Rav Yaacov Abergel
'A la Lumière du Dvar Mal'hout'
'Houkat
Le Rabbi a déclaré que 'les sujets de la Paracha Le'h-Lé'ha expriment le contenu général de toute la Torah et du Judaïsme'. Sa declaration se fonde notamment sur le premier verset de cette Paracha : 'L'Eternel dit à Avram : Va pour toi, hors de la terre de ton pays natal et de la maison de ton père' ('Lè'h-Lé'ha')
Dans le discours 'hassidique intitulé 'Va pour toi…' (Chabbat Parachat Lè'h-Lé'ha, 5702) le Rabbi Rayats nous enseigne que 'Lè'h-Lé'ha' ('Va pour toi') signifie de manière profonde : 'Lè'h lé-atsmé'ha !' c'est à dire 'Va jusqu'à la racine et la source de ton âme !
En d'autres termes, 'Lè'h lé-atsmé'ha !' signifie :'Va jusqu'à toi-même !' et 'toi-même' désigne l'Essence de l'âme Juive.
L'expression 'Lè'h-Lé'ha' exprime donc en plus de l'action de marcher, de quitter physiquement l'endroit où l'on se trouve pour se rendre à un autre endroit, l'action de s'élever spirituellement, de quitter un niveau spirituel pour atteindre un niveau qui lui est supérieur et d'après l'explication du Rabbi Rayats, il s'agit d'atteindre le plus haut niveau de l'âme Juive : l'Essence de l'âme.
Aussi, le Rabbi Rayats nous enseigne que l'âme qui s'habille dans le corps est un reflet de l'Essence de l'âme qui est enracinée dans l'Essence divine et qui ne s'habille pas dans le corps. Cependant, le Rabbi Rayats rapporte le verset selon lequel 'Yaakov est la corde de Son héritage' (Dévarim, 32, 9), comme une corde dont l'extrémité supérieure est attachée en haut, et l'extrémité inferieure en bas. Lorsque l'on agite la partie inférieure de la corde le mouvement se répercute jusqu'à l'extrémité supérieure de la corde. De la même façon lorsque l'on réveille les forces de l'âme qui s'habille dans le corps, c'est à dire lorsque l'on investit les forces de l'intellect, des sentiments et de l'action dans l'étude de la Torah et l'accomplissement des Mitsvoth en étant animé par de la passion, et que plus encore, nos prières sont dites avec un cœur enflammé par l'amour de D.ieu, alors dans ce cas, par la profondeur du cœur et par le don de nous-mêmes nous parvenons à l'Essence de notre âme. C'est cela le sens profond de 'Va jusqu'à toi-même !'. De fait, de même qu'une corde relie deux choses, de même la corde de l'âme unit l'homme qui se trouve ici-bas avec le Saint béni-soit-Il.
Le Rabbi Rayats écrit alors que lorsqu'un Juif parvient à dévoiler la force de l'Essence de l'âme dans la partie de l'âme qui s'habille dans le corps (l'intellect, les sentiments et l'action) alors les actions de cet homme et sa prière 'inscrivent une empreinte dans le ciel ' dont l'effet est de provoquer un dévoilement divin dans ce monde matériel.
A la lumière de ces enseignements du Rabbi Rayats nous comprenons la déclaration du Rabbi selon laquelle 'les sujets de la Paracha Le'h-Lé'ha expriment le contenu général de toute la Torah et du Judaïsme'.
Cette année, la date de ce Chabbat de la Paracha 'Houkat tombe le 10 Tamouz (en France), comme ce fut le cas en 5751 car le Chabbat de la Paracha 'Houkat tombait aussi le 10 Tamouz. Ainsi, l'enseignement que le Rabbi délivra en 5751 dans le Dvar Mal'hout s'applique donc également aujourd'hui.
L'enseignement du Rabbi se base sur la signification profonde du chiffre 7 et du chiffre 10 du fait que la date du Chabbat du 10 Tamouz réunit ces deux chiffres : le jour du Chabbat est le septième jour de la semaine et ce jour tombe le dixième jour du mois de Tamouz.
De façon générale, le Rabbi explique que 'le compte d'après les jours de la semaine' correspond à la Création du monde par D.ieu du fait que le monde a été créé en 6 jours et L'Eternel S'est reposé le septième jour. Aussi, ces 7 jours correspondent aux 7 Midoth du monde d'Atsilout.
Quant au 'compte des jours du mois', il correspond au travail de l'homme. En effet, le mot hébreu 'Hodèch' ('Mois') s'apparente au mot 'Hidouch ('Nouveauté') et 'Hodech désigne donc la nouveauté que l'homme apporte à ce monde par le travail qu'il accomplit dans ce monde, sa participation à l'œuvre de la Création réalisée par D.ieu.
Ainsi, le chiffre 7 représente le niveau du divin qui s'habille dans le monde ('Hessed, Gvurah, Tiféreth, Nétsa'h Hod Yessod Mal'hout), et le chiffre 10 représente le niveau du divin qui est au-delà de ce monde ('Ho'hmah, Binah, Daat).
Du fait que le chiffre 7 est lié à la Création du monde, qui ne dépend que de D.ieu, et qu'à l'opposé, le chiffre 10 évoque précisément le travail de l'homme et l'ajout qu'il apporte à la Création de ce monde par D.ieu, le Rabbi nous donne différentes significations que l'on peut donner à ces deux chiffres :
Le chiffre 7 représente la Torah écrite car celle-ci provient de D.ieu. Le chiffre 10 représente la Torah orale, car celle-ci provient de l'homme. Le chiffre 10 représente le travail de l'âme telle que celle-ci désire s'élever au-delà de ce monde et des limites qu'il nous impose. Lorsque l'âme tend à s'élever au-delà des limites du corps, afin d'atteindre le divin illimité. C'est le mouvement de l'âme appelé : 'Ratso'. Le chiffre 7 représente le mouvement de l'âme appelé 'Chov'. C'est le travail du haut vers le bas, que l'âme accomplit précisément lorsqu'elle s'habille dans le corps, et qui consiste à attirer les lumières célestes supérieures, ici-bas dans ce monde inférieur.
Le Rabbi souligne ici que notre travail consiste à unir le niveau du chiffre 7 au niveau du chiffre 10. Unir 'Ratso' à 'Chov' : 'La perfection du travail consiste à l'union des 2 ensemble : en même temps que la volonté de l'âme de quitter le corps doit demeurer le travail de l'âme dans le corps, et le désir de l'âme de quitter le corps ne doit pas être dissocié du sentiment d'agir pour dévoiler le divin ici-bas (dans le corps, et dans le monde)'.
Dans le discours 'hassidique 'Vé Atah Tetsaveh', le Rabbi explique longuement que 'Atsmouth' ('l'Essence divine') 'transcende toutes les divisions' et détient donc le pouvoir de s'unir avec les forces limitées de l'âme, de faire de ce monde ('le chiffre 7') le réceptacle de l'Essence divine ('le chiffre 10'), ainsi qu'il est écrit ('Vé Atah Tetsaveh', chapitre 11) : 'Par le travail de Moche et celui des enfants d'Israël même les forces dévoilées de l'âme s'unissent à l'Essence de l'âme'.
Dans l'ouvrage intitulé 'la Hassidout, étude et enseignement', (édition du Beth Loubavitch), le Rabbi Rayats rapporte une histoire du Baal Chem Tov qui s'accorde aux enseignements du Rabbi de ce Dvar Mal'hout :
'A l'époque de notre Maître le Baal Chem Tov, une communauté Juive fut menacée de destruction, ce qu'à D.ieu ne plaise. Le Baal chem Tov mesura la gravité de la situation et, pendant Roch Hachana et Yom Kippour, multiplia les prières et les supplications.
Pendant la prière de la Neïla, ses saints disciples, considérant sa prière, comprirent que l'accusation portée était particulièrement grave. A leur tour, ils se concentrèrent dans leurs prières et dans leurs supplications, entrecoupées de sanglots déchirants qui émanaient du fond de leur cœur.
Lorsque les présents, hommes et femmes, virent le Baal Chem Tov et ses disciples se concentrer dans la prière, lorsqu'ils les entendirent crier et gémir amèrement, pleurer et implorer, ils en eurent le cœur brisé et, à leur tour, pleurèrent durant leur prière.
Depuis quelques années, un jeune villageois venait passer les jours redoutables dans la synagogue du Baal Chem Tov. Etant totalement ignorant, il restait debout, se contentant d'écouter l'officiant sans prononcer un mot.
Ce villageois connaissait parfaitement le cri des animaux, chèvres, moutons, oiseaux, volaille. Mais d'entre tous, il préférait le chant du coq. Considérant l'émotion qui étreignait la synagogue, entendant les pleurs et les terribles cris des hommes et des femmes, il eut, lui aussi, le cœur brisé, et, à son tour, se mit à hurler : 'Cocorico, Eternel, aie pitié !'.
Lorsque le cri du coq retentit dans la Synagogue, les hommes eurent peur et les femmes furent saisies de panique. L'un des présents, qui se tenait près de lui, lui intima l'ordre de se taire et l'on voulut même le renvoyer.
Il dit alors : 'Je suis un Juif moi aussi et votre D.ieu est le mien !'.
Le vieux bedeau, Reb Yossef Youzpa, calma les esprits et demanda au jeune villageois de rester à sa place.
Quelques instants après cet incident, on entendit la voix du Baal Chem Tov, puis celle de ses disciples. Tous achevèrent très vite la prière silencieuse de la Neïla. Le visage du Baal Chem Tov était alors rayonnant de joie.
Avec un plaisir particulier, le Baal Chem Tov commença la prière de l'officiant et, particulièrement ému, il prononça les versets proclamant l'Unité de D.ieu, 'Ecoute Israël, L'Eternel est notre D.ieu, L'Eternel est Un', 'Beni soit le Nom de l'honneur de Son règne pour l'Eternité', 'L'Eternel est D.ieu'.
Par la suite, notre Maître, le Baal Chem Tov, entonna des chants joyeux.
Durant le repas que le Baal Chem Tov partagea avec ses disciples, à l'issue de Yom Kippour, il leur raconta, par le détail, l'accusation qui était portée, ce qu'à D.ieu ne plaise, à l'encontre d'une communauté Juive. Il se concentra donc dans sa prière afin d'invoquer la miséricorde divine.
On examina les actions de ces villageois, et je compris que la situation était très difficile. Ma position était particulièrement défavorable. Puis, tout à coup, retentit dans les cieux le cri de cet intègre villageois : 'Cocorico, Eternel aie pitié !'. Ces mots purs causèrent du plaisir jusque dans les sphères célestes les plus élevées. Dès-lors, les accusations portées contre cette communauté et contre moi-même disparurent'.
Cette histoire du Baal Chem Tov illustre l'enseignement du Rabbi dans le Dvar Mal'hout, selon lequel la mission de chaque Juif consiste à unir le chiffre 7 qui représente le niveau de la lumière divine qui s'habille dans le monde, au chiffre 10 qui représente la lumière divine qui est au-delà de ce monde et qu'un Juif dévoile au moyen des 10 forces de son âme.
Le personnage du jeune villageois qui venait passer les jours redoutables dans la synagogue du Baal Chem Tov est décrit comme une personne 'totalement ignorante, qui restait debout, se contentant d'écouter l'officiant sans prononcer un mot'. Cependant, c'est précisément le cri de l'intègre villageois au cœur brisé qui retentit dans les cieux. Ce sont précisément ses mots purs qui causèrent du plaisir jusque dans les sphères célestes les plus élevées, et qui annulèrent toutes les accusations portées contre une communauté, et contre le Baal Chem Tov lui-même.
La raison à cela est que la simplicité apparente du jeune villageois cache en réalité la qualité de l'Essence divine. Le Rabbi souligne à de très nombreux endroits que chaque Juif est lié à D.ieu d'un lien essentiel. L'âme Juive, d'un porteur d'eau, et d'un coupeur de bois, jusqu'au plus érudit, est enracinée dans l'Essence divine : 'je suis un Juif moi aussi et votre D.ieu est le mien !'.
Ainsi, l'apparente 'ignorance' du jeune villageois exprime en réalité que son cri 'Cocorico' provient du niveau de l'âme qui dépasse totalement la raison et l'intellect. De fait, la 'Hassidout nous enseigne que les mots sont beaucoup trop petits pour contenir ce qui les dépasse, pour contenir la lumière d'un cri qui provient de la profondeur du cœur ('Oumka de Liba').
Ce cri qui provient de la profondeur du cœur brisé d'un Juif a le pouvoir de retentir dans les cieux les plus élevés car il provient de l'Essence de l'âme. La force de l'Essence de l'âme a le pouvoir de briser toutes les limites, aussi, notre histoire reflète les deux formes de notre service divin. L'assemblée des fidèles qui prient dans la Synagogue du Baal Chem Tov symbolise le travail que l'on accomplit au moyen des forces de notre âme telles que celles-ci s'habillent dans le corps et demeurent donc malgré tout limitées. De ce fait, cette assemblée est à l'image du chiffre 7, qui, comme il a été expliqué, représente le niveau de la lumière divine qui s'habille dans le monde. A l'opposé, le cri du jeune villageois représente la force de l'Essence de l'âme, le chiffre 10, qui évoque la lumière divine qui est au-delà de ce monde que le jeune villageois dévoila en poussant le 'cri du coq'.
Dans le Dvar Mal'hout, le Rabbi déclare que ce Chabbat septième jour de la semaine qui tombe le dixième jour du Mois nous donne la force d'unir ce qui est au-delà du monde ('le chiffre 10') avec le monde lui-même ('le chiffre 7').
Le 'cri du coq' du villageois s'ajouta aux prières des fidèles, et de la même façon nous devons ajouter à notre service divin naturel la force du 'cri' qui provient de l'Essence de notre âme, dans nos pensées nos paroles et dans nos actes. Dans ce cas nous aurons le mérite de provoquer le dévoilement de notre Juste Machia'h, très bientôt et de nos jours, avec l'aide de D.ieu, ainsi qu'il a été dit précédemment au nom du Rabbi Rayats :
'Lorsqu'un Juif parvient à dévoiler la force de l'Essence de l'âme dans la partie de l'âme qui s'habille dans le corps (l'intellect, les sentiments et l'action) alors les actions de cet homme et sa prière 'inscrivent une empreinte dans le ciel ' dont l'effet est de provoquer un dévoilement divin dans ce monde matériel'.