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2025 : Le marché de l'emploi français et ses perspectives
Episode 123rd January 2025 • Jobnews by Indeed • Soound
00:00:00 00:21:07

Shownotes

Dans cet épisode inaugural de la saison 5 de Job NewsbyIndeed, au micro de Jean Baptiste Vennin, Alexandre Jude, économiste au Hiring Lab d'Indeed analyse les défis et les perspectives qui marqueront le marché de l'emploi en France en 2025. Avec une attention particulière sur la stagnation de la croissance des salaires, un taux de chômage persistant et une incertitude géopolitique croissante.

Alexandre fait un retour sur l'année 2024, caractérisée par une normalisation du marché de l'emploi après les perturbations causées par la pandémie. Les chiffres montrent une diminution notable des créations d'emplois et une baisse des offres disponibles, ce qui soulève des questions sur la continuité de cette tendance.

Dans cet épisode également, on aborde aussi des thématiques comme le halo autour du chômage, la question de la mobilité géographique dans l'emploi, les répercussions potentielles des événements géopolitiques, comme le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche ou le conflit en Ukraine, sur l'économie française.

Transcripts

**Voix off**:

Job Radio présente Job News by Indeed, le podcast qui décrypte l'actu de l'emploi.

**JB**:

excellente et heureuse année:

**Alexandre**:

Alors:

**JB**:

Est-ce que cette tendance, justement, va persister cette année ? Et si oui,

**Alexandre**:

-dessus de ce qu'on avait fin:

**JB**:

s. Alors quid de cette année:

**Alexandre**:

vers une hausse généralisée des salaires ? Alors il y aura une hausse en moyenne des salaires quand on regarde le salaire dans les offres d'emploi, qui est un indicateur, on va dire, assez prospectif, mais pas ce qu'il y a dans les offres d'emploi et pas ce qu'il y a sur les emplois existants. On a, en croissance annuelle, une croissance des salaires, donc encore une fois dans les offres d'emploi, d'à peu près 1,6%. C'est pas mirobolant comme hausse de salaire. Ça ne suffira pas à compenser la hausse des prix fulgurante qu'on a connue ces deux, trois dernières années, en particulier pour les personnes les plus modestes qui, contrairement aux personnes qui peuvent compter sur des revenus du patrimoine, sur des salaires de l'emploi, qui peuvent compter sur des revenus du patrimoine, sur des augmentations de salaires très importantes, ont perdu du pouvoir d'achat. Quand on regarde les données de l'INSEE, uniquement sur les ménages les plus modestes et sur les personnes en particulier qui sont dans le premier décile de niveau de vie, donc les 10% de ménages les plus modestes, on s'aperçoit qu'en termes de pouvoir d'achat, ils ont perdu 500 euros, un peu plus de 500 euros à l'année. Donc quand on a un budget très contraint, dans le contexte de l'augmentation des dépenses contraintes, de l'augmentation des dépenses alimentaires, une perte de 500 euros, c'est difficilement gérable. Donc voilà, des augmentations de salaires qui seront là, 1,6, ça reste supérieur à l'inflation actuelle, qui est à 1,3. Si l'inflation dans les années qui viennent reste à 1,3, je pense que ça ira. Mais voilà, ça suffira probablement, il faudra encore pas mal de temps pour que les salaires, en particulier des plus modestes, rattrapent la perte de pouvoir d'achat qu'on a connu pendant les années de forte inflation.

**JB**:

% au troisième trimestre:

**Alexandre**:

% sur les années:

**JB**:

Alors, il y a 1 800 000 personnes qui sont considérées comme inactives au sens du BIT, c'est-à-dire ni en emploi ni au chômage, mais proches pour autant du marché du travail. Elles constituent ce qu'on appelle le halo autour du chômage, des chiffres en repli selon l'INSEE sur un an. Est-ce que cela va continuer ça également cette année ?

**Alexandre**:

Alors, le halo autour du chômage, c'est effectivement toutes les personnes qui voudraient travailler et qui ne sont pas comptabilisées dans le chômage. Donc, il y a effectivement à peu près 1,8 million de personnes. On peut les ajouter aux 2,3 millions de chômeurs, entre guillemets, officiels au sens du BIT. On arrive à 4,1 millions de personnes. On pourrait rajouter aussi à ces personnes-là les personnes qui sont en activité partielle et qui voudraient travailler plus, par exemple. Et finalement, ça nous donne une masse... Une masse de personnes qui voudraient soit travailler, soit travailler plus, qui, pour des raisons diverses, ne trouvent pas leur bonheur sur le marché du travail. Des personnes, finalement, qui ne sont pas satisfaites de leur statut sur le marché du travail. Donc, c'est effectivement, du point de vue, on va dire, de l'efficacité économique, un énorme gâchis de compétences, de motivations. Il serait bien, à moyen terme, d'essayer de résorber, parce que ça coûte beaucoup d'argent à l'économie globalement. C ressources sur lesquelles on ne peut pas compter pour le financement du modèle social. Donc, à une période, voilà, où on cherche chaque euro.

**JB**:

Donc, c'est impactant. Et est-ce que ça va continuer, du coup ?

**Alexandre**:

En l'absence de vraies réformes structurelles, c'est vrai que c'est difficile de voir comment on peut résorber plus le chômage et le halo. C'est compliqué. Donc, il y a un certain nombre d'initiatives qui sont prises, essentiellement pour essayer de pousser. C'est plus les chômeurs vers le marché du travail, vers l'emploi. Ça produira probablement un certain nombre d'effets. Je pense que ça sera des effets limités. Ça ne va pas nous permettre, si tu veux, d'arriver à 4% de chômage, par exemple, comme en Allemagne ou aux États-Unis. Parce que, finalement, on a quand même un problème assez central, le coût du travail, l'attractivité des emplois, qui font qu'un certain nombre de Français ne veulent pas prendre des emplois qui sont disponibles. Donc, de mon point de vue, c'est quand même une équation assez compliquée à résoudre, où il y a des sujets de société. En France, on est beaucoup sur une société de statut, où l'image de l'emploi compte. Donc, il n'y a pas uniquement des variables totalement économiques, il y a des variables sociales. Il y a aussi des enjeux de mobilité, qui sont des enjeux assez structurels.

**JB**:

Avec des personnes qui refusent des jobs parce qu'ils sont à 150 km de chez eux.

**Alexandre**:

Oui, la plupart des emplois, par exemple, je ne sais pas, dans la restauration, qu'on n'arrive pas à pourvoir dans le nettoyage, sont au cœur des métropoles, là où il y a des bureaux, là où il y a des salariés qui vont manger le midi. Mais si vous êtes chômeur à 80, 100 km, avec les prix de l'immobilier qui sont actuellement dans les métropoles, on comprend que vous n'ayez pas forcément envie d'aller travailler. Surtout si, encore une fois, ces carrières n'offrent pas de perspective. Donc, là, je pense qu'il y a un gros sujet.

**JB**:

Comment est-ce qu'on fait, finalement, même si tu as commencé à y répondre, pour trouver une solution, justement, à cette inéquation entre l'offre et la demande sur le marché du travail en France ?

**Alexandre**:

Je pense qu'il y a plein de leviers. Moi, je suis personnellement convaincu que la mobilité est un levier assez important. Il y avait un rapport de l'IGAS d'il y a quelques années qui disait que, sur les 7 % de chômage structurel français, la mobilité, c'était à peu près 2 %. Donc, il y a des initiatives, encore une fois, à prendre sur la mobilité. Ça peut être la construction d'infrastructures de transport, ça peut être les subventions de construction de logements neufs, ça peut être l'incitation au télétravail, qui reste quand même pas très, très développé en France, quand on se compare aux autres grands pays européens. On est à 12 % de volume d'offres proposées en télétravail en France. Les Allemands, les Britanniques sont plus aux alentours de 15 %. Donc, il y a encore des leviers. Donc, il y a la mobilité. Il y a la revalorisation des carrières et des parcours professionnels. Donc, dit comme ça, effectivement, ça a l'air d'être plus un slogan qu'une véritable politique. Mais je pense qu'il faut, encore une fois, se pencher sur le problème concret de la progression des carrières, des barrières entre les différents secteurs. Ce n'est pas parce que vous avez travaillé quelques mois, quelques années dans la restauration que vous devez faire toute votre carrière dans la restauration. Évidemment. Il faut un peu que les recruteurs élargissent leurs critères. Le poids du diplôme aussi. Peut-être qu'avoir de l'expérience, être en mesure de faire le travail qu'on demande est peut-être plus important que d'avoir juste un papier qu'on a acquis ça fait 15, 20, 30 ans.

**JB**:

truits au deuxième trimestre:

**Alexandre**:

C'est quelques milliers d'emplois. Ça reste toujours trop ? Voilà. Quand on regarde, on va dire, sur les dernières années, c'est le premier trimestre de destruction d'emplois depuis très longtemps. On est encore une fois en train d'atterrir sur des niveaux de création d'emplois qui sont plus ceux qu'on connaissait avant le Covid. Mais tout de même, il y a quand même une tendance. La question, voilà, c'est quelle sera la moyenne ? Dans deux ans, on pourra à peu près calculer une moyenne de création d'emplois trimestrielle. Il y a beaucoup d'emplois qui ont été créés depuis quatre, cinq ans. Il y a une baisse de la productivité aussi, donc beaucoup d'entreprises doivent rattraper cette productivité. Les défaillances d'entreprises aussi continuent à accélérer. Avec la fin des remboursements du PGE, notamment. Voilà. Donc, on est encore, encore une fois, dans une période de normalisation où c'est encore compliqué, on va dire, de se situer un peu dans le cycle parce qu'il y a encore beaucoup, entre guillemets, de bruit qui résulte de corrections, si tu veux, dues à cette période un peu exceptionnelle qu'on a connue.

**JB**:

Période d'incertitude aussi au niveau géopolitique. Quelles répercussions, d'après toi, peuvent avoir le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche sur la croissance en Europe et par ricochet en France sur son marché du travail ?

**Alexandre**:

Il y a énormément d'incertitudes. Personne ne peut dire à l'heure actuelle ce que fera véritablement Donald Trump. Il y a un certain nombre d'interrogations, notamment sur le commerce international. Est-ce qu'il va mettre des droits de douane sur les produits européens ? Et auquel cas, ça va être les industries et les entreprises exportatrices qui risquent de souffrir beaucoup plus. Les principaux secteurs exportateurs en France, on a l'agroalimentaire, on a l'agriculture, on a le luxe, on a l'aéronautique, le spatial. Ce sont des métiers qui, pour beaucoup, sont pourvoyeurs d'emplois et d'emplois de qualité. Il y a potentiellement une menace sur ces secteurs-là en particulier. Et par ricochet, il y a une menace sur les chaînes d'approvisionnement au niveau mondial. Toutes les entreprises qui vont dépendre de produits d'intrants qui viennent de l'étranger verront éventuellement leurs coûts de production augmenter. Ça va encore mettre de la pression sur les marges. Donc derrière, moins d'opportunités probablement d'augmentation de salaire à la clé dans ces secteurs-là.

**JB**:

Tout ça est lié. Le risque d'un élargissement du conflit en Ukraine n'est pas à exclure. Quelles conséquences cela aussi peut-il avoir ?

**Alexandre**:

On ne le sait pas. On a vu en:

**JB**:

Et les répercussions peuvent être, on l'imagine, immenses. Quelles peuvent être les pistes pour relancer justement aussi la croissance économique, sans pour autant doper l'inflation, que l'on surveille évidemment à peu près ?

**Alexandre**:

Alors essentiellement l'innovation. L'innovation, donc l'adoption de technologies qui sont susceptibles d'améliorer la productivité des entreprises. On a évidemment l'intelligence artificielle.

**JB**:

On va en parler, oui.

**Alexandre**:

On a, le contexte actuel oblige, si on reste dans l'innovation, l'investissement dans l'industrie, et en particulier dans les industries dans lesquelles la France a encore des avantages comparatifs assez forts. Donc la défense, l'aéronautique, le spatial, ce sont des secteurs à très forte valeur ajoutée, à très fort contenu en innovation, où souvent on observe un ruissellement des innovations vers d'autres secteurs industriels et ensuite vers des appareils, on va dire, de consommation courante. Donc ça, c'est une piste importante. L'État a évidemment un rôle à jouer là-dedans, puisque c'est des matières régaliennes. Qu'est-ce qu'on peut citer d'autre ? On peut citer aussi l'amélioration des pratiques de management qui vont avoir un impact sur la productivité. Ça va impacter le bien-être des collaborateurs et un collaborateur qui se sent bien au travail va être un collaborateur qui sera plus productif.

**JB**:

Justement, une petite question sur l'intelligence artificielle. Dans quelle mesure elle pourrait réussir à combler le déficit de productivité en Europe et en France ? Et quels efforts sont évidemment nécessaires pour accélérer, peut-être encore, son adoption en France ? Parce que, même si ça avance, on sent qu'il y a toujours des barrières, des réticences.

**Alexandre**:

igence artificielle. C'est en:

**JB**:

Une question aussi peut-être qui va intéresser l'économiste que tu es, qui aime forcément les chiffres, qui aime résoudre des équations. Comment réduire un déficit budgétaire qui est colossal, on ne va pas se cacher, tout en garantissant la soutenabilité de la dette, le modèle social et, in fine, le pouvoir d'achat des Français ?

**Alexandre**:

s publiques, le déficit pour:

**JB**:

aisons de rester optimiste en:

**Alexandre**:

La principale raison, quand on regarde, on va dire, ce qui s'est passé sur les dernières années, même, on va dire, à plus long terme, les crises sont souvent aussi des moments d'opportunités. Donc, ça a au moins le mérite de réveiller un certain nombre de forces qui sont parfois assoupies, endormies. On a quand même largement l'impression que beaucoup de Français en ce moment sont endormis, que le débat politique est un peu vidé de sa substance, que les différents partis politiques échangent plus des slogans que de véritables idées. Donc, peut-être que, je ne sais pas, l'arrivée au pouvoir de Trump, les velléités des grandes puissances qui ont des visées impériales, la Russie, la Chine, va contribuer à pousser l'Europe et les Européens vers une réaction, une prise de conscience pour qu'ils se saisissent déjà de leurs propres affaires. Nous, en tant que Français, on a déjà énormément de problèmes à régler en France. Et puis ensuite, d'avancer sur l'intégration européenne pour pouvoir essayer de faire entendre notre voix dans le monde et de peser pour assurer, on va dire, la puissance et la prospérité aux générations futures.

**JB**:

Et le collectif aura un rôle particulièrement important. Oui, je pense que la société civile,

**Alexandre**:

effectivement, et les personnes qui travaillent, la société civile, les personnes qui veulent travailler ont aussi une voix à faire entendre et un rôle à jouer là-dedans.

**JB**:

Un grand merci à toi Alexandre.

**Alexandre**:

Merci à toi.

**JB**:

Encore une bonne année.

**Alexandre**:

Merci à toi aussi.

**JB**:

Voilà. Merci de nous avoir suivis. Ça s'appelle Job News by Indeed. C'est la saison 5. C'est le podcast qui décrypte tous les mois l'actu de l'emploi. Et si vous avez apprécié l'épisode, eh bien n'hésitez pas, faites-le partager et laissez une évaluation positive sur la plateforme de votre choix. Merci. À très vite. Ciao, ciao, salut.

**Voix off**:

Job Radio vous a présenté Job News by Indeed. Le podcast qui décrypte l'actu de l'emploi.

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