qui se rapproche le plus du Commissaire à l'environnement et au développement durable fédéral. C'est le premier à avoir eu ce poste-là et deux postes de commissaire relèvent du Vérificateur général législatif. Celui de l'environnement et développement durable relève du Bureau du Vérificateur général du Canada, et celui du Québec relève du Bureau du Vérificateur du Québec. La différence, c'est que celui du Québec, c'est le commissaire au développement durable. C'est vraiment un lien avec le développement durable dans sa globalité, tandis que celui fédéral va faire davantage de mandats en environnement. En ce qui a trait au développement durable, ce que j'ai pu remarquer finalement, c'est davantage en lien avec la stratégie de développement durable. C'est un peu technique, là, mais ça se ressemble vraiment beaucoup. Au sein du Canada aussi également, il y a en Ontario qui a un commissaire, mais c'est un commissaire à l'environnement exclusivement.

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Quand on parle d'environnement — et vous faites bien de le souligner — c'est l'une des composantes de ce qu'on appelle le développement durable. Il y a aussi les dimensions économiques et sociales dont vous tenez compte puisque votre poste porte vraiment sur le développement durable et non seulement la composante environnement, si je comprends bien ?

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Oui, effectivement. C'est certain qu'on y va toujours aussi avec l'intérêt des parlementaires, puis avec les grands enjeux sociétales. C'est certain que les dernières années, l'environnement a pris quand même une place de choix, avec raison. On le voit avec les changements climatiques et tout, ce qui fait que c'est certain que les rapports des dernières années puis des années à venir, il va y avoir quand même une priorisation, certainement, qui va être faite au niveau de l'environnement et peut-être plus précisément au niveau des changements climatiques.

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Ce qui m'amène à ma prochaine question. Le poste que vous occupez existe au sein de l'appareil étatique, au sein du gouvernement, mais quelle est la place pour un commissaire au développement durable — ou en tout cas, un auditeur responsable du développement durable — dans le milieu privé ou dans d'autres sphères de la société. Quelle est votre vision de l'avenir en la matière ?

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Je dirais que le rôle du commissaire au développement durable, c'est certain que c'est de se positionner sur la capacité du gouvernement, de l'administration, de gérer de façon plus durable. C'est de gérer avec une vision à long terme. Le gouvernement aura un grand impact au niveau... Vous parlez du privé, mais le gouvernement a un grand impact de par les contrats qu'il va octroyer, ses achats et tout, ce qui fait qu'il est bien positionné pour influencer le privé au niveau du caractère du développement durable. Je me dis que si l'administration publique s'améliore — on souhaite toujours qu'il y ait une très grande amélioration au niveau de sa gestion, qu'elle soit plus durable — forcément, elle va venir influencer tout le marché privé. De toute façon, on le voit, ça bouge. Ça bouge énormément. Depuis ma nomination, concrètement, il y a eu le COP 26... On voit qu'il y a quand même toute une envolée, il y a beaucoup d'énergies qui sont déployées pour tout ce qui est reddition de comptes sur la durabilité.

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Vous parlez du privé. Le privé, il y a une pression qui s'exerce également du consommateur, de l'investisseur pour que le privé rende des comptes de façon plus claire sur sa façon de gérer, autant le côté social, autant sur l'impact de l'environnement des activités du privé. On voit que, même si je vous parlais de l'influence du gouvernement, il y a également besoin du consommateur, de l'investisseur qui exerce une pression sur le privé pour revoir ses façons de procéder et revoir sa façon de rendre des comptes. C'est là qu'on parle de reddition de comptes, de la normalisation de vos ESG. Notre profession est vraiment impliquée dans l'avenir de tout cet encadrement de cette normalisation-là.

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Est-ce que cela pourrait mener peut-être certaines entreprises à créer des postes d'auditeurs en matière environnementale et de développement durable, comme on le fait déjà en matière d'audit financier, à votre avis ?

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C'est certain que les firmes privées, on voit qu'elles sont pleinement investies. On voit les grands cabinets qui ont déjà... pas réagi, mais ça fait quand même quelques années qu'ils voient venir l'intérêt, les besoins de certifier davantage au niveau de l'environnement, des changements climatiques. Là, maintenant, on va plus loin, on va sur l'impact sociétal et tout. Au niveau de la normalisation des ESG, on voit que les grandes firmes sont pleinement investies. Forcément, lorsqu'une firme s'investit, c'est qu'il y a une demande qui s'en vient. Donc au niveau des grandes organisations... On voit d'ailleurs, d'un point de vue international, ce n'est pas quelque chose qui a débuté cette année. La reddition de comptes au niveau de la durabilité, ça fait quand même un certain nombre d'années que c'est débuté. Par contre, là, il y a un besoin d'encadrement pour que cette information-là puisse être comparable d'une organisation à l'autre, puis donner une bonne information.

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Au niveau du privé, oui, il y a les cabinets qui ont bien réagi à l'égard de la normalisation ESG. Par contre, il y a aussi l'industrie qui doit répondre — comme je vous disais — aux différents consommateurs et investisseurs.

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Tout ça en rappelant bien que personne ne travaille vraiment en vase clos, donc, comme vous le disiez, même si une entreprise donnée n'a peut-être pas son propre commissaire, elle doit interagir avec le gouvernement, suivre les règles, donc il y a des audits en matière d'environnement et de développement durable qui vont se faire et quelque part, de toute façon, ils forcent un peu tous les joueurs à travailler de concert pour ces enjeux.

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Oui, le poste de commissaire, c'est un poste d'audit législatif en matière de développement durable. C'est certain que c'est de faire en sorte qu'il y ait une grande amélioration au niveau de l'administration des fonds publics, en lien avec un développement durable, mais forcément, les auditeurs autres que les auditeurs législatifs... Également, il y a une direction qui est prise au sein de la profession, justement, pour qu'il y ait une certification au niveau du développement durable et de l'environnement. C'est vrai que ça existe au sein des gouvernements, mais c'est certainement vrai également que ça existe déjà au niveau du privé. Ça ne va que s'améliorer et poursuivre cet envol-là dans le futur.

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Madame Lambert, merci beaucoup d'avoir pris le temps de nous parler ce matin.

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Ça fait grand plaisir, Jean-Sébastien.

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Janique Lambert est CPA et commissaire au développement durable du Québec. Voir demain est un balado réalisé par CPA Canada. Pour plus d'informations sur le projet Voir demain, visitez le site voirdemain.cpacanada.ca. Ici Jean-Sébastien Marier. Merci d'avoir été à l'écoute et à très bientôt pour notre prochain épisode.

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