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L’arrogance vertueuse : quand la honte se déguise en force
Episode 1011th November 2025 • LA MINUTE HUMAINE • Xavier ELOY
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Shownotes

🎧 L’arrogance vertueuse : quand la honte se déguise en force

Et si derrière la supériorité se cachait la peur d’être rejeté ?

Dans cet épisode, découvrez ce qu’est l’arrogance vertueuse, ce miroir inversé de la honte décrit par Richard Erskine, et comment ces deux émotions façonnent nos relations, nos équipes et nos vies.

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Le podcast La Minute Humaine est un produit HawwaH créé par Xavier ELOY, coach, consultant, formateur, conférencier et maintenant podcasteur.

Copyright 2025 Xavier ELOY

Transcripts

L’arrogance vertueuse : quand la honte se cache derrière le masque de la supériorité

Il y a des émotions qu’on reconnaît facilement : la colère, la peur, la tristesse…

Et puis il y a celles qui se déguisent, qui se dissimulent derrière des comportements plus sois-disant “présentables”.

Aujourd’hui, je vais te parler de l’une d’elles : c’est l’arrogance vertueuse.

Un concept magnifique et dérangeant à la fois, qui est proposé par Richard Erskine, psychothérapeute et analyste transactionnel contemporain d’Eric Berne, encore en vie au moment où j’enregistre cet épisode où il décrit en quelque sorte le revers de la honte.

Car là où la honte nous fait nous sentir “moins que les autres”, l’arrogance vertueuse, elle, nous fait croire que nous valons “plus que les autres”.

Et pourtant… ces deux attitudes viennent du même endroit.

Richard Erskine explique que la honte et l’arrogance vertueuse sont comme les deux faces d’une même pièce.

Je fais toujours référence au contenu du troisième épisode de la Minute Humaine, sur un événement qui se passe très tôt dans l’enfance et qui va imprimer pour la première fois et pour le reste de la vie de l’individu une blessure sur laquelle il va devoir se construire. Personne n’y échappe.

Cette blessure c’est une rupture dans la relation avec une figure parentale idéalisée par l’enfant. Le lien entre l’enfant et cette personne est vital pour lui. Et lorsque ce lien important a été abîmé, voire rompu, une douleur insupportable est vécue. Et c’est là que prennent naissance la honte ou l’arrogance vertueuse.

La honte dit : “Il y a quelque chose qui cloche en moi.”

L’arrogance vertueuse dit : “Il y a quelque chose qui cloche chez les autres.”

Mais dans les deux cas, il s’agit de se défendre contre cette douleur d’avoir perdu le contact ou la qualité du contact.

Ce sont donc des mécanismes de protection. Des manières de ne pas ressentir l’impuissance ou la vulnérabilité que provoquerait le fait de reconnaître que “J’ai besoin de l’autre.”

Parce que oui — reconnaître qu’on a besoin de lien, qu’on a besoin d’amour, de reconnaissance, d’écoute — c’est parfois plus douloureux que de se couper de ses émotions.

Alors la honte n’a pas pour seul objectif d’éviter la douleur d’une rupture de lien, mais aussi d’attendre de l’autre d’être pris en charge ce qui va lui apporter du lien.

Quand nous ressentons de la honte, nous avons tendance à nous soumettre à la critique, à nier notre colère, à transposer la tristesse ou la peur.

C’est comme si, au fond, nous disions : “Si je me montre petit, humble, silencieux… peut-être que tu m’aimeras à nouveau.”

La honte contient l’espoir inconscient que l’autre prenne la responsabilité de réparer la relation.

Mais c’est une illusion car la première fois que ce lien a été interrompu, la figure idéalisée ne sait pas qu’elle rompt le lien, ou qu’elle affaiblit la qualité du lien, car elle a toujours fait comme ça !

C’est une construction mentale de l’enfant sur base d’un fait répétitif mais qui pour lui est vécu pour la première fois comme une rupture de lien.

Je pense à un exemple d’un père qui ne répond jamais aux attentes de son fils, et puis soudainement l’enfant en prend conscience. Son père a toujours été comme ça, mais cette fois l’enfant en prend conscience et il y a une rupture de lien qui génère un sentiment d’abandon, de rejet, de trahison ou d’injustice.

Elle diminue notre estime de soi, mais elle garde vivante l’idée que l’autre compte encore. Tu vois la honte te met dans cette position où l’autre est ok, et toi tu es le problème.

L’arrogance vertueuse, elle, fait exactement l’inverse.

Elle nie le besoin de relation, elle le met à distance.

Au lieu de dire “aime-moi”, elle dit : “J’ai pas besoin de toi.”

C’est une défense contre la peur de l’humiliation et la douleur de la dépendance.

Elle donne l’illusion d’un pseudo-triomphe sur la honte : on se sent au-dessus, plus fort, plus lucide, plus juste.

Richard Erskine parle d’un “fantasme auto-généré” : autrement dit une histoire qu’on se raconte pour ne pas ressentir la douleur du rejet.

C’est un phénomène stratégique qui permet à la personne de croire qu’elle retrouve de la valeur en trouvant des défauts aux autres.

allemand Alfred Adler né en:

En d’autres termes : l’arrogance vertueuse, la supériorité n’est qu’une stratégie pour échapper à la honte.

Je t’explique quelle forme cela peut prendre dans une organisation.

J’ai accompagné Ludovic, un dirigeant d’un service d’une administration.

Quand on me demande des analyses de situation, j’organise des cercles de parole et des entretiens individuels où la plupart de mon temps j’écoute. Et là je suis étonné par un différentiel entre la perception de Ludovic sur sa personne et la manière dont ses collaborateurs le perçoivent.

Ludovic se voyait comme quelqu’un de direct, exigeant, lucide.
Mais dans son équipe, on le décrivait comme “hautain”, “fermé”, “inaccessible”.

Quand un collaborateur faisait une erreur, Ludovic réagissait avec une pointe d’ironie et disait :
“Ce n’est pas compliqué pourtant.” Ce n’est pas une fois qu’il le disait, non pas 5 fois non plus, mais très souvent, trop régulièrement pour les membres de son équipe.

Il ne s’en rendait pas compte, mais cette arrogance vertueuse le protégeait d’une douleur bien plus ancienne qui est celle d’avoir été humilié à l’école, ridiculisé par un professeur.

Pour ne plus jamais ressentir ce sentiment d’impuissance, il avait construit un personnage fort, au-dessus du lot.

Le problème, c’est que cette image, je dirais ce masque l’isolait émotionnellement.
Ses collaborateurs n’osaient plus lui parler sincèrement.

Et lui, derrière sa façade, se sentait de plus en plus seul.

Je te raconte l’exemple de Claudine, qui est cadre dans une organisation et qui se montrait irréprochable.
Toujours polie, toujours bienveillante, toujours dans le contrôle.

Mais quand elle voyait quelqu’un moins performant ou moins rigoureux, elle ne pouvait s’empêcher de juger. Et surtout elle s’en plaignait à tout qui elle pouvait le faire.

Elle ne se rendait pas compte que cette forme d’arrogance vertueuse était sa manière à elle d’éviter la honte : la honte de ne pas être parfaite, de ne pas tout maîtriser.

Elle croyait être “dans le bon”, mais au fond, c’était une manière de se protéger de la peur d’être jugée.

Ce que la honte et l’arrogance vertueuse ont en commun

c’est le fait que ce sont deux dynamiques, aussi différentes qu’elles paraissent, qui servent le même but. Le but de se protéger du sentiment de rupture dans la relation.

La honte fait baisser l’estime de soi pour garder le lien.
L’arrogance vertueuse augmente l’estime de soi pour éviter la dépendance.

L’une dit : “Je suis nul, mais aime-moi quand même.”
L’autre dit : “Je suis supérieur, donc je n’ai besoin de personne.”

Et dans les deux cas, l’émotion fondamentale, celle qui se cache en dessous,
c’est la peur de perdre le lien.

Comment en sortir ?

On ne sort pas de la honte ou de l’arrogance vertueuse par la force ou la volonté.

On en sort par la relation.

En rencontrant quelqu’un — un thérapeute, un coach bien formé et aguerri — qui nous aide à revisiter ces blessures anciennes,
à reconnaître nos besoins de contact, d’attachement et de reconnaissance.

Ce travail demande du courage.
Il demande aussi de mettre de la douceur là où pendant des années on a mis de la dureté, du jugement ou du déni.

C’est en se reconnectant, en se laissant toucher à nouveau, qu’on peut petit à petit laisser tomber le masque.

Ce que Richard Erskine nous rappelle, c’est que ces mécanismes ne sont pas des maladies.

Ce sont des adaptations humaines. Des stratégies que nous avons tous développées, chacun à notre manière, pour survivre à un moment où le lien semblait menacé.

L’important, ce n’est pas de les juger, mais de les reconnaître, de les comprendre, et de se donner la chance de les transformer.

C’est bien un de mes objectifs principaux de mon podcast, que les personnes arrivent à se comprendre.

Parce qu’à la racine de la honte comme de l’arrogance vertueuse,
il y a toujours le même besoin fondamental : être en lien, en sécurité, en humanité.

Et c’est vrai dans notre vie privée, et dans notre vie professionnelle car je suis un humain aussi quand je suis au travail !

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